Après plusieurs spectacles tonitruants (Faut pas payer, Barricade, La Crosse en l’air, Wanted, Basta Ya !…), la compagnie Jolie Môme présente une création réaliste inspirée par l’actualité. Sur scène, le huis clos se déroule chez Olfatrix, une petite usine perdue dans un bled paumé. Du jour au lendemain, des pourritures d’actionnaires estiment qu’ils ne font plus assez de profits avec cette entreprise pourtant rentable. Plan « social ». Licenciements. Le scandale aurait pu passer inaperçu, mais les ouvriers ne se laissent pas faire. Ils occupent leur boîte. Ils séquestrent des huiles. Chauffés à blanc, ils sont décidés à aller jusqu’au bout. Comme ceux de Cellatex qui avaient menacé de balancer des flots d’acide sulfurique dans la nature.

La pièce écrite par Thierry Gatinet, auteur de polars, et mise en scène par Michel Roger pose des questions cruciales. Comment s’organise-t-on face à des patrons voyous invisibles ? Sur quel fil avance-t-on pour mener une lutte efficace ? Jusqu’à quelles limites contient-on la légitime colère des exploité-e-s qui n’acceptent plus d’être broyé-e-s par le capitalisme ? Qu’arriverait-il si les ouvriers brisés et humiliés passaient à l’action directe ?

Le questionnement prend une tournure particulière quand on découvre que Xavier Mathieu, ex-délégué CGT de l’usine Continental de Clairoix (Oise) où plus de mille emplois ont été supprimés, est sur scène. La rencontre avec Jolie Môme s’est produite devant le tribunal de Compiègne où les comédiens étaient venus soutenir les Contis accusés d’avoir saccagé leur sous-préfecture. Chômeur à 45 ans après avoir connu 23 ans de 3 x 8 et une lutte musclée, le syndicaliste apporte un éclairage avisé à l’aventure théâtrale. À consommer sans modération en pensant aux batailles qui s’annoncent. Les mauvais jours finiront !