Frédéric Baron et Vignale se questionnent au nom de l’Amour

Frédéric Baron et Vignale se questionnent au nom de l'Amour

Frédéric Baron est un poète, un fou, un tendre, un romantique et un précieux.
Ecrivain du temps présent, collagiste impénitent, metteur en scène, funambule et sociologue des petites habitudes ou des grands sentiments, il erre dans la ville à la recherche de la Beauté sous toutes ses formes.

FB est l’ami qu’on aimerait tous avoir pour nous aider à traverser ce monde dur et cruel, plein d’arrogance et de méchanceté. FB vous dit "je t’aime" à sa manière sans tricherie ni faux semblant. Rencontre entre les deux Frédéric, qui fera date.

1. Bonjour FB qui es-tu donc ?

FB : Bonjour FVW. Je suis l’e-terviewé

Autoportrait : Le danseur au tambour

Eradiquer, décanter, douter, c’est ma start-up. J’ai envie d’arracher le mensonge à ma vie. En Frédéric V. je cherche des signes. Je navigue sur son site Sang d’encre.
Trésor caché.

J’aime l’archéologie, griffer la terre avec mes doigts. Je commence à fouiller.

Faire des choix. Choisir au hasard d’un coup de dés l’originelle racine. Choisir une phrase entre mille et l’enchâsser. Des pages mouillées criblées de galeries.
Je suis un musicien. Je suis le danseur au tambour. J’écoute les harmoniques. Je renverse, je déplace. Je lis à haute voix.
Frédéric est un paysage d’automne, une Anémone des Mers.

2. Pourquoi écrire "je t’aime" sur les murs, alors qu’on serait plutot tenté de dire "je t’emmerde" ou "je te hais" tellement le monde il est dégueulasse et vil ?

FB : Le monde n’est pas dégueulasse et vil, il est aussi ce que tu rêverais qu’il soit Frédéric. Même si les hommes s’entretuent et mettent la planète à feu et à sang (souvent au nom de ce qu’ils nomment l’amour) tu as appris que la colère et la haine une fois devenues tiennes sont tes pires ennemis.
Je n’ai pas écrit « je t’aime » sur un mur mais rassemblé des écritures de femmes et d’hommes du monde entier en une œuvre poétique à vocation universelle.

Parce que j’en ai eu absolument envie, tous les jours pendant des années et que j’ai pu communiqué cette envie, ce désir, à tous ceux qui m’ont aidé à matérialiser mon rêve d’adolescent. Une idée toute simple...

Le mur des je t’aime

Je voulais apparaître beau et super sympa aux yeux des autres
Je voulais faire le tour du monde

Je voulais qu’un jour des journalistes me demande pourquoi
Je voulais faire un truc bien dans ma vie

Je voulais exister aux yeux de mes parents

Je voulais qu’on m’aime

Je voulais que les gens soient gentils entre eux

J’allais un jour être papa

Et soigner le mal par le mal ? T’entends-je homéopathiser .

Jouer d’impertinence, provoquer. Susciter le rire gras ou la colère « susciter des réactions », alimenter les polémiques, concentrer ses forces créatrices sur des sujets moins consensuels ?

Un mur d’insultes et de grossièretés ? Dans toutes les langues du monde.
T’imagines ça ?

Il faudrait d’abord passer des mois à inventorier, à questionner des gens...

A demander : c’est quoi tes gros mots préférés ?
Comment dit-on va te faire voir chez les Tibétains ?

Bon j’avoue.
Je l’ai fait ce chemin de derrière les fleurs bleues. En France : à Paris, dans la région d’Aix, de Sens, de Valence, de Lyon, de Marseille, sur le net, dans des livres... la colère
Au début c’était une espèce de défouloir, une façon d’évacuer, déceptions, trahisons et autres bobos de l’âme.

Le travail bien avancé, j’ai eu envie de transformer tous ces mots en quelque chose de doux, bon enfant, pacifique et rigolo.
Un livre de dessins narratifs sur le thème de la violence verbale :

« Le livre des petits gros mots » mis en images par des enfants, juste pour transformer la violence en dessins rigolos. En raison de la participation des enfants co-auteurs et du lectorat visé (tout le monde), pas de « grossièretés » ni « obscénités » pas d’expressions susceptibles de consciemment blesser autrui (expressions racistes, maladies, infirmité, sexualité...) . Le maître mot : humour et poésie
Nous avons travaillé en atelier avec plus de 300 enfants du CP au CM2.

Nous avons réalisé deux livres illustrés.
Je te ferai voir si ça t’intéresse.

Si tu as deux secondes j’aimerais que tu répondes à ton tour à quatre au moins des questions posées un peu plus bas.
Il n’y a pas de quoi fouetter un chat et en plus comme tu as le cœur sur la main qui tient le stylo...

Tes réponses seront les bienvenues .

1- Pour toi quel personnage célèbre est vraiment doué d’humour ?

FV : Jacques Chirac, que je connais bien dans le privé, est un sacré déconneur. Mais est-il assez célèbre pour ta question ?

2- La poésie rythme t-elle ta vie ?

FV : La Vie je ne sais pas, mais la mienne oui. J’ai de plus la chance d’avoir croisé la vie terrestre de poètes comme Jean Orizet, Sandrine Rotil-Tiefenbach, Alphonse Pensa, Karel Logist, Claude Beausoleil, Marjan, Frédéric Baron, Rodica de Roumanie et d’autres et ça a changé ma life, radicalement.

3- Où et quand commence la « grossièreté », l’obscénité ? En as-tu fait les frais ?

Je pense juste etre provocateur, jamais obscène ni grossier.
Pour moi la pire des injures, c’est l’oubli.

4- Quelle est la différence entre la moquerie et l’humour ?

FV : L’humour c’est moi, la moquerie c’est Dechavanne.

5- Pourquoi as-tu la rage ?
FV : Je suis né de père et mère inconnus.

6- Quels surnoms affectueux de donnent les gens qui t’aiment ou t’ont aimé ?

FV : J’ai horreur des surnoms et j’interdis cela dans ma vie affective, mais j’aurais aimé qu’on me nomme "ma petite levrette"

7- Le mot Journaliste est-il un gros mot ?
FV : La plupart du temps c’est un gros mot, moi je préfère les artistes aux journalistes.

8- Se moquer de soi ? Un moyen d’éviter certains écueils ?

FV : C’est juste un jeu assez commode et qui déculpe l’imagination. Un truc salvateur dans le fond.

3. Ecrire aux gens ça t’apporte quoi dans le fond ?

FB : Ca me permet d’exister tout en vivant bien caché.
Mettre des barrières, des montagnes de mots entre moi et les autres.
C’est encore et toujours le même adieu à soi...n’est-ce pas

4. Tu te sens comme un artiste activiste ?

FB:Non. Et ta sœur ? Elle travaille pour Lagarde et Michard elle aussi ?
Tu essayes de mettre nos ténèbres en lumière
Nous sommes toi et moi des mal-aimés majuscules.
Loin de toute apparence.
Je fais des collages.
Toi aussi j’ai entendu dire.

5. Cite-moi cinq Frédéric célèbres que tu admires ?

FB : Je n’admire pas de Frédéric célèbre. Je n’admire pas non plus de Friedrich.
J’admire personne en particulier
J’admire des voies, des chemins de vie, des idéaux, des vertus
J’admire le travail de certains artistes (Albrecht Dürer, Henri Michaux, Bernard Guillot), l’art d’écrire de Flaubert dans la tentation de Saint Antoine, Franz Kafka Lettre au père, Dostoïevski Les frères Karamazov
J’admire la patience, le calme, l’honnêteté, la générosité, le calme de certains de mes proches. La force des idées venues à maturité..
J’admire l’amour, la fusion de deux êtres
J’admire la beauté de la Nature et de l’Humanité
Mais je n’ai pas de modèle tout fait pas de guide à imiter en bloc.
Pas à ma connaissance
Je procède par collage.

6. Que penses-tu des mégalos et des narcissiques ?

FB : Ils ont mal, ils doutent toujours, ils ne sont pas méchants
Ils manquent de caresses.

7. Pourquoi dire du bien de toi alors que tu triches sur ta propre nature et que ta face obscure est horrible et noire ?

FB : Je ne dis pas de bien de moi c’est toi qui en diras.

8. C’est quoi ton projet le plus fou ?

FB : Me faire empailler et exposer dans un musée d’art contemporain

9. Parle-moi d’amour, redis-moi des mots que j’aime ?

FB : C’est pas une question, t’es vraiment trop triche obscure horrible et vert mais bon tellement attachant...
Une échographie de mon futur bébé « Le petit livre des mots doux »
Comme autant de titres de dessins narratifs.

prendre sous son aile
belle comme un ange
atomes crochus
Vieille branche
beau brin de fille
heureux comme un poisson dans l’eau
Se serrer les coudes
Le cœur sur la main
Enterrer la hache de guerre
Après la pluie...
Cul et chemise
dormir sur ses deux oreilles
doux comme un agneau
Donner sa chemise
La vie est belle
inséparables
sur la même longueur d’onde
A cœurs ouverts

Je t’ouvre mon cœur sans t’avoir jamais vu (même s’il paraît que t’es passé plein de fois à la télé vieux cabot !)

Il y a de l’amour dans l’air
nager dans le bonheur
Copains comme cochons
Monts et Merveilles !
Le paradis
Mon canari
Ma puce
sucre d’orge
La vie en rose
Aimer à la folie
Ma biche enchantée
Tendre la main
Côte à côte
ne faire qu’un
avoir quelqu’un dans la peau
La maison du bonheur

J’attends la trahison sans flipper puisqu’elle n’aura pas lieu
C’est magique.

10. Par quoi on termine cette e-terview ?

FB : Par un texte d’écriture semi-automatique à lire à la loupe et sans tongue :

Amour la lumière vient de toi. La lune pleure d’amour des perles de soie. Maintenant tout brille d’une clarté désertique. Neige de syntaxe. Les pierres frémissent. Les étoiles se penchent pour te voir. Le vent souffle à travers les peupliers. Je vole en rêve au-dessus des toits. Ricochets dans la rivière. Ensuite nous irons regarder le feu. Guitares camarguaise. L’arc des Lacandons tire une flèche colorée par dessus le champ de luzernes.

Un oiseau s’enfuit plus vite qu’un regard. L’odeur de la mule qui presse le pas sur le chemin de pierres. Un édredon haut et lourd comme une montagne. Le ciel est rouge et noir par endroit. Demain ce n’est plus dimanche et j’ai le cœur serré. Un parachutiste se pose sur la piste de danse. Une fille nue traverse à cheval la ville de Florence. Branches noircies recouvertes de dentelles de givre. Le cri des chats qui font l’amour. Des ombres sur les murs. Les chats. Une étoile dans les yeux. Le cri de l’âme traverse les murs. Le monde est une roue. Une petit morceau de pétale de rose. Je referme la nuit. Les dagues ocres des sangliers me poursuivent dans un rêve que je voudrais décrire. Une petite fille très belle qui louche. Les doigts. Le métal. Les doigts bosselés travaillent le métal. La crête criblée de rouge. Crissent les pas sur la neige. Crissent les pas, les parents s’aiment.

Le gant blanc les cache. Défi du temps. Terrain marbré, nu, glacé. Mon visage s’engouffre et ta voix rouge crache de plaisir. Nos corps d’enfants sages. L’orage gronde. Solitudes. Une goutte de d’eau dans l’océan. Maison de verre. Sables mouvants. Je tue un oisillon à l’agonie pour plus qu’il ne souffre. Galets. Pieds nus. Manger les fleurs. Salamandre. Papa pleure. Papillons de nuit autour des lampadaires. Une larme s’allonge sur ta joue rose. Danse au-dessus des lapiazs. Un fou et un cheval sur une boîte de médicaments contre le mal de mer. Vos fruits des phrases. Vingt fois l’Amour. J’ai perdu connaissance. Partout le feu brûle les planches. L’humanité toute entière est sur le point de vendre son âme.

C’est comme si chacun recherchait l’or du Rhin, sans savoir ce que c’est, à tâtons dans une chambre noire. Le danger est partout mais surtout dans les villes. Paris touche le fond. Partout des yeux sans cœur. La cité sombre au fond d’un gouffre. Ses femmes deviennent belles, se montrent moins jalouses. Ses hommes se noient, n’en restera que douze ; Le treizième reviendra au jour des renaissances. La cité lavée le verra naître à Sens. Au pays où nous irons, la procession du Saint-Sang a lieu sur un arbre géant, tous les jours. Les yeux en amande.

Méfie-toi de l’amour avant sa mise à mort.

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