Liberté pour Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani

Liberté pour Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani

Peu à peu, des initiatives émergent pour sortir Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani, ex-militants d’Action Directe, de prison. Trois rendez-vous sont à noter pour le 21 novembre.

« Ceux de l’Extérieur tressaillent en lisant les anciens récits des rituels sanguinaires d’Amérique centrale. Mais à l’Intérieur, où a cours la religion du droit d’exception, on pratique encore le sacrifice humain. Comme le prêtre maya chantait, dansait et priait pour que les dieux fassent pleuvoir ou repoussent l’envahisseur, l’administration promulgue, décrète et verdicte pour faire régner l’ordre comme la sécurité et contenir les hordes d’immigrés. Mais l’ordre pénitentiaire ne serait pas ce qu’il est s’il ne remplissait aussi sa fonction à destination de ceux de l’Extérieur : le sacrifice carcéral rend supportable la servitude salariale. La voilà la place centrale de la prison dans la gestion postmoderne de l’ordre social ! Pour l’essentiel, rien n’a changé depuis les jeux du cirque de la Rome antique : l’homme ne se croit libre que de côtoyer des esclaves et d’avoir l’occasion d’exercer son droit d’un tour de pouce – plutôt vers le bas. Halte aux prisons quatre étoiles ! Il faut faire preuve de fermeté ! Finalement ils ont peut-être raison. Je refuse cette civilisation. Pour sa barbarie. Parce que je porte en moi les graines d’un monde sans cirque ni esclavage. »

Ces quelques lignes, signées Jann-Marc Rouillan, nous les retrouverons en janvier prochain dans Paul des épinettes et moi à paraître aux éditions Agone (où l’auteur de La Part des loups a travaillé, de décembre 2007 à octobre 2008, durant sa période de semi-liberté). Édité en 2002 par L’Insomniaque sous le titre Paul des épinettes, le livre sera enrichi par des pages qui traiteront notamment de la « justice », de la semi-liberté, de la maladie et de la mort en prison.

Si les écrits arrivent à passer relativement bien les murailles, ce n’est pas aussi simple avec les corps, même malades comme c’est le cas avec Jean-Marc Rouillan, ex-militant d’Action Directe et actuellement membre du NPA. Incarcéré depuis près de 23 ans, il est aujourd’hui, atteint du syndrome de Chester-Erdheim (maladie auto-immune rare et évolutive qui exige un traitement expérimental légalement impossible à administrer en prison) et demande à bénéficier d’une suspension de peine pour raison médicale comme le prévoit la loi du 4 mars 2002, dite « loi Kouchner ».

Aux Baumettes, à Muret ou ailleurs, Jean-Marc Rouillan n’a plus rien à faire en prison. Comme Georges Cipriani, il a terminé sa peine de sûreté depuis 2005. Jusqu’où ira la vengeance de l’État ? Privé de soins, Jean-Marc Rouillan serait-il condamné à une peine de mort lente ? Rappelons que Maurice Papon, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité, a pu profiter de la « loi Kouchner » fin 2002. Et, avec ça, entre autres choses, il serait interdit de trouver cette France-là monstrueuse...

Des voix s’élèvent pour faire sortir Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani de cabane. L’Organisation communiste libertaire (OCL) et le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ont récemment dénoncé l’acharnement de l’État contre ces deux prisonniers politiques. En plus des rassemblements mensuels devant la direction de l’Administration pénitentiaire et après un concert donné par Dominique Grange dans le Nord, trois rendez-vous sont à noter pour le samedi 21 novembre :

À Marseille, les camarades et groupes de défense et de soutien aux militants d’Action Directe emprisonnés (Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani) et tous ceux qui voudront répondre à l’appel se réuniront autour du thème « Histoire sans parole », à 15h30, à l’Équitable Café, 54 Cours Julien (13006).

À Toulouse, dans le sillage des actions de l’ARPPI contre les longues peines et les mitards, pour la libération des malades, des handicapés…, une déambulation est organisée en ville par L’Échappée. Rendez-vous devant la prison Saint-Michel à 14h. Un rassemblement-concert est également annoncé devant la prison de Muret (où est Jean-Marc Rouillan), à 17h30. Faîtes du bruit !

Au Havre, le groupe Zéro de conduite organise un concert avec les Porcs autonomes, à 20h30, aux Lucioles 31, rue Casimir-Delavigne. Des textes puisés dans les livres de Jann-Marc Rouillan seront également lus.

Pour écrire aux prisonniers :

- Jean-Marc Rouillan, 9496 A 109, CD de Muret, Route de Seysses, 31600 Muret.

- Georges Cipiani, 5250 MC Ensisheim, 40 rue de la 1ère Armée, 68190 Ensisheim.