Luc Chatel n’était pas présent à l’Intermarché

Luc Chatel n'était pas présent à l'Intermarché

La controverse n’en finit pas sur l’opération de communication du ministre concernant la baisse des prix sur les fournitures scolaires.

Démarrée lundi en fanfare, avec la visite dans un hypermarché de Villeneuve-le-Roi d’un ministre pour constater la bonne entente entre les grandes surfaces et le gouvernement avant la rentrée des classes, l’affaire tient la rampe une semaine entière avec, en bonus track, les honneurs du New York Times dans la journée de mercredi. Pour ne pas être en reste, Claire Gatinois et Sophie Landrin se livrent samedi à une contre-enquête pour Le Monde.

Bravo Luc Chatel ! Telle est la leçon de communication donnée par le ministre à ses collègues du gouvernement. Des péripéties émaillant une opération à vrai dire assez mal scénarisée, le public en retient que les prix des fournitures scolaires ont baissé de 3% environ sur la liste fournie aux mères de familles par l’administration. N’en déplaise au Journal du Dimanche, qui suit un inspecteur de la répression des fraudes constater "5% d’écart entre étiquettes et facture en caisse", "défaut d’affichage des prix sur une dizaine de produits", et pour finir, "le logo des Essentiels de la rentrée est absent"…

Un communiqué diffusé par l’enseigne reconnaît sa responsabilité dans l’organisation du scénario à Villeneuve-le-Roi : "La direction d’Intermarché a pris l’initiative d’inviter un certain nombre de salariés à l’occasion de la venue des ministres dans l’un de ses magasins. Cette initiative est le seul fait d’Intermarché et en aucun cas ni le ministre ni ses collaborateurs n’y ont été associés ni même informés". Cet aveu n’empêche pas deux journalistes du quotidien de référence de conclure en exprimant un démenti qui pourrait tenir lieu de version officielle à cette entreprise de dénigrement.

Luc Chatel en visite chez Intermarché : une cliente séduite

Dans cette remarquable enquête, laissant de côté des éléments à charge inutiles dans la mesure où tout le monde est réputé les connaître, Claire Gatinois et Sophie Landrin nous apprennent que "les salariés du magasin trouvent un peu bizarre d’imaginer l’organisation d’une mise en scène par le groupe", que le directeur du magasin est "un homme plutôt droit", et qu’"aucun salarié n’aurait voulu être à ce point manipulé". Luc Chatel, qui "condamne fermement le procédé" imputé à Intermarché, peut être rassuré. D’ailleurs, le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, leur a précisé à propos de la conseillère municipale de Vulaines-sur-Seine que "Cette femme ne figure pas dans les fichiers de l’UMP" !

De ce lamentable cafouillage, nous retiendrons donc que Luc Chatel a eu droit mercredi à un article dans le prestigieux New York Times, ce journal resté fameux à cause de ses révélations sur le scandale du Watergate, et peu importe ce qu’il y est écrit à propos de notre homme politique, puisque les Français sont nuls en anglais. Le reste du monde a déjà oublié les éléments de la controverse, et n’a gardé que le visage avenant de deux ministres français déployant des efforts de pédagogie au milieu d’un aréopage d’officiels en costume-cravate. C’est bon pour la France et surtout, pour le tourisme !

Sur ces entrefaites, une question reste posée cependant. Cette visite impromptue à l’Intermarché de Villeneuve-le-Roi a-t-elle vraiment eu lieu, quoi qu’on en dise ? Luc Chatel s’est-il réellement déplacé dans une obscure commune de la banlieue parisienne en plein mois d’août ? De nouvelles révélations devraient suivre.