Le retour de Mona Cabriole

Le retour de Mona Cabriole

Le retour de Mona Cabriole sur les écrans blancs de nos pages au format des éditions La Tengo toujours en avance sur leur temps, c’est toujours un évènement ! Mona mature digère sa rupture amoureuse. C’est une Mona métamorphosée que nous convie de toucher Alex D. Jestaire, une Mona au bord de la crise de nerf sur fond d’annonce d’apocalypse tout de suite ! Un style surprenant, une bande son éclectique et dialectique pour une héroïne toujours très épique qui se pique dans un Paname du 8ème arrondissement à feu et à fêtes sur fond de S.D.F. assassinés. Etonnant non ?

Jamais Mona Cabriole n’aura porté aussi haut son blaze dans le dernier opus mis en onde textuelle par Alex D. Jestaire. Etat stationnaire, 5 h 34 du matin, Mona a le cafard. Son mec a largué les amarres. A trente balais, c’est une enclume qui lui pèse des souvenirs à corps perdu. Sur fond d’annonce de la fin du monde, un message date du 21 décembre 2012 : « Né de la merde pour retourner à la merde. Je chie des rivières de diamants. J’étronne à la face des étoiles. Je vais mieux que vos pets foireux. Je vous ai inventés pour me pourrir la vie, mais vous n’existez pas. Je vous hais. Je vous tuerai tous… ». Une signature énigmatique comme un cafard éthique repus : FR-NO666. Cette haine, cette hargne hardi petit, c’est la poésie du caca nerveux qui se torche à la page 9 du roman.

Tout va se passer très vite en vingt-quatre heures top chrono. Et c’est Mona qui invective les rues givrées de Paris sur son scooter. « La voilà cheveux lâchés, Ava Gardner aux yeux de chat relooké par Tim Burton et Cradle of filth - une fille dans le move. O Yeah. » (page 31). Vous pouvez admirer le style de l’auteur très rock coco, pour sûr. Angliche dans le texte, je ne pige pas tout de la souche. Un master en poche et deux ans de vie à Edimbourg, il écrit des traductions, des scénarios pour le cinoche et la télévision, il donne sa vision entre Paname et Avignon. Un premier roman « Tourville » très remarqué en 2007 au Diable Vauvert. « De Louis Ferdinand Céline aux raves du Marquis de Sade à Lovecraft, de David Lynch à Loft Story, d’Hunter Thomson aux Pet Shop Boys, du satanisme à l’ecstasy… Tourville c’est la B.O. écrite de l’apoKalypse. » (Global Techno). Elle court, elle court sa plume de nouvelles en interviews et critiques pour la presse littéraire. Ce génial touche à tout parle en version originale.

Ce mélange des genres ne peut pas laisser indifférent. La langue râpe, la langue explose, jaillit… C’est un volcan incandescent auquel vous vous brûlerez les pages aux scories de ses accents déjantés. En plus, un comble, tout se passe dans le 8ème arrondissement et il réussit le pari un peu fou de nous éclairer sur un milieu très spécial qui se les « gèle dans le pognon » (Bernard Lavilliers » surtout en hiver ! «  Boutique Luis Vuitton, niveau George V – la bouche de métro dégorge une étrange cargaison. Cadres impeccables, costards cravates descendus de la Défense par la ligne 1. Certains ont une corde autour du cou – d’autres un couteau (en plastique) planté à travers le crâne. / La « zombie » parade » du CAC40. / J’hallucine. / Heu… Sacha me dit qu’il a du neuf sur le Troll – ça m’intéresse ? / Non Samuel, plus tard. Là c’est en train de virer Monty Python, juste devant moi… » (page 97). L’heure est grave sur un thème de l’apocalypse, la bande des joyeux serpents anglais aurait je suppose apporté leur humeur humoristique qui manque cruellement à ce roman. Je reconnais que la thématique ne peut ne pas s’y prêter ! Il n’empêche, un léger décalage avec la réalité relaté aurait prêté à sourire. A la place, Mona en souvenance sexuelle ratisse large le panel de l’imaginaire sensuel de son ex amant qui lui turlupine le tréfonds de son être. Normal ! Même que ambiance musicale, il exploite l’organe de la belle en pamoison. Elysée Noire 666, le titre du roman sonne comme un numéro de téléphone dans un polar d’Albert Simonin à l’argot bien trempé, du temps où elle n’était pas née. Il y a aussi bien sûr la fastoche symbolique liée au diable.

C’est sur les Champs-Élysées que Mona enquête, une affaire de meurtres en série de clochards. Même qu’elle va voir arriver sa dernière heure. Je vous l’ai dit, on ne rigole pas dans la déglingue amoureuse.

Depuis mon Médoc, j’ai cruellement manqué de décodeur quand la bande son se mélange à la bande parlé. Dommage et attention au carnage. Même si je reconnais à cet auteur pour le moins singulier un trait de géni qu’il tire en salves de son clavier. Si vous êtes branchés nouvelles technologies et langage moderne style des grandes villes, vous verrez votre plaisir décupler à la vitesse d’un ovni bien trempé dans son temps futur proche. Un temps où les humanos fétides se rassasiaient de la peur ancestrale aux détonateurs des mangeurs de conscience qui leur décervelaient les tempes. Condoléance et merde à la concordance des temps !

Heureusement l’actualité et la réalité ne rattrapent pas toujours la littérature de haut vol. Il n’y a qu’à compter sur les godasses des manifestant(e)s qui brillent sur le pavé à battre la retraite au tombeau pour s’en convaincre. Alex D. Jestaire, avec tout le talent que je lui concède bien volontiers, nous livre une autre version d’un monde manipulé par les faux semblants et les frustrations même si Mona se sent paumée quand on la dépossède son bigot / phone !

Allo Mona, Paname répond en panne…. A suivre un nouvel épisode… Elvis sur Seine de Stéphane Michaka (le 19 janvier 2011)

Elysée Noire 666 de Alex D. Jestaire, polar rock’n’roll, éditions La Tengo, 27 octobre 2010, 223 pages, 9 euros

SORTIE D’ELYSEE NOIRE 666 LE 27 OCTOBRE

A l’occasion de la parution d’Elysée Noire 666 (collection Mona Cabriole, 8ème arr.), les Editions la Tengo vous invitent à boire un verre avec l’auteur Alex D. Jestaire lors de deux rencontres - dédicaces organisées à Paris : le mardi 26 octobre à la Librairie d’Odessa et le mercredi 27 octobre au Carré Elysée.
• RDV le mardi 26 octobre à 19h00 à la Librairie d’Odessa - 20 rue d’Odessa - Paris 14e - Métro Edgar Quinet
• RDV le mercredi 27 octobre à 19h00 au Carré Elysée - 49, avenue Franklin Roosevelt, Paris 8ème - Métro Champs Elysées Clémenceau