DENIS CRISMAN N’EST PLUS !

DENIS CRISMAN N'EST PLUS !

Celles et ceux qui fréquentent habituellement l’Ermitage du Moulin Labotte, à Haybes-sur-Meuse, avaient l’habitude de le croiser ou de voir sa bonne tête sympathique et également bien pleine, au détour d’une des salles de l’établissement.

J’ai rencontré Denis Crisman, il y a presque quinze ans, par l’intermédiaire de notre ami commun Frédéric Pierangeli qui gère cet hôtel-restaurant ardennais, et très vite je l’ai trouvé fort intéressant tant par sa manière d’être que par sa formidable érudition.
Ingénieur de formation, c’est à Electricité de France qu’il décidait de faire carrière dans le domaine de l’énergie nucléaire.

Après de nombreux déplacements, il décidait enfin de poser ses valises à Vireux-Molhain, au lieu dit La Montagne des Vignes, pour exercer au C.N.P.E. de Chooz dans la pointe des Ardennes Françaises.
Passionné et passionnant, Denis avait le don de nous parler de tout avec ce talent qui n’appartenait qu’à lui. Au cours d’une même soirée il était capable de jouer à la belote, de commenter un match de foot en nous brossant le portrait des joueurs et de l’entraîneur, de développer sa thèse sur la montée en puissance de la Chine au niveau de l’économie mondiale, de nous informer des valeurs du CAC 40, nous parler du vin mieux qu’un vigneron et de nous inviter dans un véritable tour de France de la gastronomie et des saveurs de certains terroirs, tout en déviant adroitement sur la littérature et la philosophie, avant de conclure sur la dernière course moto de son pote Xavier ou de rebondir parfois sur la technologie de pointe des derniers avions de combat.

Denis Crisman avait une classe folle, même en tenue décontractée. Ses collègues, sans aucune moquerie, lui donnaient du Monsieur le Comte en guise de sobriquet, tellement il avait un port e tête noble et une fière allure. Toujours habillé avec énormément de goût, il pouvait travailler en costume Dormeuil taillé sur mesure et en mocassins Weston, voire en chaussures élaborées par le célèbre bottier parisien que pouvait être René Claraso.
Toute ce bon goût vestimentaire et cette façon d’être ne l’empêchaient nullement d’être parfaitement simple et facilement abordable. Combien de fois l’ai-je vu retrousser ses manches pour servir amicalement les petits déjeuners ou officier au lave-vaisselle lors de banquets jusqu’à aller essuyer assiettes et verres, sans même que son ami Frédéric Pierangeli ne le lui demande.

Je suis si heureux d’avoir pu l’inviter l’an passé, en juin 2009, lors du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, sur le stand Breitling de l’ami André Uzan. Ses yeux étaient comparables à ceux d’un enfant qui découvre l’ambiance particulière d’un meeting aérien très élaboré.

J’ai eu le bonheur de manger avec Denis Crisman, Frédéric Pierangeli et notre belge préféré Jacques de Suray, chez l’ami Georges Granda du Barbouillon de Vencimont en Belgique, le lundi 17 mai 2010... Et c’était malheureusement notre dernier repas pris en commun, dans le rire, le partage, la joie et la convivialité.

Je pense plus particulièrement à son véritable et grand ami Frédéric Pierangeli qui vient de perdre non pas un frère de sang, mais un frère d’âme fidèle en amitié, puis à ses amis et collègues comme Bernard, Jean-Yves et Xavier qui étaient souvent à ses côtés.
Denis Crisman devait prendre prochainement sa retraite pour voyager entre Corse et Continent, du petit port de Saint Florent jusqu’à Haybes, en passant par le Nord de la France.

Décédé ce vendredi20 août 2010 dans une clinique de Valenciennes, sa région d’origine, après un cancer dévastateur autant que sournois, il sera inhumé le lundi 23 août 2010 après la crémation de sa dépouille mortelle.
Avant que tu n’ailles marcher loin de nous, dans cette vallée de la mort que tu connais à présent, je voulais te dire adieu mon ami Denis et aussi merci d’être aujourd’hui plus riche de t’avoir connu.
Bon voyage Mon P’tit Loulou, puisque tu aimais tant nous appeler comme cela et surtout demande au Patron de me garder une place près de toi, sinon je risque encore de me faire chier avec des gens que je n’aime pas !