Une compression, Bilal présente son travail sous cette forme unique et exceptionnelle. Trois films, avec le même univers sombre, où il en extrait trois histoires d’amour, où le dialogue va se retrouver en plusieurs langues. Comme si les deux êtres aimés sont différents, entre l’humain et l’extra-terrestre, un dialogue impossible, mais l’amour en ressort comme le chaînon essentiel, liant les trois films dans cette compression où parfois le son déborde, se double, se décale légèrement.

Enki Bilal s’est lancé dans un exercice assez classique, que l’on peut apparenter entre le « mashup » : un mélange de films qui n’ont pas vraiment de rapport entre eux, mais avec lesquels on construit une histoire d’une séquence à une autre.
De Bunker Palace Hôtel , lié à Tykho moon, et Immortel(ad vitam), Bilal en soustrait les histoires d’amour, les rapports d’une homme et d’une femme, de Carole Bouquet et Trintignant (Bunker Palace Hôtel), de Julie Delpy (Tykho moon), et Linda Hardy – Jill (Immortel). Du premier contact verbal, entre recherche, retrouvailles, fuite, relation sexuelle, au milieu parfois des tirs, de fusillades, de meurtres, Bilal mixe les images, et plus particulièrement la bande sonore, où par exemple, Charlotte Rampling et Linda Hardy sont dans un dialogue, que Bilal qualifie « d’extra-terrestre «  : le dialogue passe du russe au français, en passant par le japonais, l’anglais, le tout dans une même phrase, dans un dialogue. Et ainsi file l’amour, d’une séquence à une autre, entre terre et ciel, jusqu’à la lune, avec une petite symbolique, celle d’un faucon... le Horus de « Immortel » … celui d’un tableau, une sculpture pour un dictateur. Tout l’univers des bandes dessinées de Bilal se retrouvent dans ces 3 films mixés : le côté ville inconnue, presque sembable à celles des pays de l’Est d’où est originaire le réalisateur, la fumée, la brume, le froid, et la poésie de certain dialogue, le côté spleen de Baudelaire et Verlaine.

Bilal n’a rien retouché de l’image des films antérieur Immortel, réalisé en 2004, entre Bunker Palace Hotel (1989) , ou Thykho Moon (1995) : les films issues de divers copies de DVD, n’ont pas subit une nouvelle colorisation, un petit nettoyage. Bilal a fait le choix de laisser son film tel qu’il est, sans retouche, sans rajout , comme Georges Lucas l’avait fait à deux reprises sur Star Wars sur les épisodes IV, V. et VI, ou autres films restaurés à l’occasion d’une sortie DVD, Blue-ray.

Ce film a été montré pour la première fois, à l’occasion d’une exposition à la Vilette, à Paris, et là récemment, vendredi soir, à l’occasion d’une animation lors du festival de la bande dessinée de Sollièsville (avec un musicien DJ en live qui apporte quelques sons et notes de musique supplémentaires en live durant la projection )

Ne cherchez pas ce montage monstre sur le net entre Dailymotion ou Youtube, ou encore en streamming, ni même à la commande en DVD... mais cela viendra ! Enki Bilal prévoit l’ éventuelle sortie d’un coffret regroupant ses trois films, avec le dvd bonus : le Cinemonstre.

CINEMONSTRE – montage expérimental de Enki Bilal