A la recherche de la nouvelle star : Gildas Thomas

A la recherche de la nouvelle star : Gildas Thomas

Le Mague a pris la désobligeante habitude d’inviter au sein de ses pages virtuelles un nombre impressionnant de stars du paysage artistique mondial, délivrant ainsi à ses lecteurs les dessous les plus chics de nos étoiles.

Il existe cependant çà et là de parfaits inconnus dignes d’intérêt eux aussi ...

Réparons donc cette injustice ! Le Mague peut aussi être Le magazine dénicheur de talents.

Gildas Thomas en est de ceci. C’est une perle rare dans l’océan musical français où une multitude de niaiseries coexistent.

De passage à France Inter, dans les salles parisiennes, quelques lignes dans Télérama, Paris Capitale, Thomas est un jeune auteur compositeur en devenir et son premier album " J’m’endors " devrait ravir vos petites oreilles sensibles.

Le site de Gildas Thomas

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1- Cinq mots commençant par T vous définissant bien.

Thé Toison Temps Travail Tee-shirt

Je rajouterai un prénom aussi : Thierry (arrangeur pianiste directeur artistique)

2- Votre " village de Toscane " est-il celui du paradis perdu ? Vous ne vivez qu’avec des regrets ?

Vous ressentez une pointe de regrets dans cette chanson ? Pas du tout dans mon intention. Elle est écrite au présent, et elle née en 20 minutes sur un banc, dans un village de Toscane, au moment où je vivais une émotion forte. Elle raconte ce que je ressentais à ce moment-là. C’est un premier jet, presque éjaculatoire. Avec en toile de fond un clin d’œil au romantisme, en rapport avec le temps qui passe, car on sait que les choses, quelles qu’elles soient, ne durent jamais. Et quand on est heureux, on voudrait que ça ne s’arrête pas. C’est aussi bête que ça. Certains auteurs prétendent n’être capables d’écrire que dans la souffrance, cela peut m’arriver aussi, mais le bonheur m’inspire tout autant. Rien n’est perdu, jamais, car ce qui est vécu de beau l’est à jamais.

3- Faîtes-moi part de votre première expérience dans l’univers musical ?

Une flûte à bec à l’école primaire ? Mon premier groupe de rock au lycée en buvant des kros le samedi dans un garage pourri ? Pas très original..
Non je me souviens prendre la tête à ma mère quand j’avais 4 ou 5 ans car je ne comprenais pas qu’on puisse écrire la musique. Ca me paraissait fou qu’on puisse mettre sur un papier un truc qu’on entend avec les oreilles. Comme elle avait fait du piano dans sa jeunesse, elle m’a appris à lire les notes. J’ai su le faire avant de savoir lire, mais aujourd’hui mon niveau de solfège n’a guère progressé…

4- Au dos de la pochette de votre album vous semblez vous échapper vers un ailleurs. Merveilleuse ascension ou phénoménale chute ?

J’adore ce genre de question. C’est une question d’exégète .
J’ai fait une séance de photos sur un toit parce qu’on trouvait ça joli.
Une trentaine de clichés, debout, assis, accroupi, en mouvement, immobile, de face, de dos,… et on a gardé ce cliché parce qu’on le trouvait bien. Le plus réussi. Qu’est ce qu’il exprime ? ? Je n’en sais rien, et je m’en fous royalement. Je sais juste qu’il me correspond bien (dans quel sens ? aucune idée) et qu’il intrigue, étonne, (la preuve, vous me posez la question…) et donc c’est un bon visuel d’affiche !

5- Qu’est-ce qui fait créer Gildas Thomas ?

Le fait de vivre, tout simplement. Je vis, donc je crée. C’est comme ça depuis toujours. Je connaîtrai peut-être le succès ou une certaine reconnaissance, peut-être pas. Peu importe.. Mais j’écrirai toujours des chansons, même pour des tiroirs. C’est en moi. Le format chanson me correspond bien. J’ai en permanence un carnet et un dictaphone sur moi. Je note tout, ce que je vois, j’entends, vis ou lis. Je suis en chasse en permanence, pas forcément de l’idée qui « tue », car tout a déjà été fait, mais du point de vue différent que je vais pouvoir apporter, avec ma touche, ma griffe propre. Je sais que je n’aurai pas le temps de tout réaliser, tout achever, et ça me rend fou.

6- C’est quoi selon vous une chanson réussie ?

Une chanson réussie ? D’abord une bonne mélodie que les gens vont tout de suite mémoriser. C’est capital pour moi. Je prône profondément la défense de la chanson populaire. Ensuite, un texte en parfaite osmose avec cette mélodie, qui touche les gens dans leur intimité, par le rire ou les larmes, peu importe. Nous avons besoin de toutes les palettes de sentiments pour vivre, comme nous avons besoin de salé, de sucré, de vin, de fruits, de douceurs et de piments dans notre nourriture.

7- Dominique A ou M ?

A 100% M. Il a tout. Ecriture, originalité, mélodies, un son perso, bête de scène. Top. Et en plus il chante d’enfer. C’est important ça aussi. Je trouve qu’il y a trop de chanteurs qui chantent comme des buses en France. Chanteur c’est utiliser un instrument, un moyen d’expression pour véhiculer quelque chose, et quand l’instrument est franchement pas terrible, ça m’emmerde. Mais c’est typiquement français ça !
Et justement Dominique A me laisse froid . Je trouve aucune de ses chansons chantable, ça ne me touche pas. Et en plus, il chante vraiment pas top ! !

8- Que manque t-il à Gildas Thomas pour être une super star de la chanson française ?

Plein de choses . D’abord c’est quoi être une star ? Mon ambition est de toucher un maximum de gens en étant le plus profondément possible moi-même. Pas à pas, avec un travail artisanal . Je revendique profondément cette notion d’artisanat.
Ce qu’il manque, c’est encore du travail, améliorer l’écriture, peaufiner les couleurs musicales, affiner encore l’interprétation, jouer, jouer ,jouer, et faire des ou LA rencontre(s) qui permettra de mieux médiatiser tout ça. J’ai déjà rencontré mon alter ego, artistique et musical, Thierry Anmuth, et cette relation est un bonheur. Il y a Benoît Simon aussi, guitariste hors pair, qui ne manque pas d’idées.
Mais il manque le tourneur, le manager, la personne qui va faire parler, qui va vendre.
Aujourd’hui je me sens prêt. Je veux vivre des chansons que j’écris et des spectacles que je crée. En vivre. Manger, voyager, payer mes impôts, élever mes mômes avec ça, avec ma passion. Vivre de ce que l’on aime, c’est le plus beau privilège qu’on puisse imaginer. Après, être une star, ça me paraît flou, voire ridicule dans l’idée…
Qu’on me demande une photo ou un autographe, et ça m’est déjà arrivé, je trouve ça déplacé. Ca me rend mal à l’aise.

9- Quelle est la chanson que vous auriez rêvé d’écrire ?

« Qui c’est celui-là » de Pierre Vassilu.
Drôle, légère, populaire tout en racontant un vrai truc à l’intérieur . C’est le summum pour moi. C’est comparable pour moi au génie de Gosciny dans Astérix.

10- Que signifie pour vous le mot "rencontre" ?

Vous voulez me faire repasser le bac philo, vous ! !
La rencontre, c’est ce qu’il y a de plus beau dans la vie. L’amour, comme l’amitié ne naissent qu’avec des rencontres. Alors que la haine est quelque chose qui peut se transmettre de façon ancestrale (guerres de religions/ Juifs - arabes…)
La belle rencontre est celle qui est un juste mélange de hasard et de « destin ». Quand on aime la natation, et qu’on rencontre la femme de sa vie à la piscine, c’est une belle rencontre.
Et puis il y a des degrés de rencontres. Dans notre métier, on fait fréquemment des rencontres, dans les festivals, les spectacles, les stages. Avec plein de gens avec qui on va boire un verre, ou partager un repas, s’échanger un tel ou un e-mail, et peut-être ne jamais revoir. La belle rencontre est celle qui dure, celle qui fait s’orienter votre vie dans un sens qu’elle n’aurait pas eu sans cette rencontre.
Et ça on ne le sait qu’avec le temps, sauf dans les cas de coup de foudre ! ! (je sais de quoi je parle..) On rencontre quelqu’un quelques minutes, et votre vie est changée pour les 15 ou 20 prochaines années ! C’est fascinant. Tous les artistes du vivant, écrivains, auteurs, cinéastes, photographes, scénaristes, sont fascinés par ce sujet.
La rencontre est indispensable, fondamentale car l’homme n’est pas un solitaire. Même le marin seul pendant 3 mois en pleine mer est là parce que son aventure a été possible grâce à des rencontres.

11- Quelles sont vos peurs ?

J’ai très peur de l’orage. Et de ne plus vivre un jour.

12- De quel musicien français vous sentez-vous le plus proche ?

En tant que musicien , j’admire beaucoup René Aubry ou Yann Tiersen. Parmi les chanteurs, je citerai Renaud, Sheller, Souchon, Thomas Fersen, Dutronc, Sanseverino (le premier album), Barbara, Telephone, Mickey 3D, Gainsbourg, Nougaro,…

13- De quoi sera fait votre prochain album ?

J’hésite encore entre une compile de brames de cerfs ou d’égorgements de moutons. Sans fioriture musicale. Du brut, du vrai, du naturel !
Sinon il sera dans la continuité du premier. Je me mets déjà à l’écriture de nouvelles chansons, sachant que le plus dur sera le choix des chansons car il y a déjà une trentaine de titres qui attendent leur habillage.
Je serai vigilant à enregistrer des chansons qui me correspondent au moment où je le fais. Je pense donc qu’il y a des chansons que j’ai faites il y a quelques années, pas mal du tout, mais qui ne seront jamais enregistrées.

14- Que faisiez-vous le 11 septembre 2001 ?

J’allais chercher ma fille à l’école. Un pote m’a appelé pour me prévenir du truc. Tout le monde parlait de ça à la sortie de l’école. Première fois que j’entendais parler de Ben Laden .

15- Que pensez-vous des mégalos et des narcissiques ?

Les mégalos sont plutôt amusants quand ils sont identifiés comme tels. Tant qu’ils ne font de mal à personne comme peut le faire un maire qui entraîne sa ville à la faillite.
Quant aux narcissiques, tout est question de degré. Je pense qu’il faut un minimum s’accepter ou s’apprécier soi-même pour faire des choses pour ou avec les autres. Le petit regard dans la glace, remettre une mèche en place, percer un bouton, réajuster son col, se trouver « pas mal », je trouve ça sain. Prétendre ne jamais le faire relève pour moi de la malhonnêteté, ou de la tristesse. Oui la vie serait triste sans narcissisme et les artistes, quels qu’ils soient, le sont toujours.

16- Quel est votre peintre préféré ?

Je suis inculte dans ce domaine. Mais j’aime bien aller voir des expos. Je ne pense pas avoir de peintre préféré car à chaque fois, je me dis tiens, j’aime bien ce tableau-ci mais je n’aime pas celui-là.
Et dans tous les courants, il y a des trucs que j’apprécie et d’autres pas du tout.
Mais je suis toujours fasciné par le décalage qu’il y a entre le travail de l’artiste, des heures et des heures à peindre, à se prendre la tête sur des détails devant son chevalet, à maîtriser son art et les quelques secondes que nous passons devant l’œuvre, émus ou indifférents.
Quelle ingratitude ! Mais c’est ce qui fait que la peinture est un art, car l’artiste ne peint pas d’abord pour séduire, mais pour exprimer quelque chose de sincère, de personnel, qui touchera ou ne touchera pas certaines personnes. C’est le contraire du show-bizz quoi…

17- Quel est le mot ou la citation qui vous hante constamment ?

« Allez les verts ! » J’étais môme au moment des exploits de St Etienne en football, et j’ai toujours gardé ce club dans mon cœur, je m’intéresse à ses résultats, c’est une part d’enfance qui reste, alors que le reste du foot me dégoûte plutôt aujourd’hui .

18- Quelles sont vos drogues de prédilection ?

On peut se droguer de plein de choses. De travail ou de sexe.
C’est plutôt ça pour moi. Surtout le deuxième !... Mais me rendre dépendant d’un produit, quel qu’il soit, café ou héro, très peu pour moi. Mais j’aime bien un petit pétard de temps en temps, et un bon vin en mangeant.

19- Pouvez-vous nous livrer votrez dernier texte en exclusivité pour nos lecteurs ?

Je vous l’envoie en pièce jointe. « Dans les yeux de l’assistante dentaire »

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20- Par quoi souhaiteriez-vous terminer cet E-terview ?

J’aimerais pouvoir vous chanter une chanson, à la guitare.