Le Petit Nicolas

Le Petit Nicolas

Cinquante ans après la parution de la première histoire du Petit Nicolas dans Sud-Ouest Dimanche, Laurent Tirard fait surgir sur grand écran le petit bonhomme universel dans une mise en scène tonique, non dénuée de poésie…

Nicolas mène une existence paisible… Il a des parents qui l’aiment, une bande de chouettes copains avec lesquels il s’amuse bien, et il n’a pas du tout envie que ça change…

Mais un jour Nicolas surprend une conversation entre ses parents qui lui laisse penser que sa mère est enceinte. Il panique alors et imagine le pire : bientôt un petit frère sera là, qui prendra tellement de place que se parents ne s’occuperont plus de lui, et qu’ils finiront même par l’abandonner dans la forêt comme Le Petit Poucet…

A la lecture du synopsis du film Le Petit Nicolas, on peut craindre le pire : une histoire gnangnan, pleine de bons sentiments, propulsée pour draguer un grand public toujours friand de nouvelles mièvreries …

Heureusement, il n’en est rien ! Laurent Tirard, le réalisateur de Mensonges et trahisons (2004) et de Molière (2006) nous offre avec Le Petit Nicolas un film sacrément alerte, à la fois drôle et d’une poésie rare. Le metteur en scène – qui auparavant n’avait jamais tourné avec des enfants - s’est librement inspiré de la célèbre bande dessinée éponyme des années 50, fruit de la collaboration de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé. Ce dernier commente ainsi le film de Tirard :

« Le film a été fait d’après le texte et mes dessins, mais pour moi, c’est un spectacle à part, qui a sa propre vie […] D’un point de vue cinématographique, je crois que ce film est un excellent moment, hors du temps, hors de tout, face à tout ce qui, dans la vie, nous oppresse et nous écrase. »

Dans ce conte, Nicolas (interprété par Maxime Godart, 9 ans) et ses camarades - une bande de joyeux potaches - jouent, travaillent, cogitent et frottent leur regard neuf à un monde considéré par eux comme burlesque et logique ou l’inverse. L’école primaire et les terrains vagues leur servent de point de ralliement. L’on redécouvre dans Le Petit Nicolas cette jubilation cinématographique et ce sens du merveilleux qui faisaient le charme d’un film comme Les Disparus de Saint-Agil (1938) de Christian-Jaque.

La vie à l’école, décrite de façon amusante, est l’occasion d’une perpétuelle partie de ping-pong entre professeurs et élèves, ces derniers divisés symboliquement en diverses sous-castes – le gros/le fayot/le cancre/le snob… -, cherchant à capter l’attention des premiers tantôt par leur érudition, tantôt par une imagination débordante.

Ce Petit Nicolas regorge de cocasses dialogues qui swinguent joliment. En outre, Tirard a choisi une distribution de rôles particulièrement efficace dans cette évocation oniro-comique de l’univers scolaire : la Maîtresse (Sandrine Kiberlain), le Directeur (Michel Duchaussoy), Mlle Navarrin (Anémone), le Ministre (Michel Galabru).

Quant à la famille de Nicolas, elle offre au cinéaste l’occasion de se moquer gentiment de cette moyenne bourgeoisie des années glorieuses, à la fois matérialiste, très famille, un peu fleur bleue. On signalera entre autres l’ironique scène de l’invitation à dîner des parents de Nicolas (Kad Merad et Valérie Lemercier) au patron M. Moucheboume (Daniel Prévost).

On sera également séduit par une image très léchée et des décors stylisés accentuant le réalisme du cadre social et l’intimité feutrée de l’environnement familial qui rappellent parfois l’univers de TatiMon oncle est d’ailleurs une des références du film.

Le Petit Nicolas est un film léger et savoureux, rudement bien ficelé, pour tout public, que l’on déguste avec un réel plaisir.

Le Petit Nicolas

Un film de Laurent Tirard

D’après l’œuvre de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé

Durée : 1 h 30