On brade les musiques actuelles au Havre

On brade les musiques actuelles au Havre

« Première démarque avant liquidation totale. » La formule ne figure pas sur un quelconque catalogue de grande surface, mais sur le programme du Cabaret Électric, la scène de musiques actuelles du Havre qui fermera définitivement ses portes le 30 juin 2011.

Une pétition fédérant plus de 4 500 personnes, une manif de décibels organisée le 14 février 2009 dans les jardins de l’Hôtel de Ville, des déclarations, des réunions… rien n’a stoppé la volonté de la municipalité UMP. Le Cabaret Électric vit sa dernière saison. L’équipe gestionnaire se retire avec élégance en jouant la carte de l’humour noir. « On solde ! » De fait, la carte d’abonnement passe de 15 € à 10 €.

S’adressant à ses « chers spectateurs et usagers » pour les remercier, l’équipe du Cabaret Électric en profite pour faire le point sur la situation dans sa plaquette programme. « Plus de 3 000 d’entre vous ont fréquenté le Cabaret Électric la saison passée soit 30% de plus par rapport à la précédente (…) Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour vous proposer 118 manifestations dont 98 concerts, ce qui fait du Cabaret Électric le lieu culturel le plus actif de la région Haute-Normandie. »

L’énergique programmation Cabaret Électric a plus que trouvé sa place dans le petit paysage culturel havrais. Le lieu accueille en outre 295 groupes dans ses studios de répétition et bon nombre de manifestations associatives. Tout le monde à la porte ! « Cette fermeture est l’un des dommages collatéraux de la restructuration du forum Niemeyer décidée par la Ville du Havre, reprend l’équipe. Face à ce qui semble inéluctable, aucune alternative ne nous a été proposée, obligeant l’association L’Iguane qui gère le Cabaret Électric à licencier l’ensemble du personnel à la fin de cette saison. Au-delà de notre sort, une question principale se pose : que deviendront les missions actuellement assurées par le Cabaret Électric ? Les réponses sont aujourd’hui peu convaincantes, les moyens et les outils aux services de nos pratiques s’amenuisent. La Grande Braderie des Musiques Actuelles au Havre n’aurait-elle pas commencé ? » De quoi tordre le cou aux rumeurs qui laissent entendre que le Magic Mirrors (entreprise privée) serait la suite du Cabaret Électric ou qui croient (croâ-croâ) savoir que le Cabaret va se déplacer dans le fort de Tourneville…

En ces temps de désespérance sociale et économique, de scandales politico-financiers, de répression xénophobe, de résignations suicidaires qui vont nous asphyxier définitivement si rien ne bouge, on ne peut regarder mourir un lieu culturel sans une profonde tristesse. Certes, avec la suppression de huit postes en CDI et de trois postes en CDD, la mort du Cabaret Électric n’aura pas les conséquences désastreuses que l’on connaît dans certains secteurs industriels. Mais il n’y a pas de « petites » morts. La création culturelle est souvent sacrifiée dans les périodes troublées. Air connu. Pourtant, l’art est aussi essentiel à nos vies que l’air que nous respirons. À force de « petits » renoncements, de « petites » capitulations, que nous restera-t-il pour construire un autre futur ? « Si je ne peux pas danser, je ne veux pas prendre part à votre révolution », annonçait la militante anarchiste Emma Goldman (1869-1940).

Alors, sans exclure le reste, dansons. Et ça ne vas pas être triste avec ce qui se présente : Tokyo Sex Destruction + The Repeaters (23 septembre), Bachelorette + I come from pop (28 septembre), Santa Cruz + Gene Clarcksville (6 octobre), Jeff Lang + Chris Bailey (16 octobre), Tunng + Alice Lewis (22 octobre), Lali Puna + Cats on trees (26 octobre), The Tinun’s (6 novembre), Rahzel + Oddateee (10 novembre), Caspian + The Warlocks (16 novembre), The Amplifetes + Minitel Rose (20 novembre), Bonaparte + Peter Digital Orchestra (24 novembre), Psykick Lyrikah + Robert le Magnifique (26 novembre), The Ex + Héliogabale (27 novembre), Sly Johnson + The Souk (4 décembre), La Caravane Passe + La Zygomatik (7 décembre)… sans oublier des moments cultes avec U-Roy (12 octobre), Wilko Johnson (20 octobre) ou notre ami Gogol Premier + Violon Profond + Scott de Porc & ses Côtelettes (30 octobre). Très très chaud devant !

Infos concerts, abonnement, studios de répétition, bénévolat, action culturelle, Radiocab… sur le site Internet du Cabaret Electric.

Le Cabaret Electric sur Myspace.

Contact au 02 35 19 91 32 et contact@cabaretelectric.fr