LA POESIE NE DECHAINE PAS LES FOULES

LA POESIE NE DECHAINE PAS LES FOULES

Quand j’étais lycéen, j’écrivais déjà des poèmes. J’étais naïf, plein d’illusions et je pensais qu’il y avait un public pour les poètes. Plus de vingt-cinq ans après, j’écris toujours et je publie depuis quelques années mais je me rends compte de mon erreur. La poésie, de nos jours, ne déchaîne pas les foules. Soit on la considère comme « ringarde » car teintée d’un sentimentalisme larmoyant et daté, soit on la considère comme « élitiste » , faite et lue par des universitaires, hermétique, incompréhensible et vite marginalisée.

Elle n’attire pas vraiment un public de masse. Elle n’est pas appréciée à sa juste valeur.

Or, la poésie contemporaine, pour qui la connait bien, est loin de ces clichés. Elle est dans la réalité de son époque, elle évolue comme la langue évolue également, c’est un langage vivant et non une langue morte. Il y a encore des poètes de talent, de Valérie Rouzeau à Jacques Ancet, d’Emmanuel Berland à Stella Vinitchi Radulescu sans compter les grands anciens Yves Bonnefoy, Bernard Noël et Charles Dobzynski...Et j’en oublie beaucoup. Il y a donc une palette remarquable de poètes comme autant de nuances pour dire une poésie « contemporaine » et vivante.

Mais qui les connaît ? Ces auteurs sont peu médiatisés, ils passent rarement à la télé, ils ne sont pas « à la mode », ni « bankable » ni « people », ils ne créent pas le « buzz » autour d’eux. Vous me direz « heureusement » et vous aurez sans doute raison.

Sans tomber dans les pièges d’une médiatisation à outrance et d’un marketing savamment orchestré qui transforment les oeuvres d’art en « produits » et les auteurs en « « archétypes », on pourrait décemment parler des poètes contemporains et pour une fois les mettre en avant.

Comme on le fait des artistes contemporains et de certains romanciers.

Un jour viendra où en France cela sera possible. Cela l’est sous d’autres latitudes. On peut espérer que dans le pays de Rimbaud et d’Aragon, d’Hugo et de Desbordes-Valmore, les médias prendront conscience que vivent et écrivent des poètes dont les mots peuvent changer le cours d’une vie, donner un sens à l’existence et élever un peuple.