Intermittents du spectacle, permanents dans la lutte

Intermittents du spectacle, permanents dans la lutte

La coordination des Intermittents et Précaires d’Ile de France (CIP-IDF) vient de lancer un appel aux troupes de comédiens, musiciens, clowns, techniciens… Nous le reproduisons volontiers. Toutes les luttes, ici et partout, d’hier et d’aujourd’hui, se nourrissent des spectacles vivants et réciproquement. « Si je ne peux pas danser, ce n’est pas ma révolution », disait la militante anarchiste Emma Goldman. Voici le texte de la CIP-IDF.

Appel aux troupes !

Dans la situation actuelle de manifestations, de grèves et de blocages qui témoignent d’un mouvement excédant la question stricte de la réforme des retraites, il apparaîtrait étrange que le théâtre demeure silencieux.
Nous savons que beaucoup d’artistes, de techniciens et de personnels administratifs des théâtres souhaitent participer à ce mouvement qui réjouit tous ceux que les politiques des gouvernements successifs désolaient.
Nous proposons que chaque spectacle se conclue par une prise de parole brève, improvisée, laissant la place à une possible réponse, voire mieux, à un dialogue avec et entre les spectateurs.

Cette prise de parole, ainsi que cela a été pratiqué dans plusieurs théâtres, peut se développer autour du canevas suivant :
« Nous avons joué ce soir. Nous souhaitons maintenant exprimer notre fraternité avec les travailleurs en grève et avec tous ceux qui participent en ce moment au mouvement de blocage de l’économie marchande. Un temps d’arrêt nous semble indispensable et salutaire aujourd’hui afin d’ouvrir des espaces de réflexion, de rencontre et de discussion dont nous ressentons tous le besoin. Nous appelons donc chacun à se joindre autant que possible aux blocages de tous les lieux de profit et de consommation. Nous vous signalons que des caisses de solidarité avec les grévistes se sont constituées. Nous tenons leurs listes à votre disposition si vous souhaitez les abonder. »

Cette intervention peut aussi être complétée par les points suivants, dont nous ouvrons ci-dessous une liste appelée à être nourrie par les suggestions de chacun :

- « Il est insupportable que l’emploi de notre temps et toute notre existence soient chaque jour plus étroitement subordonnés à la durée des nos emplois. »

- « Personne ne s’en sortira seul. Pour que le théâtre se porte bien, il faut que l’hôpital, la poste, l’école (par exemple) fonctionnent. En bloquant votre école, en mettant en grève votre service, l’entreprise qui vous emploie, vous aiderez le théâtre. »

- « Comptons-nous vivre dans la peur ? Peur de ne pas trouver un emploi, peur de le perdre, peur de ne pas être performant, peur de ne pas pouvoir payer le loyer, peur de ne pas avoir de retraite, peur d’être seul, insolvable, inutile ? Peur de parler, peur de déplaire, peur de manifester, peur de ne pas paraître assez docile ? Peur de la police, peur du banquier, peur du contrôleur de Pôle emploi ? »

- « Quand trouverons-nous le temps de faire des actions gratuites ? Des actions pour soi et les autres : parler avec notre voisin, passer du temps avec des enfants, lire un livre, découvrir un spectacle, réfléchir. Faudra-t-il capitaliser du temps auprès d’un assureur pour nous payer ces temps-là à la fin de notre vie ? » Etc. (liste à compléter à l’infini).

N’hésitez pas à nous faire part de vos contributions et actions à l’adresse de la Cip-idf : accueil@cip-idf.org