L’amour la mort en sous sol se carambole Mona Cabriole !

L'amour la mort en sous sol se carambole Mona Cabriole !

Opus de la série Mona Cabriole aux éditions la Tengo, Six pieds sous les vivants d’Antoine Chainas saigne, heeeeeeeeeee ! signe ses pages d’un regard corps / gore. Un certain underground artistique est passé à l’hémistiche de son scalpel, qu’on en redemande sa dose d’hémoglobine pour ne pas trop s’enticher de la bile et autres humeurs bien senties, via les paillasses de l’Institut médico-légal. Qui se cache vraiment sous le blase d’Adriana de Rais ? Mona devra encore une fois capter le vrai.

L’Institut médico-légal de Paname quai de la Râpée monte en Seine un macchabée dont la caboche s’est fait la malle ! Oui mais pas n’importe quel macchabée à rendre bouche bée d’effroi, Mona Cabriole, la journaliste au webzine Parisnews qui se voit enquêter sur le corps vestige, vestale de l’autre empaffé d’Adriana de Rais, une succube clone de Marilyne Manson, rocky star qui se voulait bête à part de l’underground branché. Pour tout horizon : 360 casiers réfrigérés qui fondent un mur à eux tout seul sur fond sonore de l’incessant bourdonnement asthmatique des circuits de refroidissement. Sang séché, aggloméré, couche sur couche. De la rocaille. Un truc épais. La cabine est régulièrement passée au Kärcher, mais elle s’accroche à la vie, elle s’accroche. (page 15)

Cinquième volet des aventures de Mona dans cinq arrondissements différents de Paris, Antoine Chainas, tout comme ses prédécesseurs a du s’acquitter de la contrainte de faire évoluer son héroïne dans un polar rock qui fleure bon l’air de la capitale, cette fois dans le douzième.

Quelques mots de l’auteur qui n’est pas un inconnu de la Noire chez Gallimard (Aime-moi, Casanova, Versus et Anaisthêsia). Il s’en est donné du cœur à l’ouvrage pour la plus grande joie de ses lecteurs qui ne seront pas déçus de ses mélodies en sous sol qui jouent des castagnettes entre les os et les chairs sanguinolentes où les vits en pamoison questionnent les cavités évidées des carrières ! Il sait magner le scalpel de son clavier, lui le fin gourmet gore qui se définit selon une « attirance instinctive pour les déviants, les marginaux, tous ceux qui à la périphérie de la société, définissent bien mieux que n’importe quel discours pontifiant, la normalité ».

Dans mon monde, on vend tout ce qui ne s’achète pas. (…) Dans mon monde, les cauchemars s’arrêtent au générique de fin. Il y aura des rediffusions. Dans mon monde, le soleil ne se couche jamais. Il ne s’agit que d’un projecteur. (Page 78 / Adriana de Rais)

Mona palote s’infiltre comme un filtre dans les pensées écrites par Adriana de Rais afin de déchiffrer son énigme. Un ténébreux libraire la fait tomber en amour fou. Il est le messager de sa quête. Elle met la main sur le journal de la pop star qui écrit en scène sa propre mort, comme une annonce de son remord vivant.

Une nouvelle fois et selon l’écrivaine ou l’écrivain qui scénarise les aventures de Mona à Paname aux éditions La Tengo, la personnalité introvertie ou avertie de la donzelle se mue d’épisodes en épisodes, de la nymphomane à la masturbée frénétique.

Autres sous-sols en délire, après le cinquième arrondissement avec Marin Ledun, décidément Paname se vit la nuit à l’abri de la lune opaline et le sang y mugit. Antoine Chainas éclectique, éloge de sa bande son rock trépasse la défroque d’Aristide Briand au Boléro de Ravel sur Trust in La mort rôde, David Bowie, Silmarils en passant en chantant par The Velvet Underground.

Durant ses aventures, Mona aurait pu fredonner : Astrid est à l’amour / Ce que la chambre froide / Est à L’institut médico-légal / Et si elle préfère Charcot / Au marquis de Sade / C’est dû à sa nature sentimentale / Pour conserver l’amour / Le froid est souverain / Ainsi s’explique l’éternel féminin. (Astrid : Costric / Gaspéris in Ramon Pipin’s Odeurs : 1980 No Sex !

Nouvel épisode haletant qui je pense marque déjà d’une nouvelle vision romanesque les aventures de Mona Cabriole. A suivre encore et toujours d’autres aventures sous les plumes d’Arthur H, Joseph d’Anvers….. avec comme toujours Paname comme héros malgré lui.

Six pieds sous les vivants d’Antoine Chainas, collection Mona Cabriole aux éditions La Tengo, septembre 2009, 8,50 euros