« Panorama » de Kent, juste quelqu’un de très bien !

« Panorama » de Kent, juste quelqu'un de très bien !

Kent nous revient sans jamais nous avoir quitté avec de vraies fausses nouvelles chansons à la sauce acoustique à deux grattes, la sienne et celle de Fred Pallem. C’est à la suite d’une tournée Panorama tour avec son acolyte qu’est né le concept de l’album Panorama. En fête, un bilan futuriste basé sur des versions inédites. Je vous rassure, sur scène le Kent se dépense toujours au portant et n’a pas renié pour autant l’éclectique de son style électrique et sa verve poétique !

La dernière fois que j’ai vu / entendu se mouvoir à m’émouvoir ce cabri de Kent sur scène, son domaine favori, c’était lors de la sortie de Bienvenue au club (2006) à Magne le Congre. La banlieue aseptisée de chez Mickey dans le 7.7 sur Paname avait accueilli le rock homme pas du tout toc et quel fibre énergétique le zigue ! Il m’avait laissé un souvenir envoûtant de confusion, débordant du tempo, soudé à son groupe de musicos qui touchaient un rayon à la fibre de sa zizique sur des textes bien sentis

C’était je crois mon album chouchou de Kent après Métropolitain en 98 qui aussi était très réussi ! Qu’est-ce que c’est le monde ? / Des idées reçues à coups / de pied dans le cul / des idées révolues. Comme quoi, le zigue se déraille de sa voix de garage et sait à chaque fois nous surprendre à rebrousse poil, gage de son talent toujours remis en question.

Avec Enzo Enzo sa frangine slave et suave, j’ai adoré son album en duo Enfin seuls ! Toujours se remettre à l’ouvrage et surprendre son public sans jamais le laisser en rade. Il me rappelle à bien des égards le parcours du bosseur créateur touche à tout de géni des arts plastiques et des mots, tout comme lui, le Charlelie à la couture de ses expressions et son amour des métropoles de la planète terre. Ces ceux là ont l’âge de leur printemps florissants !

Panorama, album attendu et conçu dans sa tête depuis 30 ans de chansons sur scènes, c’est le grand partage des cordes avec Fred Pallem (homme orchestre / musicien et co-réalisateur de l’album) qui sèchent aussi leurs grattes aux décibels éclectiques.

Ce qu’il y a de vraiment bath dans cet album, c’est qu’il ne présuppose pas un historique carriériste du Kent. Les taiseux y laisseront leur quatre heure au goûter sur leur faim. J’étais très heureuse de découvrir des chansons dont j’ignorai l’existence et même des inédites et d’autres encore revues et corrigées pour s’accorder aux deux guitares du son acoustique.

Pas « le meilleur de Kent » en langue franche comprise par tous les franchouilles, mais un voyage dans la panacée du passé recomposé d’un futur étrange et à la revoyure, la visite de ses chansons préférées.

Pour la rando, il est aussi accompagné des pointures qui lui vont à ravir son choix devant. Arthur H revisite avec enthousiasme Besty Party du répertoire des Starshooter, Dominique A pas convainquant s’endort dans ses miasmes comme à son habitude sur Je suis un kilomètre, Barbara Carlotti (totalement inconnue de mes esgourdes pourtant pas sourdes) joue à la muse à Tous les mômes, Agnès Jaoui se prend pour un mec sur Paroles d’hommes, et Suzanne Vega (la rousse américaine qui déjà en 1996 participait en tant que choriste à l’album Nouba), cette fois nous narre à sa façon Juste quelqu’un de bien.

Trois inédits complètent le tableau de cette œuvre originale. Panorama qui donne son titre à l’album : J’ai la mémoire en Acropole / Une réserve naturelle / Un désespoir au-dessus des pôles / Et l’espérance au pied du ciel. Kent a la verve poétique qui lui explose la chique (déjà dans Un Autre occident sorti en 1993, il mettait en musique des textes de Jacques Prévert (Pater Noster), Samuel Beckett (Les mirlitonnades) et Paul Eluard (L’Enfance maîtresse) !.

Cash hommage au légendaire homme en noir et Une ville à aimer parachèvent les nouveautés. Pour cette dernière, c’est le pied de nez urbain à son légendaire Allons à la campagne désabusé : Bien sûr le silence, la nature / Les sommets saturés d’air pur / Le retour à la source du paradis / Comme c’est beau / Comme je m’ennuie.
J’adore sa version acoustique d’Un peu de Prévert, quel pied ! Superbe L’homme du Havre (que je dédie à mon cher collègue Paco), textuel barré par Kent comédien inspiré digne d’un Queneau (moins l’humour), en intro de Congas et Maracas, une tronche de vie d’un type banal qui a perdu son boulot et qui s’oublie tout ! Congas et maracas / Et moi tout oublier / Les écrous et les tabous / Moi tout faire twister / Pas besoin d’être fou / Pas besoin d’être saoul / Danser un point c’est tout / Sur des rythmes vaudous.

Album sous le signe de la maturité ravissante, quel homme bien, ce Kent ! Sur scène il dégage des ondes à vous décerveler la poudre au nez d’une époque à gerber. Excellent remède à l’éveil des consciences pour rentrer en résistance, Kent solide comme un rock man bouscule les préjugés et on en redemande notre dose de Panorama à tous les étages !

Kent : Panorama, depuis le 12 octobre dans les bacs.