Jean-Paul Lecoq, un député indésirable au Maroc

Jean-Paul Lecoq, un député indésirable au Maroc

Jean-Paul Lecoq, député communiste de Seine-Maritime, a été expulsé de Casablanca (Maroc) le 8 novembre. Il tentait de rejoindre El Ayoun, capitale du Sahara Occidental occupé par le Maroc, où la population sahraouie subit une répression qui rappelle des heures sombres.

Depuis 1993, la Ville de Gonfreville l’Orcher est jumelée avec J’Refia, une ville sahraouie réfugiée dans le désert algérien du fait de l’occupation du Sahara Occidental par l’envahisseur marocain. Ce n’est donc pas sur un coup de tête que Jean-Paul Lecoq (député-maire PCF de la commune) a tenté de se rendre à El Ayoun dimanche soir en tant qu’« observateur ». Présent au Mans fin octobre pour la 36e conférence des Comités de soutien au peuple Sahraoui (EUCOCO), le député membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a été alerté sur les violences en cours dans les territoires occupés.

Lors de son arrivée dans l’aéroport de Casablanca, dimanche soir, Jean-Paul Lecoq a eu droit un comité d’accueil musclé. « J’ai été arrêté par la police qui m’a dit que la zone était interdite. On m’a demandé mon passeport. Deux heures plus tard, on me l’a redonné avec un billet de retour direct pour Paris. Il est inadmissible qu’on empêche des parlementaires d’aller voir ce qui se passe à El Ayoun », explique le député qui s’étonne aussi de ne pas avoir eu de contact avec l’ambassade de France durant son court séjour marocain. Le quai d’Orsay n’a émis aucune protestation… « Etais-je donc un député gênant pour le Maroc comme pour la France », s’interroge le parlementaire.

Pendant ce temps, des nouvelles alarmantes arrivent toujours d’El Ayoun où des affrontements auraient fait plusieurs morts. L’inquiétude est vive également pour le Campement de la Liberté de Gdem Izik (situé à l’est d’El Ayoun) où les forces marocaines sont intervenues lundi pour détruire les tentes où habitent environ 20 000 Sahraouis. Des hélicoptères ont largué des bombes lacrymogènes et des canons à eau ont agressé des personnes qui protestent pacifiquement. Il est difficile d’obtenir des informations précises. La peur et la censure jettent une chape de plomb sur la région. Comme les élus étrangers, les journalistes ne sont pas bienvenus sur place. Des reporters espagnols ont été refoulés ces jours-ci. Que veut cacher le gouvernement marocain ?

Le Sahara Occidental est occupé par le Maroc depuis 1975, date de la Marche verte commandée par Hassan II. Le Sahara Occidental est donc aujourd’hui le seul territoire non-décolonisé d’Afrique. Au-delà de la répression qui écrase le peuple sahraoui depuis des décennies, le Maroc pille illégalement les ressources naturelles du Sahara Occidental avec la complicité de pays européens, dont la France.

Le gouvernement français doit cesser son soutien inconditionnel au gouvernement marocain et doit agir pour que l’ONU organise un référendum d’autodétermination comme elle s’y est engagée en… 1991. « Ce qui se passe aujourd’hui est la conséquence du non-respect du droit fondamental des Sahraouis à choisir librement leur destin », expliquait récemment Mohamed Abdel Aziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario.

Jean-Paul Lecoq est intervenu le 9 novembre à l’Assemblée nationale pour demander une réunion d’urgence de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale.