SEVERINE LAVAUX FAIT BATTRE LE CŒUR DE MONTMARTRE

SEVERINE LAVAUX FAIT BATTRE LE CŒUR DE MONTMARTRE

Il vous faudra gravir les dernières marches qui mènent au Sacré-Cœur de Montmartre, avant d’arriver place du parvis. Vous reprenez alors votre souffle, au pied de la Basilique, quand une douce mélodie d’antan arrive soudainement à vos oreilles. Votre regard scrute en direction de la provenance des notes d’accordéon, puis se pose sur une belle jeune femme souriante et habillée comme au début du siècle dernier. Dans un instant de pur bonheur magique, comme il n’en existe qu’à Montmartre, vous venez de faire là une incroyable et exceptionnelle rencontre avec une personne qui sort vraiment de l’ordinaire.

Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, elle est là l’accordéoniste de Montmartre et vous ne pouvez pas la louper parce que non seulement elle joue juste, mais en plus son décor, qui théâtralise sa prestation, est bien loin d’être banal. Son répertoire nous entraîne inexorablement vers l’ancien Paris, celui de 1900, et plus particulièrement vers la poésie qui se dégage de ce lieu chargé de l’histoire de la commune libre du Vieux Montmartre. D’ailleurs hier dimanche, alors qu’il faisait soleil, on pouvait voir une mamie entraîner sa petite fille dans une valse musette qui devait lui rappeler son jeune temps. La carte postale se complète souvent place du Calvaire, derrière la place du Tertre, avec le Maire folklorique mais néanmoins poète Jack-André Yatt qui exerce ses talents auprès des touristes qui peuplent la terrasse de l’ancienne Auberge du Coucou appelée aussi Chez Plumeau.

Séverine Lavaux est une artiste multiface qui a plus d’un tour dans son sac, puisqu’elle n’est pas qu’une accordéoniste. Elle commence la danse à l’âge de 4 ans, puis la musique lorsqu’elle en a 10. Elle consacre toute son enfance et son adolescence à la danse classique, aux claquettes, à la danse de salon, au solfège, à l’accordéon et au piano. De cours en examens et de concours en spectacles, elle arrive à l’âge de 16 ans et n’a pas vu le temps passer. On la trouve timide, ce qu’elle est, et son entourage la met au défi d’affronter la foule. Sachant ce qu’elle veut, elle accepte le pari, prend son accordéon et s’en va jouer à Montmartre qu’elle découvre sous un autre aspect que celui de la simple promenade dominicale. A présent elle joue face aux touristes qui viennent des quatre coins du globe, à la recherche de ce morceau de Paris dont on leur parle tant, celui d’il y a bien longtemps. Cela fait presque 17 années que Séverine travaille dehors, tout en continuant ses spectacles de cabaret et elle ne quittera plus la Butte. Elle ne voudrait arrêter pour rien au monde car, comme elle nous le dit, lorsqu’on a goûté au sirop de la rue on ne peut plus s’en passer. Séverine a deux grands rêves auxquels elle s’accroche, le premier serait d’avoir un petit appartement sur la Butte et le deuxième consisterait à ouvrir un Cabaret très typique, avec accordéon et French Cancan qu’elle pratique durant ses spectacles. Elle enregistre aussi des CD de sa musique et organise de nombreuses fêtes. Cette artiste ambulante est également passionnée de peinture et de sculpture. La voir jouer peut embellir un instant nos vies, nous faire penser à l’univers de Mistinguette, d’Arletty, de Gavroche et autres Poulbots Montmartrois.

Placée contre le mur de l‘ancien pressoir de l‘Abbaye de Montmartre, rue Azaïs qui a servi de toile de fond à L’effacé, un court métrage de Frédéric Vignale, Séverine Lavaux donne à son petit coin un avant goût de paradis. Près de son parasol champêtre, qui la protège un peu du soleil et des intempéries, sa décoration florale donne déjà à cet endroit des airs de fin de printemps voire de début d’été sous une tonnelle d’où retombent en grappes quelques glycines mauves et montent des lilas bleus rosés.

Cette magnifique artiste des rues aurait eu, en d’autres temps, sa place dans une émission de Pascal Sevran.

L’accordéon de Séverine secoue notre mémoire comme celle de nos grands-parents qui eurent la chance de vivre à la Belle-Epoque et de nous en parler comme d’un vrai bonheur et d’une insouciance d‘avant la guerre de 1914. Ils nous racontaient les grandes robes des belles dames et les beaux habits des chics messieurs qui aimaient s’encanailler dans des cabarets où il n’était pas rare d’apercevoir les froufrous d’une culotte féminine un peu coquine. Montmartre a toujours été le lieu de résidence ou de villégiature de nombreux peintres, poètes et écrivains qui embellirent tout le vingtième siècle. C’est cette âme-là et toute la mémoire de la Butte que nous raconte l’accordéon de Séverine qui pleure cet heureux passé. Née un 13 juillet, Séverine ne pouvait pas ne pas aimer la musique et la fête. La Bohème c’est tout elle, aurait pu dire Charles Aznavour, vu qu’elle nous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… mais qu’ils ont certainement envie de découvrir pour oublier leurs soucis quotidiens.

Séverine Lavaux c’est un peu le Paris d’autrefois, celui qu’on aimait tant… mais aujourd’hui tout fout le camp, si des artistes comme elle ne veillent pas sur notre patrimoine culturel.

Pour prendre contact c’est au 01.45.98.35.77 ou 06.07.89.17.24 et sur Facebook

E-mail : severine.lavaux@hotmail.fr