Plaidoyer pour la défense d’une ville culturelle : Metz

Plaidoyer pour la défense d'une ville culturelle : Metz

En tant que natif de Metz, électeur inscrit sur les bulletins de vote et acteur artistique actif depuis plus de quinze ans, je suis très inquiet de la crise culturelle sans précédent que connaît ma ville, ces derniers mois.

Les masques sont tombés depuis quelques temps chez les responsables chargés de la Culture qui mènent une politique innommable, mesquine, mégalomane et préoccupante qui sinistre le terrain. Des lieux ferment, des artistes fuient, des personnalités de tout premier rang sont limogées sans retenue.

Les conséquences de ces mauvais choix, des tactiques personnelles, des guéguerres internes, des jeux de pouvoir politiques ont largement dépassé le cadre du local. C’est désormais d’un point de vue national que Metz la culturelle est raillée, boycottée et moquée.

Au niveau de l’image, la ville devient une caricature de ce qu’elle est réellement. On parle d’une ville de footballeurs qui négocie une politique élitiste, inappropriée, patrimoniale et incohérente. Une politique où le foncier et la spéculation financière sont devenus les premiers rouages du décisionnaire.

On fait venir à grand renfort de promesses et de publicité de grands professionnels, puis on les évince dès qu’ils marquent trop le territoire de leur fougue ou de leur talent.
Les messins sont considérés outre Lorraine comme des arriérés incapables de s’ouvrir sur les autres régions et en premier lieu les villes frontalières luxembourgeoises, allemandes ou belges avec lesquelles il n’existe pas de véritables échanges ou alors des simulacres pour la bonne conscience.

Metz renie son identité. Son histoire est riche, les différentes annexions en avaient fait une place plurilinguiste forte, et cette particularité tend à disparaître au profit d’une attitude sectaire qui la renferme sur elle-même, qui la sclérose. Cet avantage est devenu nul et non avenu.

Aujourd’hui la situation est grave, la Culture pour tous sans couleur politique ni religieuse (car la culture se démarque du culte, et est avant tout laïque) n’est pas représentée à Metz.
Enjeu de pression, de main mise personnelle, de lutte d’influence et de savants calculs, la Culture à Metz n’est que la tête de pont d’une crise plus grave qui gangrène cette ville où les étudiants ne peuvent pas s’exprimer ni faire la fête comme à Nancy, la sœur ennemie florissante.
La culture populaire n’existe pas ou plus à Metz, le char de la fête de la Mirabelle n’est qu’un vulgaire trompe l’œil qui ne masque même plus la réalité des faits. C’est un spectacle désuet qui n’attire plus personne, les fastes d’antan sont loin. Economiquement cette désaffection a un prix pour les commerçants.

Metz a oublié de regarder sa jeunesse en face, de lui préparer un avenir doré, de l’entourer de toute son attention. Vaste spectacle institutionnel, lieu de règlement de compte, la ville carrefour d’hier est en train de s’isoler peu à peu de sa situation privilégiée.
Strasbourg, Nancy et même Sarreguemines et leur enthousiasme en chaîne ont réussi le pari culturel mieux que notre ville qui se meurt de ne pas avoir su se régénérer et s’ouvrir à d’autres stratégies pour le futur.

Il faut agir pour dénoncer cette crise et nous le ferons avec force et conviction.