Les antinucléaires ne sont pas les bienvenus à Colmar

Les antinucléaires ne sont pas les bienvenus à Colmar

Le réseau Sortir du nucléaire appelle à une manifestation européenne le 3 octobre à Colmar pour exiger la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim. La Préfecture met la pression.

Premier acte. À l’appel du Réseau Sortir du nucléaire (840 associations), un grand rassemblement européen est annoncé depuis des mois à Colmar pour les 3 et 4 octobre. Le rendez-vous coïncide avec la troisième visite décennale de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne de France, qui est en fin de vie. Cette inspection pourrait permettre une prolongation de l’exploitation de la vieille centrale.

Lors de plusieurs réunions avec les représentants du collectif Fermons Fessenheim et du réseau Sortir du nucléaire, les services de l’État ont acté que la manifestation du 3 octobre aura pour point de rassemblement la place Rapp, lieu traditionnel de rendez-vous pour toutes les manifestations à Colmar.

Second acte. À peine trois semaines avant le jour J, patatras. Les services de la Préfecture du Haut-Rhin ont subitement exigé le déplacement du rassemblement dans un lieu excentré et clos (le stade des Cheminots coincé entre une voie de chemin de fer et une route) et un changement d’itinéraire pour la manif. Raison « officielle » : la mauvaise volonté du maire de Colmar...

« S’agit-il d’une tentative de compromettre la manifestation de Colmar, pour laquelle plusieurs milliers d’antinucléaires pacifiques de France et de toute l’Europe sont attendus ?, questionnait alors le réseau Sortir du nucléaire. S’agit-il de la volonté de cacher aux yeux du public l’ampleur prévue de ce rassemblement et de la mobilisation populaire contre l’exploitation d’une centrale obsolète et dangereuse ? » À ce stade de la préparation, les antinucléaires ne pouvaient pas revenir en arrière. Des dizaines de milliers de tracts, de flyers, et de dépliants sont dans la nature pour un rendez-vous massif sur la place Rapp.

Troisième acte. Par peur des « éventuels groupes qui se mêleraient (…) pour casser et saccager », la préfecture du Haut-Rhin est revenue à la charge pour perturber l’organisation du rassemblement. Tempête des antinucléaires. « Que ce soit à Colmar en septembre 2002, à Strasbourg en septembre 2005 et en mars 2007, de même qu’à Cherbourg (30 000 manifestants le 15 avril 2006) et à Rennes (40 000 manifestants le 17 mars 2007), les manifestations organisées par le réseau Sortir du Nucléaire n’ont jamais donné lieu au moindre débordement. Plus proche de nous, la manifestation internationale anti-nucléaire de Berlin a rassemblé ce 5 septembre 2009 plus de 50 000 européens sans aucun incident. »

Histoire de bien mettre la pression, le Préfet a convoqué les médias régionaux (L’Alsace, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, France 3…), le 16 septembre, pour présenter un entraînement « spécial guérilla urbaine » de la police et des pompiers en faisant explicitement référence à la manifestation antinucléaire du 3 octobre. « Il s’agit clairement d’une tentative d’instrumentalisation de la presse, protestent les antinucléaires. Les autorités, qui savent parfaitement que toutes les manifestations organisées par le réseau Sortir du nucléaire sont pacifiques, font preuve d’irresponsabilité en évoquant des casseurs qui sont totalement imaginaires. »

Les dés sont jetés. Quoi qu’il arrive, c’est sur la place Rapp que des milliers de manifestants antinucléaires habillés en jaune (couleur du soleil) convergeront le 3 octobre, à 14 heures, pour exiger l’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim et la sortie du nucléaire.

Ayant sans doute en mémoire le piège policier qui s’était refermé sur la manifestation anti-OTAN à Strasbourg en avril dernier, le réseau Sortir du nucléaire « appelle les autorités françaises à faire preuve de responsabilité »...

Plus d’informations (manif, conférences, concerts, théâtre, cinéma, revue du presse, camping, contacts, ...), sur le site du collectif Fermons Fessenheim et sur celui du réseau Sortir du nucléaire