Littéraire : Un coeur de cuivre...Thierry de Fages

Littéraire : Un coeur de cuivre...Thierry de Fages

La littérature policière finlandaise a le vent en poupe ! Comme Reijo Mäki, Jari Tervo ou Matti Yrjänää, Leena Lehtolainen, née en 1964, est une figure majeure du genre...

UN COEUR DE CUIVRE (Kuparisydän), comme les précédents romans de cette lauréate de plusieurs prix littéraires finlandais, possède tous les ingrédients du polar nordique : psychologique, haletant, un brin poétique !

D’emblée, dans UN COEUR DE CUIVRE, Leena Lehtolainen plante le décor : celui d’Arpikylä, petite ville de Carélie, somnolant dans une torpeur toute provinciale à l’ombre de sa mine de cuivre désaffectée, symbole grisâtre de l’ancienne grandeur du gisement de métal rouge. Pour quelques mois, l’inspectrice Maria Kallio, ayant accepté le poste de chef de police d’Arpikylä revient dans sa ville natale.

Comme souvent dans les romans de l’auteure de MON PREMIER MEURTRE - le premier épisode des aventures de Maria Kallia, tour à tour inspectrice de police ou avocate -, tout démarre de façon plutôt tranquille. Dans LA POISSE, la tonique inspectrice s’infiltrait au sein de la riche bourgeoisie d’Helsinki. Puis, derrière l’apparente tranquillité de ce milieu huppé, la Nestor Burma finlandaise démêlait une sombre affaire mêlant drogue, alcool, conflits familiaux et soirées sadomaso.

Là dans UN COEUR DE CUIVRE, tout débute un été, dans un environnement champêtre de lacs, de maisons en bois, comme une promesse de vacances paisibles. Excepté de menus chapardages et quelques rixes entre Somaliens et skinheads dans l’Est carélien, rien ne semble troubler la routine du commissariat. Maria Kallio est hébergée dans le charmant village de son oncle hospitalisé, fait du jogging dans la campagne, écume ses bières, paresse dans le sauna en compagnie du chat Mikko.

Ce retour dans la mortelle Arpikylä est surtout l’occasion pour l’inspectrice de retrouver ses camarades de lycée et de côtoyer – après une décennie d’absence – les célébrités locales de l’ancienne bourgade minière, proche de la frontière russe mais éloignée de tout. Il y a Johnny et Jaska, anciens copains de bahut et membres de son ancien groupe Mort-aux-rats ; Kaisa, l’ambiguë lanceuse de javelot ; Meritta, une artiste peintre sulfureuse ; Kivinen, bienfaiteur d’Arpikylä, grand orchestrateur du futur musée de la Mine…

Mais rapidement les morts vont se multiplier avec comme cercueil – au centre de tout - la sinistre tour de la Mine. Et Maria Kallio, inlassablement, va scruter tout ce petit univers de petits notables et d’anciens camarades de classe dans une enquête à multiples rebondissements : une broche trouvée à proximité de la tour, des tableaux prémonitoires représentant la mine, une clé, véritable « casse-tête »…

L’écriture fine et méthodique de Leena Lehtolainen - enrobée d’un zeste de poésie boréale – nous fait pénétrer dans une spirale implacable. Qui est l’assassin ? Sont-ils plusieurs ? Un insaisissable fil d’Ariane nous mène finalement dans le décor mythologique de l’ancienne mine, véritable Cœur de cuivre qui abrite le Secret de cette histoire cousue béton !

UN COEUR DE CUIVRE, Leena Lehtolainen, éditions Gaïa, 231 pages, 2009
Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail
Prix : 21 euros

Du même auteur aux éditions Gaïa :

MON PREMIER MEURTRE (2004)
LA POISSE (2006)