Bryan Ferry : fête, atavisme et confettis…

Bryan Ferry : fête, atavisme et confettis…

Comme un duo bariolé Ferry et Roxy cultivent l’art de surfer sur une partition entre soie et velours. Surprise : Olympia, nouvel opus solo du dandy grisonnant, renoue avec les fastes d’antan…

Depuis près de 40 ans Bryan Ferry et Roxy Music se sont confortablement installés dans le paysage rock classique. Dès janvier d’ailleurs, le For your pleasure Tour 2O11 (FerryManzanera - MackayThompson) débutera en Grande-Bretagne, renouant avec les épisodiques reformations du gang de velours. 28 ans après Avalon (1982), dernier album studio de Roxy Music, les retrouvailles sur Olympia de Bryan Ferry avec Phil Manzanera (guitare), Andy Mackay (hautbois, saxophone) et Brian Eno (synthés) présageaient des effets flamboyants. En fait, depuis une décennie, la carrière solo de l’élégant crooner ronronnait sans éclat, proposant seulement d’aimables produits standardisés, comme le tiède Frantic (2002) ou le convenu Dylanesque (2007), disque de reprises de Bob Dylan.

Cet Olympia, 13e album solo - de 12 titres - s’avère un grand cru. L’ambigu tableau d’Edouard Manet, peint en 1863, donne le nom à l’opus. (Grand amateur de peinture, Ferry collectionne les artistes britanniques du début XXe siècle.) Pour réaliser cette oeuvre raffinée, le dandy de la pop funky sophistiquée a mis de gros moyens. Et malgré quelques titres insignifiants, le résultat s’avère plutôt excellent. Côté guitares, l’on retrouve de grandes pointures, comme David Gilmour (Pink Floyd), Nile Rodgers (Chic) ou David Williams (Michael Jackson, Van Halen, Herbie Hancock). (Ce denier est mort en 2009 des suites d’une crise d’hypertension.)

Même si la carrière solo de Ferry sonne plus pop rock, elle a toujours été fortement imprégnée de la marque Roxy. Et cet Olympia se profile un peu comme un mix des promenades funky de Bête Noire (1987) et des brumes crépusculaires de Mamouna (1994) avec un zeste de Manifesto (1979), dont la pochette rappelle l’imagerie carnavalesque développée par le clip « We can dance ». Voilà donc un produit artistique hybride et atavique, moitié Ferry, moitié Roxy, pour le climat. Le chanteur, qui s’est remis au piano pour cet Olympia, signe notamment trois titres avec Dave Stewart (guitare). « You can dance » et « Alphaville », sur fond de rythmes disco et funky et de chœurs glam, forment des locomotives particulièrement efficaces.

Le clip de « You can dance » - disponible dans le supplément DVD The making of Olympia - capte une ambiance à la fois groovy et cosmopolite : In England there’s a moment/One nation in a groove/All the music and emotion/Will make you wanna move. Côté ballades, l’aristocrate campagnard sait encore en pondre de bien belles comme ce classieux « Reason or rhyme », dont le piano glam et la space guitar nous projettent dans une ambiance à la Bowie style « Aladdin Sane ». Parmi les reprises, le convaincant « Song to the siren » de Tim Buckley rappelle le mélancolique « Song for Europe ». Egalement, l’on notera le chaloupé « No face, no name, no number » de Traffic et le sémillant « Whatever gets you thru the night » de John Lennon.

Quant aux trois compères du Roxy velours, ils sont habilement présents dans l’opus : Manzanera (« Song to the Siren » et « BF Bass ‘Ode to Olympia’ »), Mackay – qui a troqué son merveilleux saxo pour un subtil hautbois - (« Heartache by numbers » et « Whatever gets you thru the night ») et Eno (« Me oh my » et « Alphaville »).
Le chanteur de Roxy Music a toujours cultivé cette image d’insouciance pailletée et de douce mélancolie, exprimant une évidente fascination pour les mythes hollywoodiens : voitures luxueuses, palaces, voyages exotiques, fêtes décadentes, mannequins aguicheuses et spleen discret – le nom de Roxy était celui d’un cinéma de quartier.

Mais Ferry n’était pas qu’un simple crooner gominé, accompagné d’un rock’n’roll revival band au look glam tapageur. Bien au contraire, l’entreprise Roxy Music s’inscrivait dès le début (1971/72) dans l’avant-garde la plus créative (art rock et prog rock), rassemblant en une épure formelle, comme dans un puzzle, divers éléments comme mode, cinéma et peinture. Phil Manzanara, guitariste surdoué, Andy Mackay, brillant saxophoniste et Eno (claviers), habile touche-à-tout élaboraient une musique primesautière, à la fois lunaire et dansante – d’où le succès du groupe.

Pour illustrer la pochette et le livret intérieur, bling-bling à souhait, Ferry a choisi la top model célébrissime Kate Moss – un nostalgique retour aux pochettes traditionnelles de mannequins qui firent la gloire des disques de Roxy Music (Amanda Lear sur For Your Pleasure (1973), Jerry Hall sur Siren (1975).

Surfant de façon jubilatoire entre parfait classicisme et amusante modernité cosmopolite, Bryan Ferry met en valeur artistiquement le style et l’élégance…

www.bryanferry.com
www.roxymusic.co.uk

CD Olympia, Bryan Ferry (Virgin Records, UK, 2010) + DVD « The making of Olympia »


Evénement France Inter

Bryan Ferry en concert privé à France Inter
Jeudi 2 décembre, à 20h

Le leader charismatique de Roxy Music a choisi France Inter pour son grand retour sur une scène française avec un concert privé et unique.

Le jeudi 2 décembre sera la seule et unique date en France et avant l’été 2011.

Un concert intime et chaleureux qui s’inscrit dans la tradition des grands concerts de France Inter !

Un concert unique et en direct, en avant-première pour les auditeurs de France Inter.

▪ Les auditeurs pourront gagner des places
proposées dans la matinale de France Inter ▪