Carmen Maria VEGA, l’interview

Carmen Maria VEGA, l'interview

Nous avons eu le plaisir de rencontrer la chanteuse qui fait le Buzz depuis quelques mois, la talentueuse, pétillante et prometteuse CARMEN MARIA VEGA... voici donc une longue vidéo de presque 20 minutes qui vous permettra d’apprécier cette jolie brune, drôle et terriblement originale de la scène française. A découvrir d’urgence en tournée ou en un concert unique le 20 novembre 2009 à la Cigale à Paris....

Menteuse, alcoolo, va-de-la-gueule, hâbleuse, mal dans sa peau, vindicative, le personnage des chansons de Carmen Maria Vega n’est pas toujours fréquentable. Mais on cède dès le premier couplet à ses déclarations à l’emporte-pièce, à ses méchancetés jubilatoires, à ses impudeurs virulentes, à ses tendresses ébréchées. Depuis deux ou trois ans, son nom ne cesse de grandir dans les rubriques « à découvrir » et dans les conciliabules des professionnels : cette Carmen est un des personnages féminins les plus forts qui soit apparu depuis belle lurette dans la chanson française.

Carmen Maria VEGA, l’interview

Entre chanson traditionnelle, fables punk, rock néo-réaliste et swing manouche, elle chante à la première personne des émotions musquées et des portraits acides dont on peine à croire qu’ils ressemblent vraiment à cette guatémalto-lyonnaise brune comme la nuit et lumineuse comme la lame de rasoir. « On se sert toujours de soi quand on est sur scène mais, bien sûr, je grossis le trait, rassure-t-elle. Je suis gueularde et très énergique aussi dans la vie mais je n’ai jamais pris d’antidépresseurs. »

Et, d’ailleurs, Carmen Maria Vega n’est pas seule à être Carmen Maria Vega. Son nom d’état-civil est aussi le nom d’un groupe : elle au chant, Max Lavegie à la guitare, à l’écriture et à la composition, Alain Arnaudet à la contrebasse et Toma Milteau à la batterie. « Depuis le début, on nous appelle « les Carmen », même quand on était un duo. » Il y a quatre ans, elle rencontre le guitariste Max, qui a été pendant plusieurs années ingénieur du son en Grande-Bretagne. Carmen et lui travaillent d’abord un répertoire jazz pour se produire dans les clubs locaux. « Nous étions très mauvais. Comment faire "My Funny Valentine" sans être nuls ? C’est alors que Max a écrit "La Menteuse."

La chanson, avec son swing jazz et son insolence dévastatrice, est un révélateur : Max lui développera un répertoire à ses couleurs. Et La Menteuse va lui servir d’étendard et de carte de visite. Le duo passe sur scène dans un lieu réputé « A Thou Bout D’Chant ». Carmen Maria Vega s’y présente pour son premier concert, avec trois chansons et pas mal de trac : cette seule prestation leur amène une dizaine de concerts. Il faut travailler dans l’urgence pour construire un répertoire et enchaîner les dates. L’enregistrement d’un album est sans cesse repoussé, le groupe se contentant de maxis à vendre lors des concerts, puisqu’ils ont toujours une actualité sur scène avec plus de deux cents dates grâce à leur tourneur F2F, et une kyrielle de récompenses : le Chantier des Francos, le Fair, le off du Printemps de Bourges, deux prix au festival Chorus des Hauts-de-Seine et les prix du public et du jury à « Alors Chante 2009 ! » de Montauban…

Résultat : Carmen Maria Vega est déjà le buzz n°1 de la chanson française quand Universal Publishing puis le label AZ prennent le relais de l’excellent label lyonnais qui l’a révélée, Gourmets Recordingz.

L’album est enregistré en deux sessions de dix jours de studio entre Bruxelles (au fameux ICP) et Paris sous la houlette de Max en compagnie de Vincent Carpentier, Fred Jaillard et Xavier Bussy, équipe de magiciens de l’album "Comme Un Manouche Sans Guitare" de Thomas Dutronc. On y retrouve l’énergie et la gouaille de Carmen Maria Vega sur scène : le quotidien des cœurs mal assortis, les vies conquises par l’alcool, la cruauté de l’époque, les petites haines familières… Les chansons que lui donne Max Lavegie sont de fort caractère. Elle aime ces histoires rudes, drôles, poignantes : « L’écriture est un art et je ne souffre pas de ne pas le pratiquer... »

C’est aussi en comédienne que Carmen a abordé la chanson : « Ma mère m’a mise au cours de théâtre quand j’avais sept ans et pour moi la scène est évidente, alors que le studio est plus fastidieux. » Curieusement, elle n’est pas inspirée par les femmes qui l’ont précédée dans ce métier. « Il n’y avait pas de chanson française dans mon enfance et dans mon adolescence. On m’a bien offert un CD d’Edith Piaf quand j’avais quinze ans, mais ce ne sont pas les interprètes français qui m’inspirent. C’est plutôt Ella Fitzgerald, que j’ écoute depuis toujours même si je ne comprends rien à ce qu’elle dit. » Il reste d’Ella le goût du scat et un certain bonheur à pousser la note (comme dans le superbe "Finir Mon Verre"). Mais elle a aussi comblé ses lacunes en chanson française classique grâce à Brel ou Boby Lapointe : Ne chante-elle pas "Bourrée de Complexes" sur "On N’Est Pas Là Pour Se Faire Engueuler", la compilation-hommage à Boris Vian ?