RAYMOND JUGEAU : UN MAÎTRE QUI EDUQUE

RAYMOND JUGEAU : UN MAÎTRE QUI EDUQUE

Dans les Grands Maîtres Occidentaux en Arts Martiaux, Raymond Jugeau est celui qui se distingue le plus par sa simplicité et la qualité de son enseignement hautement pédagogique adapté à tous et dans lequel on retrouve non seulement un savoir-faire, mais aussi un savoir-être d’éducateur né.
Avec lui pas de Maître absolu qui se prend pour un dieu vivant et qui se fait servir par ses élèves, en se croyant supérieur à eux et en se prenant pour le centre du monde. La relation de Maître à Disciple n’est pas une relation de Maître à esclave. Il y a chez Raymond Jugeau un côté protecteur et il donne autant qu’il reçoit.

Lors d’un « Mondo », qui est un discours explicatif sur les choses de la vie, un autre Grand Maître expliquait un jour à ses élèves la manière dont il avait reçu son enseignement au Japon : « Il fallait se lever tôt et aller à la pêche pour nourrir tout le monde. Nous dormions dans le Dojo à même le sol et nous mangions le poisson cru accompagné d’un bol de riz, puis nous faisions le ménage, le jardinage, les toilettes, vider les crachoirs et les autres tâches annexes, avant de recevoir l’enseignement d’un Maître dont nous ne parlions pas la langue et qui nous faisait recommencer mille fois le même geste ».

Raymond Jugeau a des relations courtoises et respectueuses avec ses étudiants, ses cours sont ludiques bien que sa progression soit très sérieuse.

Roland Hernaez (le pionnier) et Georges Hernaez respectivement 9ème et 8ème Dan de Taijitsu, qui est une synthèse moderne de l’antique Jujutsu, font confiance à Raymond Jugeau 7ème Dan de la discipline et 5ème Dan de Judo, lequel enseigne avec passion tout en semblant s’amuser comme un jeune chat qui s’exercerait naturellement au combat avec un autre chaton, sans vouloir lui faire de mal.

Les gestes des katas, qui sont des formes codifiées et imposées de combat ainsi que la véritable colonne vertébrale voire l’âme de l’Art Martial, sont décortiqués, expliqués et mimés par Maître Jugeau dont le phrasé est aussi simple que sa gestuelle. Kata et Randori (exercice libre) ne font alors plus qu’un puisqu’ils deviennent de véritables réflexes conjugués et non plus des gestes pensés… On se retrouve soudain dans les conditions proches d’un combat réel, mais avec un respect mutuel.

Avec Raymond Jugeau, pas de prise de tête. Certes sa discipline se veut martiale mais reste un Art avant tout, avec toute la beauté des formes de corps dans l’expression d’un mouvement.

A une époque reculée, dans le Japon Traditionnel, on prétendait qu’une mère valait dix pères parce que cette mère nous donnait vie au sein de son ventre (comparaison avec le Dojo) et nous nourrissait de son savoir pour être armé face à la vie (parallèle avec l’enseignement reçu dans les Dojos). Certains affirmaient qu’un Maître, à lui seul, valait dix mères parce que non seulement il nous transformait à l’intérieur de son Dojo (le ventre de sa maison), mais en plus il nous transmettait toutes ses connaissances (secrètes et parfois cachées) dans l’Art de la Guerre (éducation), pour notre survie et notre évolution intellectuelle via le spirituel (initiation aux lois de l’énergie cosmique qui régissent notre corps), en nous apprenant même à nous soigner au passage vu que les plus Grands Maîtres étaient tous un peu Médecins, mais pas au sens de la Médecine d’aujourd’hui.

Fort de cette théorie, le Maître était vénéré comme un Dieu qu’il n’était pas, parce que ses élèves constataient qu’il avait des pouvoirs étranges qu’eux ne maîtrisaient pas encore. Ils se battaient entre les différentes écoles, jusqu’à la mort, pour prouver que leur Maître était le meilleur.

Raymond Jugeau est, quant à lui, un Maître on ne peut plus humble. Pour ceux qui ont vu le film « Karaté Kid », Raymond Jugeau ressemble plus à Maître Miyagi, qui a l’air d’un inoffensif grand-père mais qui est en fait un redoutable et sage combattant, qu’à Jean-Claude Van Damme qui fait le grand écart face à un adversaire et sans recevoir ne serait-ce qu’un petit coup de pied dans ses nobles parties.

Raymond Jugeau est avec ses élèves comme un père et ce n’est pas sa fille Nathalie, que je salue respectueusement et à laquelle je souhaite un prompt rétablissement, qui vient de gagner son combat contre la mort, qui nous contredira.

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