Et si c’était Beigbeder qui avait écrit le dernier livre de Michel Houellebecq ?
"La Carte et le territoire", édité chez Flammarion est sans conteste le succès commercial de la rentrée 2010-2011 et certains spéculent déjà sur les chances de ce livre d’obtenir le Prix Goncourt. Succès financier certes et aussi médiatique puisque l’auteur des "Particules élémentaires" a été encensé comme un seul homme par tout le milieu littéraire parisien.
Oui mais voilà, les gens qui achètent un livre, par définition ne l’ont pas lu. Ils peuvent acheter grâce à un bon marketing, un grand horizon d’attente, un phénomène collectif et toute une machine bien huilée commanditée par la Presse, des influenceurs et des gens qui ont un pouvoir de prescription.
Les critiques littéraires qui ont encensé ce livre ont eux aussi une part de responsabilité car ce sont ceux qui ont légitimé l’œuvre, puisqu’ils sont censés l’avoir lu en tant que professionnels, sérieux et honnêtes.
Pourtant, il n’y a pas photo, quiconque a lu "La Carte et le territoire" ne peut être passé à côté de la supercherie. Il s’agit d’un non-livre avec un non style, d’un roman qui ressemble plus à un pastiche habile de Houellebecq qu’à un véritable livre de son auteur. Rien à voir avec les excellents premiers romans de Michel Thomas alias Houellebecq.
Et c’était Frédéric Beigbeder qui avait écrit "La Carte et le territoire" ? La théorie peut paraître fantaisiste ou ridicule, certes. Alors on va vous expliquer en détail(s).
IMAGINONS le scénario fou, possible, probable ou pire encore ... réaliste.
Imaginons que Michel Houellebecq n’ait plus envie d’écrire, qu’il soit trop triste, trop usé et qu’il peine à rendre à Flammarion son roman, 5 ans après "La possibilité d’une île". Poussé par la pression, les règles contractuelles, Houellebecq aux abois se tourne vers son ami Frédéric Beigbeder. Beigbeder lui doit une fière chandelle car dans les années 2000 c’est Houellebecq qui l’a poussé a écrire son 99 francs qui lui apportera Amour, Gloire et presque Beauté.
Beigbeder est donc redevable d’un service, il admire Houellebecq et ferait tout pour son idole. De plus, Beigbeder vient de la Pub. Il sait faire un Buzz, trouver des idées qui plaisent, il sait vendre du livre et connaît parfaitement la Littérature.
Alors l’impensable se produit peut-être. Houellebecq et Beigbeder vont écrire un roman à quatre mains, au mieux, avec les mains de Beigbeder dans le pire des cas. Par jeu entre les deux hommes ils se mettent en scène tous les deux dans le roman. C’est drôle, ils se caricaturent mutuellement.
"La Carte et le territoire" fonctionne comme un faux livre. On dirait un thème d’imitation houellebecquien, tout est gros, Jean-Pierre Pernaud gay qui quitte TF1 (blague moyennement drôle s’il en est) et un insupportable name dropping du milieu de la presse et des média qui ne fait sourire que les journalistes ou les observateurs de ce milieu particulier.
"La Carte est le territoire" apparaît comme une blague de collégiens rieurs et précoces pas comme un chef d’œuvre littéraire. Ce livre nous rappelle Emile Ajar, Romain Gary ou les plus grands tours malicieux des auteurs du 20 ème siècle.
Qui aime et défend la littérature exigeante, inventive, pertinente qui donne du sens n’a pas pu se faire berner. Le dernier livre de Houellebecq n’est ni un bon, ni un grand livre. Il n’apporte rien à l’œuvre de Houellebecq, il est même plutôt un sacré retour en arrière peu inspiré.
On dirait qu’il a été rédigé à la hâte entre deux avions ou alors pendant des vacances dans une maison de campagne entre deux copains. Il n’y a pas de vision dans ce livre, tout reste anecdotique, pas de pensée profonde, juste un divertissement pas toujours plaisant sur l’Art contemporain et le petit milieu des Arts.
On reste sur sa faim. On trouve ce livre bien fade par rapport au déferlement médiatique qu’il a créé. Il y a une arnaque quelque part, on se sent floué.
Alors bien sûr, cette théorie de paternité beigbederienne est sans doute un délire. Mais prenons-nous à rêver que ce ne soit pas le cas ... seriez-vous surpris si surpris que cela ??
En tout cas si Frédéric Beigbeder avait écrit "La Carte et le Territoire", le livre n’aurait pas été pire que celui qu’on trouve actuellement chez les librairies sous le nom de Houellebecq.
La Littérature People est bien cynique vous savez.
La Carte et le territoire, par Michel Houellebecq, éd. Flammarion, 428 pages, 20 euros.