Identité mon cul !

Identité mon cul !

Identité. Nationale. Je me demande bien quel est l’illuminé qui a eu
l’idée absurde d’accoler ces deux mots. Alors en faire un débat, ça
dépasse mon imagination. Un grand débat juste pour attiser la haine,
stigmatiser l’autre, celui qui vient d’ailleurs ou qui en est
originaire. Autant dire que l’amalgame est d’autant plus facile quand
la couleur de peau s’assombrit.

La Nation, pourtant, c’est juste le cadre, le socle sur lequel chacun
devrait avoir la liberté de construire sa propre identité, ses
valeurs personnelles. Oui mais voilà, la liberté n’est plus un mot à
la mode. Pour tout dire, c’est ringard. Alors pour reposer nos
neurones et nous éviter de réfléchir, on voudrait nous vendre de la
valeur et de l’identité en kit. Et interdire la burqa. Menottez-moi
la petite dame et arrachez-lui le voile qu’elle a sur la gueule. Ça
fera 750 euros madame. Et Valérie Pécresse qui voudrait que les
jeunes des banlieues portent pas la casquette de travers. On fait
quoi Valérie ? On fait une loi ? On les envoie en prison
où on attend encore un peu ?

Christian Estrosi, qui a dû apprendre l’histoire dans une tribu
indigène de Papouasie Orientale, affirmait sans rire (ou alors en
riant à l’intérieur, mais comment être sûr qu’il y a quelque chose à
l’intérieur de ce corps-là ?) qu’un débat sur l’identité nationale
dans l’Allemagne des années 30 aurait pu empêcher de nombreux
désastres. Ben voyons Christian... Ce débat, t’as l’impression qu’il
est plus proche de l’idée d’une race supérieure, ou d’un grand moment
de tolérance et d’ouverture d’esprit ? C’est vrai qu’on imagine bien
les Hutus et les Tutsis danser la farandole après un grand débat sur
l’identité nationale au Rwanda.

Mais le meilleur arrive : un débat opposant (?) Marine Lepen et Eric
Besson chez Arlette Chabot (mais qui a bien pu lui souffler
l’idée ?). Eric Besson ou Marine Lepen, c’est la peste ou le choléra.
Mais cherchez l’erreur : face à Marine Lepen, c’est écrit, Besson ne
peut que sortir vainqueur. Magnifique leçon de manipulation en prime-
time pour faire du Ministre de l’Immigration, icône de la trahison et
de l’opportunisme politique, le chantre de la démocratie et de
l’humanisme. Horreur ! En opposant le noir foncé et le noir clair, on
pousse le choléra à déclarer forfait. C’est la peste qui gagne. Mais
la brune... Celle qui se propage insidieusement et qui pose
finalement les vraies questions de ce débat : jusqu’où irons-nous
dans le culte de cette haine, dans la stigmatisation d’un Islam qu’on
accuse de tous les maux ?

Faut-il être devin ou simplement lucide pour se demander combien
d’Ilan Halimi, de Brahim Bouarram, combien de meurtres racistes sont
à prévoir dans les mois et les années à venir ? N’est-ce pas un crime
d’Etat d’entretenir le climat qui va les provoquer. La mère Bachelot
aurait pas un vaccin pour ça ?

Quand on voit que Hortefeux reçoit le prix de « la lutte contre le
racisme et l’antisémitisme », décerné par l’Union des Patrons et
Professionnels Juifs de France, ça fait pas un peu peur quand même ?
C’est pas une provocation pour nos amis Auvergnats ? Et pourquoi pas
Obama Prix Nobel de la Paix ?
Puisse l’Histoire, dans l’inéluctable répétition de ses cycles, en
adoucir les drames et l’intensité des horreurs qu’elle nous resert
régulièrement...