Le Havre, ville érotique ?

Le Havre, ville érotique ?

Avec une zone industrielle pas très sexy, de très sérieuses inquiétudes pour l’emploi, la santé, l’éducation.... et la vie culturelle, il faut une bonne dose d’optimisme pour trouver à la ville du Havre un profil avenant. Malgré ces brumes, Le Volcan Seine nationale veut nous offrir quelques moments gorgés de peps. Ce n’est pas de refus. Ça nous aidera peut-être à sortir d’un trop long hiver.

Il n’est pas rare d’entendre dans les rues du Havre, et même durant les séances du conseil municipal dirigé par Antoine Rufenacht (UMP), des slogans du genre : « Y’en a ras-le-bol, de ces guignols. Qui ferment nos usines. Qui ferment nos écoles ! » Il n’y a pas si longtemps, les militants culturels havrais avaient aussi joué avec les décibels pour protester contre la fermeture du cinéma l’Éden et la restructuration du Volcan. L’Éden est fermé « pour des raisons de sécurité ». Le Volcan est devenu un EPCC. Le Cabaret Électric ne sait pas trop sur quel pied pogoter... Mais, comme on dit, le spectacle continue.

Pour l’heure, faisons semblant d’oublier ces péripéties et jetons un œil ou même les deux sur une programmation qui promet de transformer Le Volcan en « maison de plaisirs ». Chiche !

Au menu, pour commencer, nous avons La Parpaillole-souricette, une pièce de Dario Fo (Mort accidentelle d’un anarchiste, Faut pas payer...), prix Nobel de littérature 1997. L’histoire mise en scène par Yvan Duruz se déroule à une époque où il n’était pas aisé d’imaginer ce qu’il y avait sous les jupes des filles.

La Parpaillole-souricette – Dario Fo/Yvan Duruz. Du mardi 23 au vendredi 26 mars, à 19h30, au lycée Jules-Lecesne. Durée 55mn. Tarif : 5€. Pour public averti.

Philosophe libertaire, psychanalyste, professeur émérite de littérature comparée à l’Université de Paris VII-Jussieu, Roger Dadoun embrasse la sexualité dans toutes ses manifestations, du sublime à l’obscène. Avec un humour caustique, il sonde la littérature, l’art, bien sûr, mais aussi la publicité, le sport, les médias… Et si ce « fast fuck de l’imaginaire » saturé de plans bien cadrés sur des décolletés et nombrils gonfleurs d’audimat finissait par tordre le cou du bel Éros ?

L’érotisme, ça n’existe pas ! (sauf si tu veux) par Roger Dadoun. Lundi 19 avril, à 18h30, amphi A5 URF Lettres et Sciences humaines à l’Université. Entrée libre.

Cœurs croisés. Le nom rappelle un célèbre soutien-gorge. Le spectacle de Philippe Decouflé, directeur artistique du Crazy Horse, est plutôt dédié à l’art d’enlever le haut (comme le bas). Le chorégraphe bouscule le strip-tease (féminin et masculin), les jeux de séduction, les fantasmes dans un show burlesque où corps « parfaits » et « imparfaits » entrent en ébullition. Intimement mêlées, images crues ou décalées, scènes torrides ou farfelues, danses fragiles et prouesses de music-hall font souffler un vent frais sur le monde de l’effeuillage.

Cœurs croisés – Philippe Decouflé. Mardi 27 avril à 20h30, mercredi 28 & jeudi 29 avril à 19h30 au Grand Volcan. Durée 1h30. Tarif normal : 25€. Pour public averti.

Avec Je Baise les yeux, la soirée se poursuivra en compagnie de trois jeunes femmes spécialistes du strip-tease qui, dans le plus simple appareil, répondront à des questions essentielles. Comment la femelle excite-t-elle le mâle ? Quel est le profil sociologique du client type ? Quel est l’enjeu du duo lesbien ? Un « modérateur » anime la conférence-spectacle qui s’annonce très explicite. Une performance où danse, théâtre, philosophie et psychanalyse se mettent à nu.

Je baise les yeux – Gaëlle Bourges (danseuse-chorégraphe qui a notamment créé Strip, performances dans des cabines téléphoniques transformées en peep show). Mardi 27 avril à 22h30, mercredi 28 & jeudi 29 avril à 22h au Petit Volcan. Durée 1h10. Tarif normal : 18€. Pour public averti.

En marge de ces rendez-vous, Peter De Bie, artiste culinaire, prince de l’érotisme de bouche, proposera une installation surprise… Allongez-vous et laissez faire le maître et ses complices.

Undeuxdouce – Peter De Bie. Mardi 27, mercredi 28 & jeudi 29 avril à saisir au vol, entre 19h et 23h, au Fitzcarraldo. Pour public averti.

Enfin, les amateurs/trices de palpations et de caresses seront comblé-e-s avec le Secret Service imaginé par Felix Ruckert, danseur formé chez Pina Bausch. Les yeux bandés et les mains attachées, livrez-vous à une déambulation sensuelle et étourdissante au milieu de corps inconnus. Il n’y a ni spectateur ni performer. Le visiteur devient lui-même danseur. Il est conseillé d’ôter le plus de vêtements possible. Si l’émotion devenait incontrôlable, vous pourriez quittez le jeu à tout moment.

Secret Service – Felix Ruckert. Mardi 27, mercredi 28 & jeudi 29 avril sur rendez-vous, entre 19h et 23h, dans le hall du Petit Volcan. Pour public averti.

Bien joli programme. Reste juste à regretter, encore, la fermeture de l’Éden où nous aurions sans doute pu voir quelques bobines affriolantes et/ou décoiffantes comme l’excellent documentaire que Jean-Michel Carré a dernièrement consacré aux travailleu(r)ses du sexe. Au moment où la question de la réouverture des maisons closes revient sur le tapis, le débat n’aurait pas manqué de croustillant.

Carte Rose écarlate (Cœurs croisés, Je baise les yeux, Secret Service) : 34€. Carte Rose tendre (Cœurs croisés, Je baise les yeux, La Parpaillote-souricette) : 34€. Informations au 02 35 19 10 20 et sur le site du Volcan Scène nationale