Sur les routes - Le phénomène des New Travellers

Sur les routes - Le phénomène des New Travellers

Dans l’ouvrage Sur les routes – Le phénomène des New Travellers, Marcelo Frediani, docteur en sciences sociales, qui a longtemps partagé le quotidien des New Travellers, nous livre une description minutieuse et souvent surprenante de ce milieu. En ethnologue, il répond aux nombreuses interrogations que font surgir inévitablement sur leur passage ces étranges tribus…

Qui sont les New Travellers ?
A cette question Marcelo Frediani tente d’apporter une réponse. Ayant vécu pour les besoins de son travail d’investigation dans des tentes et des vans de Travellers dans plusieurs camps du sud-ouest de l’Angleterre et près de la frontière galloise, Frediani a recueilli de nombreux témoignages de ceux que l’on appelle - un peu singulièrement - « les New Travellers » pour les distinguer de leurs aînés babas, également friands – mais d’une façon différente – de modes de vie alternatifs.

Dans Sur les routes – Le phénomène des New Travellers, livre document, à la fois travail d’ethnologue et de sociologue, Frediani – qui enseigne la sociologie des groupes marginalisés à l’Université Paris-VIII Vincennes - tente de cerner un phénomène des plus mouvants, car ces « nouveaux voyageurs » ne peuvent se rattacher sur le plan sociologique à une communauté homogène aux règles immuables.

Historiquement, ces New Travellers apparaissent massivement dans les années 80 en Grande-Bretagne, victimes à la fois de la crise économique et d’une situation dramatique du logement.
Actuellement, ils seraient entre deux et quinze mille personnes vivant dans des habitations de fortune (cabanes et huttes) ou dans des habitations mobiles aménagées (camions, bus, roulottes).

Qu’est ce qui pousse des milliers de jeunes à emprunter le chemin du nomadisme ? L’auteur de Sur les routes – Le phénomène des New Travellers prend l’exemple des New Travellers de Grande-Bretagne, y englobant à la fois les victimes d’une société de précarisation et ceux issus, particulièrement, des mouvements de la contre-culture.

Frediani, qui a mené une enquête très documentée – fruit de longues conversations et de nombreuses interviews –, tente de cerner les motivations de ces New Travellers. Ce choix du nomadisme est souvent lié à une situation de grande précarité – beaucoup viennent des squats et de la rue. Certains étaient toxicomanes. Lors des interviews, certains Travellers affichent des valeurs d’ordre écologique, environnemental et politique. D’autres évoquent une vie « plus simple et saine » le retour à la nature – cher à Rousseau ! -, ou même une quête de romantisme…

La vie quotidienne des New Travellers – les pages les plus intéressantes du livre - est largement évoquée. Un quotidien qui n’est guère de tout repos : les travaux de construction, de transformation et d’entretien de l’habitat occupent beaucoup de temps et d’énergie dans la vie des New Travellers. Cet habitat est au centre de la vie du Traveller, lui permettant son nomadisme. Le véhicule servant d’habitat fait souvent la fièreté de son propriétaire – les fameux bus double deckers à l’allure psychédélique sont le rêve de bon nombre de Travellers. En outre, ces derniers effectuent eux-mêmes la plupart des travaux sur les véhicules (camions, bus) nécessitant de fréquentes réparations.
Frediani évoque tous les aspects de la vie quotidienne : l’habillement, l’alimentation, l’éducation des enfants, le fonctionnement du réseau communautaire ou encore les rapports parfois tendus avec d’autres communautés du voyage.

L’auteur consacre également une large part aux évènements festifs des Travellers :

« Les Travellers, comme les Gitans, ont leurs propres rencontres festives. Selon Stangroome, lieu de rencontre par excellence des itinérants, les festivals de musique ont remplacé les foires. Mais souvent liés à des traditions païennes (comme à Stonehenge…), ces festivals de musique, ces célébrations « spirituelles » ou religieuses, ces camps à caractère politique et ces raves font partie d’un calendrier connu du milieu « alternatif » et underground. » (page 185)

Contrairement à une opinion répandue, le travail a sa place dans la sphère Travellers. Bon nombre d’entre eux ont un travail rémunéré : vente d’objets artisanaux pendant les foires ; travail dans les fermes - et parfois gratuité du terrain ; récupération d’objets (ferraille, bouteilles de verre) ; vente de voitures et de caravanes d’occasion…
Egalement, les nombreux festivals organisés par les Travellers (free festivals) -qui ont lieu entre les mois de mai et septembre – permettent une source financière non négligeable. Les allocations de l’Etat et la solidarité entre Travellers permettent de survivre.

Il existe une variante minoritaire du phénomène Traveller appelée « les New Age Travellers », particulièrement imprégnée par l’astrologie et l’ésotérisme. Cependant, Frediani note dans son ouvrage reprenant l’affirmation d’Hellas :

« La Grande-Bretagne essaie d’associer le terme [New Age] aux Travellers. L’expression New Age Travellers a été largement répandue par les médias. Sans doute, en un sens, ces Travellers sont New Age – à savoir lorsqu’ils cherchent un style de vie alternatif – mais rares sont ceux qui semblent engagés dans la quête spirituelle que cela implique. » (page 67)

Sur les routes – Le phénomène des New Travellers est un livre intéressant, des plus documentés, qui donne des informations inédites sur un phénomène finalement peu connu.

Sur les routes – Le phénomène des New Travellers, éditions Imago, 261 pages, 2009

Préface de Judith Okely

Prix : 22 euros