David Guetta met le feu aux platines du Mague

David Guetta met le feu aux platines du Mague

« David Guetta Blaster » est de retour. Non content d’avoir écoulé 250000 albums de ’Just A Little More Love’ pour faire ensuite bouger les dance-floors du monde entier sur le single éponyme, le garçon revient avec ’Guetta Blaster’ lui aussi flanqué d’un single ’Money’ (qui sert d’appel d’offre au film ’People’) et une soixantaine de dates de mix all over the World.

De Lille à Ibiza (forcément) l’écart de body-music n’est pas si extraordinaire pour cet artiste de 35 ans capable de faire sonner juste un album qui peut se danser, s’écouter et s’apprécier.

A l’heure où les maisons de disques taillent dans les contrats artistiques des artistes, toi, tu te payes le luxe de sortir un second album ?

David Guetta : « J’ai cette chance effectivement. Je suis fondamentalement contre la piraterie mais pour le téléchargement. Le problème vient de la transition. IL faut simplement qu’il y ai une offre de meilleure qualité pour que les gens soient prêt à payer 1 euro par titre comme cela se passe aux US. Qu’il y ait bien une pochette à télécharger mais pas une tonne de virus avec. Pour l’instant, seul l’artiste paye l’addition et le fournisseur d’accès se gave. »

C’est paradoxal en sachant que pour toi, le chanteur et ses disques sont ta matière première ?

David Guetta : « Bien sur. Mais si je viens aujourd’hui avec mon premier album et que j’essaye de le vendre aux maisons de disques je ne suis pas sûr de trouver un contrat. »

Le titre de ton second album s’autorise un joli jeu de mot, à ton avis, est-ce que Le Ghetto-blaster est à l’origine du monde pour un DJ ?

David Guetta : « Je suis très influencé par les années 80 et le ghetto blaster en fait particulièrement parti. J’ai commencé en plus dans le hip-hop et cette symbolique old-school me plaisait. En plus « blast » signifie pêter et je crois que l’album fait tout pêter sur son passage. »

Notamment la première piste ’Money’ me fait penser à un Death In Vegas qui aurait investi les dance-floors ?

David Guetta : « Il y a une dimension plus rock dans ce nouvel album. Il y a aussi beaucoup plus de chansons. Il sonne plus pop. IL y a moins ce côté boucle et répétition. Ca s’inscrit toujours dans une culture DJ mais avec plus d’attention dans la composition. »

L’introduction, je dirais les deux premières pistes, plantent un décor fait de paillettes et de show ? quelque chose de plus organique dans l’approche ?

David Guetta : « ’Money’ c’est le single du film ’People’, il ouvre le bal du disque donc forcément c’est tape à l’oil. On met souvent les morceaux les plus accessibles au début. Pour ensuite rentrer dans un truc plus pointu. »

Peux tu me dire quelques mots sur Chris Willis qui t’accompagne sur beaucoup de titres dans l’aventure. Pourquoi avoir à nouveau choisi ce chanteur ?

David Guetta : « Lui c’est mon favori numéro 1. Le porte bonheur de mes disques. C’est un pilier dans mon travail. »

Ce fameux monsieur, quand il ne vocalise pas pour toi, chante dans les églises ?

David Guetta : « A la base c’est un chanteur de gospel. Je l’ai connu par hasard à Paris alors qu’il était en vacance. On a discuté de choses et d’autres quand il m’a dit qu’il chantait dans les églises à Nashville, je lui ai donc proposé de passer au studio pour lui montrer ce qu’on faisait. Dès la première heure ça a collé entre nous, on a enregistré immédiatement pour ne plus jamais se lâcher. »

Les titres avec lui ont un impact plus fort ?

David Guetta : « Je ne sais pas comment te l’expliquer. Disons qu’il y a une complicité quand on est ensemble au studio. Il y a toujours un truc magique qui se passe. »

Quel est ton but quand tu sors un CD de tes compositions ?

David Guetta : « Celui de me faire plaisir avant tout. Je fais de la musique pour m’éclater. Partager ce plaisir avec d’autres gens. C’est la démarche du DJ. Pour mes compositions c’est exactement identique. »

Le jeu marrant avec un DJ quand il sort un album c’est de connaître, ou de reconnaître pour les plus doués, les références qui pullulent ?

David Guetta : « Ca fait partie de la culture DJ. J’utilise pas forcément de samples mais il y a des clins d’oil prononcés. Je suis plus un bidouilleur qu’un compositeur. Ma musique est faites comme on fait de la cuisine. »

Sans le succès de « Just A Little More Love » tu aurais poursuivi cette voie du disque perso ou tu l’aurais abandonnée ?

David Guetta : « J’aurais continué mais pas de façon aussi intensive. Je n’aurai pas passé toutes mes journées de la semaine en studio. Simplement je me serai permis une journée de repos par ci par là pour continuer à faire ce que j’avais décidé de faire c’est à dire de la musique pour m’amuser. Je fais ça comme un hobby sauf que cela a pris une dimension un peu professionnel. Quand je pars au studio je ne me dis pas « Je vais bosser ». »

Sortir l’album au début de la période estivale c’est quelque chose d’obligatoire ?

David Guetta : « Ca dépend des pays. En France ça aide un peu. Le film ’People’ aussi a contribué à ce que cela sorte presque au même moment. »

Tu as vu ce fameux film d’ailleurs ?

David Guetta : « Je l’ai vu 500 fois, scène par scène. Ce qui était important pour moi c’était qu’Ibiza, mon fief d’été, soit authentique. Le film est ironique sur la vieille jet-set parisienne, pas sur le lieu en lui même. »

Pour un DJ qu’est ce que le beat imparable ?

David Guetta : « Ca dépend du moment. Ce qui est marrant : c’est que cela évolue selon les époques. Heureusement parce que sinon la musique serait toujours la même. On se ferait vite chier. »

On a l’impression que vos remix, que ce soit toi ou un autre, sont généralement quand vous êtes doués, supérieurs à l’ouvre originale. Est ce quelque chose qui pourrait devenir gênant ?

David Guetta : « Le remix n’est pas supérieur. C’est un complément. Quand l’artiste m’appelle pour faire un remix je souhaite que ce soit un morceau de bonne qualité qui ne fasse pas forcément bouger. Donc mon job c’est d’en faire quelque chose pour faire danser les gens. Si par contre, le type fait appel à un remixer car il a raté son morceau et qu’il veut utiliser son nom pour donner une valeur ajoutée, je pense que le remix n’a pas sa raison d’être et moi personnellement je ne le fais pas. »

Tu préfères reprendre Bowie en te disant que l’original est inégalable ?

David Guetta : « Je ne peux même pas imaginer dire que ma version soit supérieure à la sienne. L’original est 100 fois supérieur. Le seul truc que je me reconnais c’est que mon interprétation fasse danser. Voilà le but d’un bon DJ. »

Quand on dit de toi que tu es un entrepreneur de la nuit parisienne, tu ressens ça comment ?

David Guetta : « C’est vrai. J’ai crée beaucoup de lieu qui sont devenus mythiques dans la nuit parisienne, je n’ai pas à renier ça. Il y avait toujours un côté créatif à ces nouvelles expériences. C’est du spectacle, c’est de la mise en scène. Maintenant je laisse ma femme s’occuper de ce côté business tout en gardant un oil sur l’orientation musicale de certains endroits. »

Quand on regarde toutes les dates prévues te concernant, on pourrait se demander si DJ c’est pas similaire à un pilote de formule 1, c’est à dire une longue période de voyage tout autour du monde suivie d’un temps très court de performance ?

David Guetta : « Ce qui est éprouvant c’est le voyage en lui-même, la prestation en elle-même c’est intense en adrénaline mais c’est exceptionnellement jouissif. Quand tu fais 4, 5 dates d’affilées avec un jet-lag dans la tronche à chaque fois c’est parfois difficile mais le bonheur d’être aux platines est incommensurable. »

Avec un public à conquérir qui vient d’univers et de lieux géographiques différents ?

David Guetta : « La semaine dernière je suis passé d’un club de Bordeaux hyper branché au Festival De Cannes où les gens venaient plus pour le fun de la soirée que pour la musique en elle-même donc oui je dois m’adapter au public en face de moi. Je suis là pour mettre le feu sur la piste quel que soit l’essence utilisée. »

J’aurais aimé avoir ton sentiment sur le fait que généralement ce sont les filles qui entraînent les garçons sur la piste quand tu fais un set ?

David Guetta : « Je joue beaucoup pour les filles. Je ne me sens pas macho mais je joue vraiment pour la femme en particulier. Bob Sinclar ou moi, ce qui fait notre particularité c’est qu’il y a beaucoup de filles qui viennent dans nos soirées. C’est très agréable et plus sympa (rire). »