Il y a presque très longtemps, dans une galaxie lointaine, mais suffisamment proche pour l’atteindre, Frank Margerin réalise son but d’être dessinateur de bande dessinée, repéré dans un couloir par Jean-Pierre Dionnet, qui lui ouvre les portes du magazine Métal Hurlant. Ses pages côtoient celles de Druillet, Moebius, Bilal entre autre. Sa carrière est lancée, et dure encore aujourd’hui, avec les succès que nous lui connaissons avec « Lucien » (10 tomes / Fluide Glacial) et le rock’n’roll !

La Science Fiction des Envahisseurs !

Dans le premier volume, la science fiction est abordé via sa culture la plus populaire, transposée dans cette univers proche de l’œuvre de Margerin : la banlieue, ses habitants franchouillards qui portent le bob, le Marcel, les bigoudis, la concierge, la vieille Ds chargée du coffre au toit pour les vacances, les appartements à fine cloison. Mais n’oublions les vaisseaux, les fusées en tôle et ferraille usée, avec les clous et vis apparents. La science fiction mène aussi à l’imagination, et vous en verrez les conséquences avec Marcel Kermès face à une horde de « propre » !
les super-héros ont l’allure des super-héros américains : Hulk contre Superman en collant rose, dans un appartement HLM de banlieue, pagaille garantie, ou encore ceux qui veulent devenir les maîtres du monde Ouragan de Feu ( un héros d’héritage transmis de père en fils ! ) qui mettra la pagaille dans le quartier, le Savant Fou avec son Puerillox 25 : respirez le et vous avez l’ âge mental d’un enfant de dix ans, mais cette invention est très prisée par les meilleurs agents secrets du monde ! Que serait la science fiction sans les extra-terrestre ! Ils sont là pour faire comme nous : un bon pique-nique en famille, ou encore être la cause d’un soupçon d’infidélité. Mais abordons un personnage très peu reconnu, devant lequel nous devons trembler : L’Envahisseur de Bobigny ! Cet homme venu d’une autre planète, avec une seconde peau plus humaine, le costume bleu marine, le béret sur la tête, les lunettes rondes comme des loupes... il débarque sur Terre, à Bobigny, sans argent en poche. Alors il se met à travailler dur, à avoir de la richesse... même si le tract n’a pas fait peur à la population, l’envahissement en fait que commencer ! TREMBLEZ TERRIENS !

Le Brie est le symbole de la fin du monde.

Seconde partie, avec « Tranche de Brie » (Tranche de vie était déjà pris par Lauzier) : des exploits familiaux lors d’un beau dimanche en campagne pour faire de beaux souvenirs aux enfants au lieu de rester planter devant la télévision, confiez donc votre enfant en babysitting avec Maurice, chineur professionnel dans le quartier. Riton sera roi du Rock grâce au bricolage.
Margerin se lance dans la parodie de quelques phénomène de la littérature et de la bande dessinée, entre un certain Robert Leprince à la recherche de Cendrillon dans un vieil HLM, quand Perrault est revu et corrigé.
C’est en jungle hostile et équatoriale, au climat très chaud, que Guy Leclerc est en panne d’essence dans son vaisseau, laissant la garde à Karzov, il part en armure à travers cette dense forêt vers le pompiste, en se sacrifiant dans divers obstacles !
Une carie se soigne chez un dentiste, enfin dans le futur pas tout à fait, pourtant ça ferait du bien de temps en temps.
Dans cette Brie du futur, on peut tout à fait négocier avec des extras terrestre. Attention ! Attention ! Ouvrir une épicerie dans une Hyperville c’est contre la loi !
Méfiez vous du progrès de votre voiture ça pourrait agacer votre garagiste.
Mais que serait la SF sans une bonne annonce de « Fin du monde » ! Fernand Leplin va vivre les possibles cinq dernières heures.! Si vous pensez que la population va paniquer ! Détrompez vous : partouze, angoisse du tricot pas fini à temps, au feu avec les pompiers, zig zig avec une nonne... jusqu’à l’heure H... !
En fait, la fin du monde, le brie en tranche, ce n’était pas vraiment comme dans 2012, car rappelez vous … le nucléaire !

Tutti Frutti : et on s’approche déjà de Lucien !

Frank Margerin s’échappe définitivement de la science fiction. Il reste tout de même dans l’humour, et s’approche de plus en plus de ce que va donner l’univers connu de LUCIEN : les parents sont ringards, maniaques, le père toujours entrain de hurlerr après la jeunesse, la concierge, le chien, le taxi râleur, le coursier, Flipo le gamin intenable, etc... avec tout ça, la biographie dessinée du célèbre rockeur « Tutti Frutti », alors que les fées du classique et de l’opéra invitées par les heureux parents, déboule en glissant sur le parquet la Fée Rockie ! Le petit Tutti va vouer sa passion ...au Rock N’Roll … et presque jusqu’à la prochaine génération !

Génération Science Fiction, génération Rock, c’était déjà l’esprit de Métal Hurlant, et Margerin a participé à de nombreux numéros, à coté des Druillet, Tardi, Bilal.
Fluide Glacial lance ainsi sa nouvelle collection « La Little Big Collection – Série Or ». : un petit format pour une grande dose de rire.
L’humour ne manque pas à Margerin sur cette intégrale, pour ceux qui ont déjà lu , et ne retrouvent plus les trois albums séparés, car enlevés surement par un extra terrestre pour préparer une fin du monde ?! L’univers de Margerin n’a pas eu besoin de se baser les films ou littérature de Science Fiction de l’époque, entre les Star Wars, ou Blade Runner. Il s’adapte plus à cette actualité de l’époque, proche des gens, populaire, du JT de Roger Giquel ou de Mourousi, les dialogues apportent le vocabulaire proche de l’argo, c’est un peu comme les textes de Renaud, avec les paroles des chansons rock des sixties ! Dans le décors, c’est le poste TSF avec les trois boutons, la télévision n’a pas de zappette, le fauteuil date pas mal, on conduit la Deuche, la citroën Ds ; l’encombrement du coffre pour le pique nique, ou les vacances, le petit réchaud à gaz, le bob sur la tête.
Une galerie de personnages made in France : le port du Marcel, du slip kangourou, les bretelles, le policier au sifflet, la pervenche et ses rondeurs, les fameuses lunettes rondes qui font des yeux grossis à la loupe, le crâne plus moins dégarni, pour la jeunesse, c’est banane ou proche banane à la Eddy Mitchell parce qu’il est bon ! Et sans oublier, pour loger le tout, les vieux HLM, les immeubles à tout juste trois étages ou quatre, avec la concierge dont la fenêtre donne sur la rue pour discuter avec la voisine de certains ragots.
Suivez l’évolution du dessin du rockeur. D’un style de caricature affiné sur le premier, voir le second, le gros nez rond, l’allongé, les genoux pliés, le trait plus rapide, plus simple, appliqué dans les décors où il y ajoute détails et gags, avec des références, des clins d’œil à la culture populaire.

C’est avec une couverture où l’on peut voir le coté d’une tranche de brie d’un dessinateur de bande dessinée en pleine séance de création. De plus notez l’originalité du titre , éponyme, avec juste le mot ajouté : « présente ... « .
Si vous n’avez pas encore ouvert une bande dessinée de Margerin, vous voulez connaître les débuts d’un grand nom du 9ième Art , où la science fiction est proche de « La folle histoire de l’Espace » de Mel Brooks, version bande dessinée.
C’est un grand classique contemporain, et un des nombreux pionnier a allier le rock et les bulles !

«  Frank Margerin présente »... est l’intégrale à posséder dans votre bibliothèque, ça ne prend pas plus de place par rapport à des bouquins de BHL, voir même vous pouvez les retirer et compléter avec les prochaines intégrales de la « Little Big Collec’ Série Or » de Fluide Glacial.

FRANK MARGERIN présente / Frank Margerin (scénario & dessin) / Fluide Glacial - Little Big Collec’ Série Or