Moto râleuses tome un : Cathie l’éclate !

Moto râleuses tome un : Cathie l'éclate !

Cathie jeune femme découvre presque par hasard la moto en tant que passagère à brève échéance. Jusqu’à ce que le virus des sensations entre les cuisses de son bolide lui déchirent l’envie de piloter par elle-même. Le papier rose tant convoité et les rapports aux autres motards mâles, tout est croqué avec humour par Sébastien Sauvadet dessinateur O fête des passions cylindriques motardes. Catherine Devillard aux manettes du scénario et dialogues s’en jette avec mordant et décapant. A eux deux c’est la bombe d’une BD d’autodérision qui fleure bon le vice des cylindrées d’une adorable fleur du bitume émancipée.

Quand un zigue qui roule en bagnole vise le popotin mirobolant en danseuse d’une Cathie s’ébrouant sur une route sinueuse à se briser le col de l’utérus, c’est le coup de foudre et plus si affinités ! D’autant, quand le type belle gueule emmenait sa moto en révision. C’est l’occasion justement de réviser vos préjugés à propos des deux roues vroum vroum, ça va chauffer !

Catherine Devillard, l’auteure est pour le moins pas du tout banale. Danseuse professionnelle, (ce qui explique aussi sa plastique élancée), journaliste, photographe et maquettiste. En 2003, elle se jette à corps perdu dans la BD. Cet album est inspiré de son autobiographie « Sans filet », sortie en mai 2006. Elle est flanquée de Sébastien Saudavet, dessinateur pour lequel les sports mécaniques en détails n’ont plus de mystère. Ces deux là font la paire et corps avec les bolides et que vive l’humour dérisionnel et fusionnel. Entre eux, c’est l’osmose. Ca va cartonner….

Très bien vu les yeux exorbités de Cathie sous le casque et ses quinquets qui prennent toute la place. C’est un peu ou presque une BD d’anticipation, mais très réaliste à la fois. Car pour piloter une moto il faut toujours anticiper les réactions plus ou moins prévisibles des autres usagers de la route et gare à la bourde !

Bienvenue dans le monde des machos à gogo le casque à rebrousse poil à se brûler le cuir au bitume. Cathie ne s’y trompe pas. Le Tomcat* de son motard au minois si trognon elle l’entend au tome 4 et sa Kawa*, elle s’en marre de café ! Coup de boule dans la nuque au premier freinage appuyé, bonjour les dégâts ! Son rimmel fout le camp. Vous imaginez bien : Pour l’empêcher de râler, je la mets en apnée avec un wheeling*… ça la calme un moment…. Les cavalières gazouillent dans le dos des pilotes et ça donne des considérations psychédéliques d’ordre tantrique : Dès qu’ils sont en moto leur cerveau mute et ils redeviennent sauvages ! La mayonnaise ne prend pas de gant et Cathie se lance à l’assaut du papier rose pour asseoir elle aussi son charmant popotin sur son engin bien à elle. C’est Gégé son mono qui va déchanter et entonner le refrain rituel : Soit elle a un trop-plein d’humour, soit elle se moque de moi… Ou alors… ch’sais pas… Il faut dire il reçoit la monnaie de sa pièce, la Cathie n’est pas du tout cruche et encore moins midinette. Elle a de la répartie d’autant qu’elle ne possède pas encore le décodeur. Tu sais, tu devrais pousser sur les bracelets*… Tu passerais mieux !! / Pfff… une moto avec des bracelets !! Et des boucles d’oreilles aussi non ? ! T’es pas malin !

Toute la BD fonctionne sur ce trait d’humour, sur ce décalage qui fait mouche des carbus, avec Sébastien aux crayons qui assure les parenthèses. Balaise ! Oh les filles qui chevauchent une moto et rendent marteau les mecs. D’autant que Cathie s’émancipe dès lors que le papier rose lui joue les yeux doux. Elle dépasse son amant dans ses conduites convulsives à la vitesse qui s’en jette des miettes et aspire l’asphalte au décollage. Elle se coltine même à la gent des abrutis qui lui distille sa conduite : La moto, c’est un sport d’homme !! Elle se tire une bourre avec cet empaffé qui dégoupille ses gonades sur un défaut de la chaussée. Cathie a belle être jeune femme gironde, tout est dans la selle ! Bon… tu rembourres là, un peu plus creusé ici… bombé de ce côté avec un arrondi par-là, mais il faut remonter derrière et faire une couture de ce côté-ci ! Du blanc là et du rouge ici, avec des lettres en relief et bla …bla … bla. Jean-Pierre sellier de son état majeur devient chèvre mais craque au charme irrésistible de Cathie.

Plus vraies au naturel, les aventures de Cathie. Enfin un regard féminin sur le monde des deux roues motorisées, ça fait du bien aux zygomatiques. Je me suis délectée et je vous avoue que suite à cette lecture, je pense changer ma cycloufette contre un bolide à roulettes et y rajouter un moteur à vapeur, histoire aussi de taper un peu plus sur le système nerveux du Bartos qui me fiche la honte avec sa moto de papi lobotomisé. Cathie le traiterait de bordille* et le laisserait en carafe, cuver son Médoc et rentrer au padoque la queue basse, le cave !

Je rassure les béotiennes et les béotiens, en fin de BD, un glossaire qui vous révèle l’ascèse de jacter motard(e). Bonne route à toutes et à tous et appel de phare, appel d’air avec cette BD extra et pas du tout ordinaire, presque débonnaire au souffle vivant de l’humour et vive les femmes toutes en moto.

A suivre le tome 2 pour mai 2011. Vivement la suite….

Moto râleuses tome 1, auteure et scénario Catherine Devillard, dessins Sébastien Sauvadet, Volum Editions, 48 pages, 10,50 euros, septembre 2010