Chaud l’avion, y’a pas photo même au scanner corporel !

Chaud l'avion, y'a pas photo même au scanner corporel !

Désormais il faut s’attendre aux regards musqués et attendris des douaniers des aéroports, un beau métier qui suscitera des vocations à coup sûr pour celles et ceux qui n’auront pas froid aux yeux. Nitro et clin d’œil appuyés, c’est le nouveau registre des voyages dans les airs. Chaud, chaud devant….

Toutes les frustrées et tous les frustrés du sexe devraient tenir la chandelle à ce jeune homme Nigérian hors norme, qui a déclenché enfin leur fringale de mains palpitantes par les belles et les beaux uniformes des gens de l’air et des frontières. La sensuelle approbation des doigts crochus ne demande aucun consentement mutuel. La loi c’est la loi ! Quelques instants seulement dans la vie d’un faune et c’est la vie qui chavire à l’aune de la récompense suprême, qu’on en redemande sa dose ultime. Vivement un nouveau départ, décollage immédiat. L’attente décuple l’excitation non feinte. Et puis pour corser la situation, on aura doigt aussi au scanner corporel qui ne se refuse rien.

Le string de travers de cette rombière fanée. La ficelle calcifiée et mouchetée de tâches chocolat au dessert pour cette autre palefrenière de première. « Les dessous chics » de Gainsbourg à la bourre, toute l’intimité en un instant qui coûtera bonbon aux chers contribuables, soit 20 fois plus qu’un vulgaire appareil à rayon X. Il faut vivre avec son temps, pas vrai ? Les messieurs ne seront pas oubliés. Tous les goûts et les odeurs seront de la partie. O fête, est-ce que le scanner restitue aussi les effluves et relents personnels de notre petit intérieur maison cossu qui sue le coton et le synthétique à tout bout de champ ?

L’individu tri dimensionnel de la femme et l’homme moderne c’est la gageur du scanner corporel. Il s’épelle, il s’effeuille couche par couche, striptease actuel instantané en quelques secondes. Et toujours la dimension temps gagné sur les secondes. Palpations, palpitations, palpitants mis à nu sous l’œil de big brother, ce grand frère qui vous déshabille pour votre sécurité. Plus aucune intimité, c’est la révolution de l’informel. Plus de secret à cacher, circulez il n’y a tout à voir en un instant.

On pourrait aussi trier les personnes sous les portiques selon leur corpulence, leur indifférence à se montrer courtois avec un surpoids qui peut déséquilibrer l’avion et donner une certaine gîte à sa consommation de carburant. Aujourdhui, les rachitiques et décharnés du béret passent gratis. Cure d’amincissement pour tous les autres s’ils ne veulent pas mettre la main au porte-monnaie.

A quand les crânes et les joues lisses pour tous sur le modèle inconditionnel dicté par l’ordinateur de chez big-brother ? Les femmes à barbe ne seront pas épargnées, elles subiront le même sort. La coupe maillot ne fera plus recette, puisque le méchant scanner voyeur détectera jusqu’à votre pilosité la plus personnelle.

Vous avez aussi pensé aux tonnes de mouchoirs en papier qui devront être utilisées par les douaniers. Non pas par ce que vous pensez du fait de votre esprit mâle tourné, mais seulement du fait que se rincer les yeux à longueur de journée, ça attire immanquablement les larmes !

Les Misérables, le best-seller en période de crise du père Hugo fera recette puisque tout le monde voudra savoir et connaître la technique des forçats qui planquaient leur maigre pécule dans leur cul ou une simple lime à ongle pour se passer de manucure !

D’ailleurs, voyager en avion révélera aussi une certaine image de votre standing social, du même type que celui ou celle qui est parvenu à s’acheter une toquante en chocolat suisse avant que ne s’inscrive ses cinquante balais dans le rétroviseur. Au diable les vices de l’avarice et ses varices !

Ses orifices ou son orifice suivant la nature de votre sexe seront aussi exposés au rayons du grand farfouilleur testeur derrière son écran géant en trois dimensions. Et si par mégarde, la souris clique et braque ses quinquets avides sur l’objet de dévotion qui lui tourne boule la cervelle et qu’en plus elle détecte un quelque chose d’insolite, style stérilet fantaisiste, gode, plug ou autre colifichet de votre petit plaisir, ce sera l’ouverture de l’ère à d’autres pratiques sexuelles que le commun des mortels dans son ignorance plate ne pouvait même pas imaginer. Le douanier deviendra votre complice et pourra à lèvres feutrées vous demander en dehors du service quelques conseils sur votre instrumentalisation fonctionnelle.

Le fist, nom angliche de cette invention qui consiste à introduire un poing, une main et les doigts qui vont avec et fouiller vos fondements, ce sera le top nouveau pour aguicher la libido en berne de mademoiselle, monsieur ou madame. Chérie, tu veux bien me fister profond, demain je prends l’avion. Monsieur le douanier, je peux utiliser mon gel intime ? Ma flore ne supporte aucun autre produit, je suis allergique au fluide orgasmique modèle déposé par vos services des douanes. J’ai d’ailleurs une prescription de mon médecin traitant.

C’est vraiment dingue quand j’y pense. Tout ça à cause d’une simple seringue remplie de 80 gramme de penthrite, qui a le pouvoir sournois de changer le visage du monde et lancer une sonde sur de nouveaux rapports humains plus proches et amoureux. La nouvelle vague sera à l’uniforme de douanier. Les fétichistes seront à l’affiche.

Il y aura aussi bien sûr cette catégorie de minables, des moins que rien, des va nu pieds, des sans grades et des fauchés, vous savez, celles et ceux qui se gaussent de vivre le plus nu possible tout au long de l’année. Même que des voyagistes ont senti le filon leur proposent déjà des voyages juste avec leurs Il y aura aussi bien sûr cette catégorie poils comme seuls vêtement. Ainsi ils ne seront pas trop dépaysés. Le charme discret de la légèreté sans le décolleté qui dépareille vos oreilles que vous portez haut. En revanche, elles et eux qui aiment vivre nu entre elles et eux sans subir le regard égrillard extérieur, il se pourrait bien que les quinquets vicelards du douanier repoussent leur chant du départ au lendemain. Lorsqu’ils devront s’exécuter sous le portique et exhiber leurs attributs naturels en provoquant la machine dans ce qu’elle a de plus repoussant : elle mate et épate le quidam qui n’a jamais vu un cul nu de sa vie !

Heureusement pour moi qui suis allergique à l’ordre ambiant des humanos. Moi qui ne suis qu’une bête à part qui en jette. Je suis bien contente finalement de mon sort qui ignore les paroles de la chanson de Dutronc : « J’aurai aimé être une hôtesse de l’air, les fesses en l’air ». Plus dure sera la chute !