"Vies d’Andy" de Philippe Lafitte

"Vies d'Andy" de Philippe Lafitte

Cela fait quelques années que nous suivons le parcours d’écrivain de Philippe Lafitte qui sort son quatrième roman avec "Vies d’Andy" au Serpent à plumes et on peut d’ores et déjà vous dire que l’Auteur de cette rentrée 2010 ce n’est ni Houellebecq ni Nothomb ni encore un autre people, mais bel et bien Lafitte. Inventant un genre littéraire audacieux, original, fort bien documenté et précis et usant sans jamais en abuser d’un style d’une rare maîtrise, Lafitte nous entraîne dans un improbable mais fascinant périple en compagnie d’un personnage hors norme(s).
Si Andy Wharol est mort, c’est pour permettre à Lafitte de mieux le ressusciter en fiction.

Philippe Lafitte, pour mieux imaginer et inventer un monde qui n’existe pas, sans jamais oublier de rendre son roman tout à fait crédible et grand réalisme narratif, a décidé qu’Andy Wahrol serait le héros de son roman.

Le Pitch

L’Artiste visionnaire, obsédé par la célébrité qui prédit à chaque homme ses quinze minutes de gloire , l’illustre Andy Warhol, cet angoissé du milieu di show business, hypocondriaque et roi perruqué du pop-art, n’est pas mort après son opération de la vésicule biliaire.

Cela, on le raconte dans l’histoire officielle : la réalité c’est que Warhol n’est pas mort comme on a bien voulou le faire croire.

Malgré la tentative d’assassinat de Valérie – qui lui avait remis un manuscrit que l’artiste méprisera – Andy échappe à la mort. Ou du moins, se met en scène une mort médiatique, qui lui permet de se débarrasser de Manhattan, La Factory, de cette Gloire devenue insupportable pour le néo dandy le plus adulé du monde de l’Art moderne.

Après d’importantes retouches de chirurgie plastique, Andy Warhol devient Sandy Vazhoda. Nous sommes en février 1987 : le monde apprendra sous peu que l’artiste touche-à-tout est décédé, tandis que Sandy, cette femme nouvellement née va profiter de cette vie qui s’offre. Grâce à Julian, son assistant et quelques arrangements comptables autant que juridique, elle pourra puiser dans la fortune d’Andy, mais ne sera plus jamais lui.

Départ direction Paris, un grand hôtel, du luxe, mais surtout des cachets pour faire oublier la douleur « d’en bas » et de l’alcool pour remplir au moins de liquide le vide immense qui l’accable.
Ainsi commence un road movie étonnant passionnant qui est l’intrigue même ce ce livre inventif, brillant qui se suit et se dévore comme une enquête policière mais en plus glamour et hype.

De New York à Paris, des territoires soviétiques à Berlin en passant par la Grèce, ce roman aux allures très cinématographiques dans son découpage nous entraîne dans le sillage de personnages qui vont se croiser, s’aimer ou se haïr, et aller, contre toute attente, au bout de leur folie, de leurs délires psychologiques ou de leurs obsessions.

Un suspens haletant jusqu’au dénouement, aussi imprévisible que la personnalité de Sandy Vazhoda, obsédée par la mort, la postérité et la recherche de ses origines longtemps refoulées.

Malgré le choix ce personnage forcément toujours caricatural et border line qui a toujours cherché à être Tendance et à la Mode, Philippe Lafitte réussit à nous livrer un roman hors mode, qui n’a pas le désir de plaire ou de divertir et on se laisse happer par sa mécanique d’écriture, par sa précision suisse, entraîné par un guide fin lettré, admirable prosateur qui, avec une grande sérénité et maitrise textuel nous emmène dans un monde nouveau aussi séduisant que pertinent.

On fera sans doute un jour un film à partir de ce livre sur ce dandy Wharol, mais il faudra bien avoir-faire pour reproduire à l’image le grand talent de conteur de cet écrivain-là. La littérature gagne beaucoup avec ce roman. A lire absolument.

Vies d’Andy de Philippe Lafitte - Éditions du Serpent à Plumes – 266 pages