No pasaran les chasseurs dans le Médoc !

No pasaran les chasseurs dans le Médoc !

En automne et hiver, les vacanciers ont enfin déserté les terriers. Les grandes magouilles blues des élections cantonales de mars 2011 soufflent déjà dans les boutanches des chasseurs éméchés le sentiment d’en découdre dans le Médoc. La venue (les 16 et 17 novembre derniers) du grand chef scout toujours : Frédéric Nihous, président du CPNT (chasse, pêche, nature et traditions) encarté de sa personne à l’UMP, a ranimé la flamme des hommes en arme ! La grande liberté le fusil au poing pour parodier Jean Ferrat, tout un combat et gare aux balles perdues pour nous autres bestioles sauvages !

Quelle ne fut pas ma stupeur et damnation quand j’ai lu dans le numéro du vendredi 19 novembre du Journal du Médoc, dans la rubrique l’essentiel de la semaine, le compte rendu à propos des chasseurs chassant chasser les voix des électrices et des électeurs. Entre nous aussi, si vraiment l’évènement majeur dans le Médoc consistait à causer sur une page des chasseurs en quête de leurre, cela pourrait supposer également qu’il ne se passe pour ainsi dire rien du tout sur cette presque-île ! C’est consternant !

Et pourtant les balles me sifflent aux oreilles ainsi qu’à tous mes aminches animaux sauvages qui peuplent les forêts de cette région, sans compter les volatiles de passage.

Garde à vous quand Fredo, conseiller régional des Pyrénées-Atlantiques, passe en revue ses amis kakis. D’autant que je remarque par ci par là quelques notes graveleuses de rébellion dans les rangs. Quel scandale ! Les canaux du CPNT historique lancent des salves d’avertissements. Quelques membres actifs désertent la tenue de combat. Imaginez un mouvement qui se disait apolitique («  ni droite ni gauche »), quand il apprit que son président prêchait pour le parti-pris de Sarkozy. « C’est un partenariat bénéfique ». (…) Nous avons obtenu la chasse des oies au mois de février, jusqu’au 10 février cette année, alors que la fermeture était prévue le 30 janvier » (Frédéric Nihous). Seulement peut mieux faire. Avec Borloo avocat d’affaires recyclé écolo durable : « Ce n’est pas le ministère de l’Ecologie, c’est le ministère des écologistes ». (Frédéric Nihous). Un ex collabo de gôche repenti (et oui il parait que ça existe chez les chasseurs) n’a pas de mots assez forts pour désigner ces autres verts qui ne boivent pas dans le même verre qu’eux. « Des mesures très contraignantes ont été mises en place par l’Europe pour faire plaisir au lobby écologiste. Cette écologie radicale qui n’a rien à voir avec la défense de la biodiversité. C’est ce qui m’a convaincu qu’il fallait aller sur le terrain politique. Quelle erreur ! ». Ça s’arrose.

Même que leur calendrier ne s’affuble pas des mêmes valeurs. Ca défraye grave des neurones entre deux gouttes de calmant au goulot. Chez ces gens-là, monsieur, le premier mai n’a pas la même signification que pour pour tout le monde. La fête du travail 2010, sous les pavés la plage ayant déjà une connotation affirmée du refus des retraites jusqu’à mort s’en suive, avait un goût amer pour nos valeureux chasseurs si sensibles qui pleuraient la mort dans l’âme l’arrêt du massacre des tourterelles. «  Rien ne vaut l’action, plutôt que les manifestations dans la rue » (Frédéric Nihous). D’autant que lors des causeries feutrées dans les salons du pouvoir, il faut montrer bottes propres. Mais l’homme a du ressort. Il s’affiche toutes dents dehors entouré de son armada de bras droits pour la photo. Il fut Invité d’honneur toute une nuit à partager une tonne de chasse située au milieu de l’étang de Lacanau. Rame la galère chargée à bloc entre les munitions, boutanches et autres casse-croûtes et jus de chaussette. La promiscuité des vrais mâles devait cocoter dans la cahute ! D’autant que tous ces hommes en arme en avaient gros sur la patate. Cette satanée grippe aviaire avec ses Cygnes décédés porteurs du virus H5N1 : « Ils nous ont mis un carcan administratif tel que beaucoup de chasseurs, des anciens surtout, ont jeté l’éponge. Nous avons obtenu un allégement des procédures (registre des déclarations), mais on nous demande presque une plaque d’immatriculation pour chaque canard. Mais qui mieux qu’un chasseur peut assurer une veille sanitaire sur les canards ? » (Frédéric Nihous)
Je confirme que les chasseurs sont les meilleurs amis de la faune et la flore. Leurs 4 X 4 sèment les ornières et leurs fusils nous cassent les
oreilles et puent la mort. Mais sans eux, des hordes de bêtes sauvages déferleraient sur vos cités policées. Pas vrai ?

A propos de l’illustration de mon article, je salue au passage l’ours armé pour se défendre sur la photo, de passage éclair dans le Médoc. Il se baladait souvent du côté de Talais et puis un jour il a disparu. Des langues chargées disent que deux chasseurs postés côte à côte de la départementale qui mène à Soulac ont été surpris, le prenant au départ pour l’un des leur. Ensuite quiproquo, grognements, bavure… Tout reste à prouver. Il n’empêche cet ours m’était bien sympathique et me manque beaucoup. Si tous les animaux sauvages pouvaient retourner les armes de leurs agresseurs contre les boutanches ingurgitées, il n’y aurait plus aucune bête en calanche et la pollution kaki d’oie roulant 4 X 4 disparaitrait du paysage. On pourrait enfin se promener en toute tranquillité, à pied, à cheval, en vélo et même en tapis volant dans un Médoc sans pollution à toutes les saisons.

Source : Le Journal du Médoc, n°690 du vendredi 19 novembre 2010 in la rubrique L’essentiel de la semaine : « CPNT : un discours qui tonne bien » par Dominique Barret, en page 3