Kon Ichikawa, cinéaste pacifiste

Kon Ichikawa, cinéaste pacifiste

« La harpe de Birmanie », chef d’œuvre du cinéma nippon d’après guerre distille une oraison aux vivants de mettre la crosse en l’air et apprendre à chanter en chœur un hymne à la paix.

Ecrit au sortir de la guerre en 1946, « La harpe de Birmanie », adapté du best-seller de Takeyama Michio sous le titre « Biruma no Tategoto » est considéré comme un classique de la littérature nippone. L’auteur narre le récit d’une compagnie japonaise envahissant la Birmanie.

Juillet 1945, cette troupe de l’Armée Impériale japonaise encerclée par les troupes britanniques tente de sauver sa peau. Sous le commandement d’un ancien professeur de musique qui les conduit à travers le pays, la bande armée égrène des mélopées pour dépasser sa peur réelle de la mort.

Atypique, cette troupe adopte les coutumes birmanes et va à la rencontre des habitants. Par leurs chants pacifistes, ces soldats refusent la guerre, soit toutes les formes de violence, alors ils chantent.

La musique devient un pont entre les Japonais, les autochtones et les forces alliées. De surcroît, parmi les soldats, un joueur de harpe à treize cordes birmane est envoyé en mission. Eclaireur, il échoue. Il est porté décédé. Il devient bouddhiste, symbole spirituel nippon.

Kon Ichikawa tresse une intrigue, tragédie humaine, qui lui sert de toile de fond pour crier un message universel de paix et d’humanité – le refus de la violence, donc de la guerre. Dans cette même verve, en premier lieu je pense au récit autobiographique de Wladylaw Szpilman, pianiste professionnel survivant du ghetto de Varsovie qui a inspiré Roman Polanski en 2002. Il constitue un témoignage poignant et bouleversant sur le sort des juifs du ghetto en Pologne. Je pense aussi pour accorder à nouveau les âmes en ré mineur, à la Symphonie Pastorale, un film français de Jean Delannoy, sorti en 1946 (comme « La harpe de Birmanie !), adaptation du roman d’André Gide, publié en 1919.

La thématique : Gertrude, une jeune fille aveugle et orpheline est recueillie par un pasteur. Ce dernier l’emmène écouter cette merveilleuse symphonie qui la transporte au-delà de ses souffrances. La symphonie n°9 de Ludwig von Beethoven, dédié au roi Frédéric Guillaume III de Prusse et son célèbre final chanté sur l’Ode à la joie de Friedrich von Schiller.

Kon Ichikawa quant à lui veut délivrer un vibrant message de paix, une philosophie pacifiste humaniste, un message musical universel. J’espère encore valable aujourd’hui, un cœur qui bât !

La harpe de Birmanie de Kon Ichikawa / DVD 9 : nouveau master restauré / version originale sous titrés en français / format 1,33 respecté – 4/3 / noir et blanc, 111 minutes, 1956, 19,99 euros, août 2009

Préface de Diane Arnaud (12 minutes) + L’histoire d’un soldat (23 minutes) par Claire Akiko Brisset / bande annonce