Pour ses 40 ans Woodstock carbure au libéralisme

Pour ses 40 ans Woodstock carbure au libéralisme

Pour le quarantième anniversaire de Woodstock (15-18 août 1969), l’ampleur des projets commémoratifs et des produits dérivés est en pleine croissance.

Woodstock Ventures, la société qui veille aux droits et à la propriété intellectuels festival de Woodstock, est très courtisée. Ces jours derniers encore plus que d’habitude… du Rhino et Sony vont produire de nouveaux albums des prestations enregistrées il y a 40 ans, et Warner Bros un film original, tandis que les chaînes privées de télévisions sont sur des documentaires, sans compter livres et sites Internet commerciaux, comme celui élaboré par Sony.

"Nous ne sommes pas parfaits", explique Joel Rosenman, un des organisateurs du festival original et aujourd’hui associé aux entreprises liées à la commercialisation de Woodstock. "Il y a quelques petites choses à changer ici et là, mais pour l’essentiel, si nous n’étions pas contents de la façon dont elles s’organisent, nous ne serions pas allés de l’avant". Mais par rapport au grand happening hippy que véhicule le festival dans les mentalités, l’argent semble un acide tellement plus excitant que celui en vogue dans les années soixante.

Ce qui s’est produit au mois d’août 1969 appartient désormais à la culture populaire. Conçu par Joel Rosenman, Michael Lang, John Roberts et Artie Kornfeld dans un contexte de bouleversement social, ce concert de trois jours a eu un impact bien supérieur à l’enceinte de la ferme de Max Yasgur à Bethel, et la constitution de Woodstock Ventures avant le festival a permis de constituer à l’événement un bel héritage, avec une documentation exceptionnelle remise au goût du jour par Warner Bros avec un film et un album tout nouveau.

"Nous ne pouvions pas le prévoir au moment où préparions Woodstock ensemble", reconnaît Joel Rosenman. "Nous n’avons eu aucun budget de production pour nos frais de téléphone, nous avons payé les bandes plus cher qu’elles ne l’avaient jamais été, et pour faire le film, Artie Kornfeld est parvenu à négocier quelque chose deux jours avant l’événement avec la Warner… Mike Wadleigh a dû fouiller ses poches pour le réaliser" !

Un certain nombre de produits liés au quarantième anniversaire sont approuvés par Woodstock Ventures, mais certains ne le sont pas, comme les photographies et les livres d’hommages officieux. "Certains d’entre eux sont chouettes et les autres poussent les marges un peu loin", indique Michael Lang. "Mais c’est extra qu’il y ait cet intérêt, et le sens de ce qui est important est ce que ça signifie vraiment dans le cœur des gens. Les produits, c’est juste des gens qui tentent de profiter de l’intérêt, et c’est OK. Nous sommes une société capitaliste avant tout. Mais ça montre que Woodstock a conservé sa place dans notre culture et notre histoire".

L’idéal de Woodstock a longtemps été la vache à lait de Woodstock. Woodstock Ventures appartient aux familles de Joe Rosenman et de John Roberts, avec à présent un petit pourcentage pour Michael Lang. L’entreprise détient les marques déposées de Woodstock, avec le célèbre logo de la colombe sur une guitare. Si les produits dérivés ont retenu l’attention du consommateur pendant des décennies, la marque n’a pas été exploitée à fond. "Nous ne l’avons pas beaucoup monétisée, pour être honnête", déclare Michael Lang, qui a récemment publié ses mémoires en collaboration avec Holly George-Warren : The Road to Woodstock.

"Vous ne pouvez pas décrire Woodstock comme un pont d’or sur l’arc-en-ciel, il est bien plus l’arc-en-ciel en lui-même". S’il est facile de regarder l’idéalisme des producteurs avec scepticisme, il n’en reste pas moins que Woodstock Ventures conserve un droit de regard sur l’usage de la marque. "Il y a eu des moments dans l’histoire de Woodstock où nous estimons avoir été achetés à peu de frais, mais la plupart du temps nous sommes assez stricts au sujet de la vérification des produits ou de chaque activité susceptible de porter le logo de Woodstock", explique Joe Rosenman.

L’aspect essentiel est selon lui, si l’opportunité d’affaires est compatible avec l’esprit de Woodstock. "Ça paraît un peu bizarre, mais il n’y a en fait pas de manière définitive de considérer que le produit est bon pour nous ou pas qu’une réaction viscérale instantanée", reconnaît-il. "Nous nous faisons confiance à ce sujet parce que nous l’avons fait depuis très longtemps".

La deuxième considération, qui est sûrement en accord avec les idéaux originaux de Woodstock, est la conformité avec la préservation de l’environnement et son impact social. "Est-ce que ceci est un produit vert ? Quel sera son bilan carbone ? Nous sentirions-nous embarrassés de dire que nous avons dépensé de l’argent en développant et en vendant des choses comme celles-ci en 2009 ?", s’interroge Joel Rosenman. "Nous voulons des produits positifs, pour donner un élan à la civilisation et à la communauté".