L’amour des sens pour pallier l’absence !

 L'amour des sens pour pallier l'absence !

« Lettre à Sergio », enfin un roman sensuel au Panthéon des cinq sens d’une sexualité expressive qui nous vient du nord, de chez Bénédicte Fichten. Histoire aussi de nous réchauffer dans ses pages où la beauté nue des émotions ruisselle comme une invitation au voyage. Une histoire toute simple d’un amour impossible écrit par une auteure entière et acharnée au corps à corps avec les mots. Une écriture unique et ciselée qui vous chavire d’aller suivre une cure au pays des corps dépouillés. Une auteure à suivre…

En dehors des ressorts commerciaux, de la rentrée littéraire souvent synonyme de médiocrité apprivoisée, il est des ouvrages qui nous ouvrent des espaces de liberté. Lettre à Sergio, livre inclassable de Bénédicte Fichten est de ceux-là qui marquent la littérature par la plume acérée et oh combien précieuse d’une auteure qui est tombée dans le chaudron des écrits chevillés au corps depuis sa tendre enfance. « L’écriture a toujours été pour moi une évidence, comme pour d’autres la danse ou la mécanique. C’est-à-dire que je ne saurais vivre sans. Ecrire pour moi, c’est vivre ».

Mais en plus de ses talents d’écrivaine et de son travail acharné d’écriture, Bénédicte a la sens de l’objet livre. Trop pressée de donner à son premier roman l’étoffe du bébé qu’elle a porté avec amour, elle a même devancé l’appel d’un éditeur qui avait pourtant accepté de la publier. Femme entière de caractère elle a préféré s’auto éditer. Connaissant ma franche réticence pour ce mode d’édition qui recèle souvent le pire pour l’auteur(e) qui ne s’est pas battu pour découvrir l’éditeur à sa mesure, je ferai une exception avec son livre. En effet, je constate avec joie que même dans le choix du papier jusque dans la couverture du nu féminin dans les flots, la typographie des caractères et la mise en page, elle n’a rien laissé au hasard. Quel bel ouvrage !

Entrons dans le corps du texte. « A l’Isle, le début d’une rencontre : Sergio plait à Danae. Sans savoir, vraiment, ce qui l’attend, la jeune femme se laisse tenter… l’ennui, c’est que Sergio est marié ». Danae,
vous en connaissez beaucoup dans votre entourage des héroïnes qui se piquent de porter ce blaze ? J’en étais restée bouche bée, béate. Le syndrome de Stendhal m’avait chaviré les sens, avec la Danae de Klimt, figure égérie de la femme en jouissance. Un homme qui rencontre une jeune femme dans une salle de gym et lui récite « Mon rêve familier » de Verlaine, sans crier gare au gorille… On ne peut lui résister, d’autant, si le bellâtre sait jouer des tours avec ses atours : « Douce chevelure qui s’enroule. C’est une prison molle qui appelle ». (page 9)

On aurait pu penser, qu’à partir de cette thématique éculée des amours difficiles et délicats « Car l’amour fou rend fou », (page 35), Danae entrerait dans le pathos attendu des amours mortes. Par la voix de son auteure, le livre ouvert sur son personnage féminin grise le deuil, au seuil de sa renaissance littéraire. Si Sergio parle en poésie, Bénédicte distille ses mots, ses soupirs, ses notes comme une partition. La narration nous promène de l’enfance de Danae qui lorsqu’elle avait cinq ans découvrit le naturisme avec ses parents en Méditerranée. « Mes parents ont choisi de prendre le bateau vers les Iles du Levant ». (page 77) En grandissant, le regard s’aiguise et contrairement aux idées reçues du naturisme bêlant son monde clos hors d’âge à trop se flatter les usages de la bonhommie, Bénédicte nous décrit une autre certaine réalité en Méditerranée bétonnée. « Allée de tamaris, pins parasols rongés, grignotés, par les boîtes à sardines où s’entassent couples libertins en goguette, maquereaux et prostituées, curieux noctambules et indélicats perdus dans la foule des strings à paillettes, de langues baladeuses et d’yeux virulents. On s’éclabousse de phéromones surpuissantes. On engrange la bonne humeur, on déverse son stress ou l’on s’en imprègne une bonne fois, amen ». (page 71)

Au passage, on croisera des personnages dignes de la Grèce Antique qui misent sur le nu en liberté d’un certain naturisme en Agathê où la Nature transcende l’absence de l’être aimé.

Il y a des agapes aussi et des grappes de mots qui attisent l’envie de l’autre. « Aujourd’hui, serons-nous encore capables de résister à ce nouveau vent de sable ? Parfois, mon ventre me dit : oui à tout prix, parfois mon cœur me dit : bien sûr que non, c’est fini ma fille. Mon humeur est chargée d’éclipses ». (page 46).

Bénédicte Fichten fut enchantée par ses études poussées en lettres modernes, « Je m’y suis jetée à corps perdu. Comme dans mes histoires d’amour, telle une bouteille à la mer ». Cette lilloise a le feu sacré et la chaleur humaine qui lui chamboulent les sens dans les écrits. En plus, elle ne joue par perso, sa générosité dépasse les frontières de ses textes. Secrétaire de la toute nouvelle association des auteur(e)s de la région nord (ADAN), elle œuvre de concert avec ses consœurs et confrères à la solidarité fraternelle entre gens de plume pour atteindre jusque dans les prisons et les hôpitaux, les personnes privées de la liberté de lire et s’évader par les livres. « Face au Goliath du marketing, l’Adan vient de se créer au mois de septembre 2010. Cette association des auteurs du Nord offre d’abord à ses adhérents (des auteurs qui ont en commun d’être édités par des maisons régionales) un carnet d’adresses ou la liste des salons littéraires (…) et découvrir de nouveaux auteurs ». (Agnès Delbarre, animatrice sur France-Bleu-Nord in « Littérature de résistance. L’Adan contre Goliath, octobre 2010).
Enfin une auteure qui écrit avec ses tripes l’hymne à la vie des sens en effervescence.

A suivre bientôt une interview de Bénédicte Fichten

Lettre à Sergio de Bénédicte Fichten, 113 page, format 14 X 18, 10 euros + 4,2O euros de frais de port

Contact pour commander le livre :
Bénédicte Fichten
20 rue de l’abbé Lemire
59110 La Madeleine

Retrouvez Bénédicte Fichten sur facebook !