« Litteul Kevin 8 » le biker gaulois petit format en couleur !

« Litteul Kevin 8 » le biker gaulois petit format en couleur !

Coyote, après 6 éprouvantes années d’absence, nous concocte un Litteul Kévin qui balaie le flanc du blanc et noir à sa porte. Balaise et à l’aise, tant dans les dessins de ses personnages croqués aux petits oignons, que dans ses histoires autour du môme biker en famille qui ne grandit pas plus vite que son ombre, dès fois que sa tignasse gauloise lui tombe de sa bécane. Des dialogues chargés d’humour et on the road again vers de nouvelles aventures toutes en couleur !

Motarde routière mémère en tant que simple passagère derrière le Bartos, j’ai découvert l’univers des bikers sous le trait efficace de Coyote le serial dessinateur dans les colonnes du Pavé dans la Marre, satellite de la jeune mutuelle des motards active et revendicative via le mouvement de la FFMC (fédération des motards en colère). C’est aussi dans les numéros d’automne de Moto magazine ex Pavé dans la Marre, que j’ai lu avec beaucoup de plaisir quelques chapitres à sortir du présent album.

En 1990, Coyote réalise pour Fluide Glacial, la figure de Litteul Kévin, un sacré rejeton ! Evidemment, contrairement à ce que beaucoup ont voulu y voir et même si je me suis servi de mon vécu, je n’ai jamais raconté notre vie dans Litteul Kévin. J’ai idéalisé la famille que je voulais avoir et le père que j’aurai voulu être.

Etonnante famille tout de même ! Sophie, la mère véritable bombe humaine pas du tout bimbo décervelée, sait se révéler bien plus féroce qu’une bande de bikers très en forme. Pas toujours facile de piger toutes les subtilités masculines de ces deux mâles. J’ai beaucoup de mal à vous suivre, les mecs. Je ne sais plus où sont les métamorphoses et où est le premier degré…J’ai la sensation de me casser par un duo de faux-culs. Mamie, la maman de Sophie sait fumer le calumet pour calmer ses aigreurs contre Chacal, le père de Kévin. Sophie, tu vis avec un voyou… le voyou qui m’a volé ma petite fille, mon bébé, mon poussin. Chacal tout en muscle et grande gueule : Ehoh, calmos, la vieille poule… Madame fait pousser de la zeb entre ses concombres. Et c’est moi qu’on traite de voyou !!! C’est aussi un malade imaginaire au grand cœur, grand partageur au club avec ses frangins du bitume. Kévin, sait dire tout haut ce qu’il pense sans aucune retenue. A propos de son daron : Il est à moitié alcoolo, à moitié drogué, à moitié con… Mais jamais d’excès ! Il gère la gouaille du père et le bon sens de sa mère et même ses little copains pas toujours très clairs.

De cette famille un tantinet foutraque et chébran Harley petit Kévin, pour Coyote le coup de foudre date de ses 12 balais. Quand j’ai eu 12 ans, il y a eu le film Easy Rider ! Les cheveux dans le vent, la liberté… Je ne me reconnaissais pas dans le mouvement hippie que j’aimais pourtant bien, mais là, c’était des hippies à moto : encore mieux !

Et puis, la BD, il est tombé dedans et quelle potion, d’autant que ses personnages avec leurs tronches, on dirait des Gaulois !
C’est le moment de rendre à César ce qui lui appartient ! Je me suis toujours réclamé de Gotlib. Mais avant lui, j’ai appris à lire, seul vers l’âge de 4 ans, en feuilletant des Astérix. Un jour, un collègue m’a fait remarquer qu’avec ses cheveux blonds et ses gros sourcils noirs, mon Litteul Kévin, c’était Astérix ! Le nez de Chacal et ses pommettes sont « obélixiennes ». Et puis mes bikers, avec leurs barbes et leurs cheveux longs, c’est un village gaulois !

Il se défend contre les clichés. Dessiner des motos qui ressemblent aux véritables en suggérant le ronflement si particulier des Harley, Coyote sait se défendre sur la page blanche.
Je ne voulais pas entrer dans le côté fanatique. Après, j’aimerais avoir plus de temps pour dessiner des motos. C’est très dur et très long à dessiner, une moto. Il faut en connaître la mécanique, savoir que le caoutchouc des pneus n’a rien à voir avec celui des poignées. Bref, plein de choses de ce genre. Le cahier des charges est énorme.

Six ans, c’est long entre deux Litteul Kévin, comment se fait-il O fête ? Coyote s’active aussi autour de la série « Les Voisins du 109 » et déteste la routine.
J’ai la prétention de me considérer comme un artiste, plutôt que comme un artisan. Je n’ai pas envie de faire la même chose toute ma vie. J’ai besoin d’essayer des choses nouvelles. Je ne voulais pas m’enfermer dans Litteul Kévin. J’avais des envies, comme travailler en collaboration avec d’autres gens. Ca n’a pas été toujours évident, mais je le voulais !

Sacré caractère le bonhomme qui transparaît dans sa BD au milieu de ses personnages, qui crachent des dialogues et vous tordent les cordes vocales à rire et tourner les pages puis vous fondre dans ces vénérables histoires. Du chalet à la neige avec Mamie qui joue au flipper contre les bides des bikers, à la baston à la loyale avec des bâtons de saucisson, à la Mamie fumette très cool, à la parade gay et lesbien où Chacal garde les corps ce qui lui donne des idées de bébé avec Sophie et j’en oublie.

Chaque page est désopilante. Envie de se poiler, vite ma dose du huitième album de Coyote et son Litteul Kévin qui dégomme à pleine gomme !

Litteul Kévin 8 de Coyote, 48 pages couleur, éditions le Lombard, 10,40 euros.

Existe aussi en version limitée : l’album le même en noir et blanc.