Promesse électorale de Nicolas Sarkozy, la création d’un ministère chargé de l’Immigration et de « l’Identité nationale » a introduit dans notre pays un risque d’enfermement identitaire et d’exclusion dont on mesure, chaque jour depuis deux ans et demi, la profonde gravité. Très officiellement, des mots ont été introduits sur la scène publique, qui désignent et stigmatisent l’étranger — et par ricochet, quiconque a l’air étranger. Réfugiés et migrants, notamment originaires de Méditerranée et d’Afrique, et leurs descendants, sont séparés d’un « nous » national pas seulement imaginaire puisque ses frontières se redessinent sur les plans matériel, administratif et idéologique.

C’est avec consternation que nous apprenons que l’Université du Havre s’engouffre dans cette fissure de la République. Camille Galap et Antoine Rufenacht ont ainsi signé un appel à un débat sur « les valeurs de la France » qui se tiendra le 25 janvier dans les locaux de l’Université. Nous condamnons le fait qu’un président d’université, élu et lié à la communauté universitaire par un mandat, cautionne un débat au risque de dérapages et de propos stigmatisant l’étranger qui auraient pour seul but de draguer l’électorat d’extrême droite. Nous sommes affligés que les locaux de l’Université Républicaine prennent le risque d’accueillir et légitimer des paroles de rejet et de repli sur soi.

Ces débats ne peuvent servir qu’à légitimer la politique de « l’Identité Nationale » menée par le gouvernement depuis deux ans : de nouveaux objectifs d’expulsion d’étrangers (27 000 par an), des rafles de sans-papiers, l’enfermement d’enfants dans des centres de rétention, le délit de solidarité, l’expulsion des exilés vers certains pays en guerre au mépris du droit d’asile, la multiplication des contrôles d’identité au faciès, et enfin la naturalisation à la carte, préfecture par préfecture, au mépris du principe d’égalité devant la loi… Ainsi, les conditions d’accueil des étudiants étrangers se sont détériorées et la préfecture refuse régulièrement la délivrance des titres de séjour, y compris quand il n’y a aucune raison pédagogique valable.

Nous sommes fermement déterminés à nous opposer à ces attitudes dangereuses pour les valeurs républicaines.

À l’appel de SUD Etudiant, de l’UNEF, de l’UEC, de la JC, du MJS, de la Ligue des droits de l’Homme, des Verts, du Parti de gauche et du NPA, un rassemblement se tiendra le lundi 25 janvier, à 17h, devant la fac du Havre, pour protester contre la tenue du prétendu « débat sur l’Identité nationale »

Dessin emprunté à Fanch