J’ai mes identités qui me démangent

 J'ai mes identités qui me démangent

Maman aime pas le programme nucléaire de papa. Lui, pas facile à cerner, n’est pas très "sexe, drogues et rock’n’roll". Ma main droite donne des claques à ma joue gauche. La photo de mon shenasnameh tire la langue à celle de ma carte d’identité. Monsieur Sarkozy, le président de ma république natale, pose une question qui met mon cerveau en ébullition. Am I moi or quelqu’un d’autre ? Have I the droit d’exister or am I une méchante chose à moustache ?

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Maman aime pas le programme nucléaire de papa. Lui, pas facile à

My name : Keyvan, my langue : French épicé somewhat métissé, my pays : le ciel bleu et tout ce qui est en dessous, my identité ? Rêveur de rêves, faiseur de choses, diseur de blagues, croqueur de pommes, chatouilleur du temps qui passe... J’ai beau chercher, je ne trouve rien de "national" là dedans. Je ne pleure pas sous les drapeaux, je ne contrôle pas les arbres généalogiques des gens avant de les embrasser, je ne crois pas aux petits traits qu’on trace par terre pour dire où s’arrête le toi et où commence le moi et je ne suis pas très chaud pour mourir pour la France (ou l’Iran d’ailleurs).

Est-ce que ça veut dire que je dois rendre ma carte d’identité (et mon badge) au patron ? Tu l’aimes ou tu la quittes, qu’il disait. Choisis une fois pour toutes ton côté de la barrière. Tu veux être un cowboy ou un indien ? Non, tu ne peux pas être autre chose, faut en choisir un des deux, et pronto mon pote, parce qu’on a toute une file de 30 millions de métis à tamponner après toi. What are you ? Loup-garou or loup-garé ? Bigarré, égaré ? Mal garé ! Stationnement gênant, vous pouvez pas rester. Faut vous trouver une place quelque part d’adapté. P’tet sur une île déserte pour dingos désaxés, mulâtres désorientés, humanoïdes complexés qui s’inventent des problèmes rien que pour nous embêter.

Et pourtant ma Nation, je l’ai tellement adorée. C’était une de mes stations de métro préférées. Je l’aimais mieux que République, Concorde ou Bonne Nouvelle. Une gare aux portiques pas trop durs à sauter, avec sur les quais presqu’assez d’sièges pour tout l’monde. S’y côtoyaient clodos, businessmen, guitarreros, bottines mondaines. C’était ça ma Nation. Elle partait tous les jours dans tout plein de directions sans même une seule seconde avoir peur de se perdre.