En direct de l’Alter Tour de France

En direct de l'Alter Tour de France

Supporter inconditionnel de l’Alter Tour 2009, Le Mague n’a pas hésité à mouiller le maillot noir de son envoyé spécial pour accompagner les anti-champions sur l’étape havraise.

Les voilà. La silhouette des alter-cyclistes se dessine dans les champs qui dominent les falaises d’Octeville-sur-Mer. Après avoir visité une ferme marine qui a pris place dans une ancienne base de l’OTAN, les maillots verts de l’Alter Tour se dirigent vers le Potager de la Brière où un copieux déjeuner les attend. La trentaine d’alter-cyclistes a l’estomac dans les talons. À table, autour de quelques verres d’un excellent cidre fermier et de plats très appétissants, la faim n’empêche pas les discussions.

Depuis Besançon, d’où ils sont partis le 4 juillet, ils et elles pédalent pour un monde sans dopage. Il y a du boulot. Dans tous les domaines, le dopage empoisonne nos vies. Dans le sport de compétition, bien sûr, vitrine à grand spectacle du toujours-plus-vite-plus-haut-plus-fort, mais aussi dans l’agriculture, dans l’économie, dans notre quotidien, nous sommes saturés de produits dopants que nous ingurgitons consciemment ou « à l’insu de notre plein gré », comme disait un coureur célèbre.

Cyclotouristes écolos, les animateurs de l’Alter Tour de France n’ont rien de commun avec les robots et les extra-terrestres qui sévissent sur le Tour officiel. La preuve, ils savent aligner deux mots et parler d’autres choses que de vitesse sans placer une seule fois le nom d’une banque, d’une assurance ou d’un groupe de téléphonie. C’est ainsi qu’ils dénoncent avec raison ce système suicidaire qui épuise les terres par l’agriculture intensive, affole la planète financière avec des produits toxiques et rend accro à des appareils potentiellement dangereux comme les téléphones portables.

En bref, avec l’Alter Tour, pédaler c’est résister contre ce soi-disant progrès qui nous tient par la barbichette... Après un état d’euphorie passager (je cours plus vite, j’achète plus grâce au crédit, j’ai de beaux légumes grâce aux engrais, je téléphone et on me téléphone n’importe où…), la facture s’annonce salée pour certains consommateurs effrénés : épuisements, faillites, maladies graves… Fléaux qui menacent au bout du compte toute l’humanité.

Loin de couper les pattes, ce constat alarmant sert de carburant aux alter-cyclistes qui ont enfourché leur machine pour aller défendre leurs idées au Havre. Accompagnés par Jean-Paul Lecoq (député communiste de Seine-Maritime) et des sympathisant-e-s, encouragés par Pierre Dieulafait (conseiller municipal Verts du Havre, cycliste croyant mais non pratiquant), une trentaine de maillots verts, jeunes et moins jeunes venus de diverses régions, ont bravé le vent qui maltraitait les moins endurants en bord de mer… Ici, pas d’échappées ni de fanfaronnades. Le groupe solidaire attend les retardataires. En cas de « panne », pas de « remontant ». Le ou la cycliste peut prendre place dans le car aménagé qui suit le groupe.

La caravane de l’Alter Tour avance à son rythme en autonomie totale. Parfois attendus dans les lieux alternatifs (fermes biologiques, accueils paysans, AMAP…) qui jalonnent le parcours en arc-en-ciel, il arrive aussi que les alter-cyclistes plantent leur tente ici ou là. L’autogestion est le mode de fonctionnement. Chacun-e est invité-e à donner son point de vue et à participer aux tâches du quotidien. Pendant les arrêts, les conférences de presse, les rencontres ou même en pédalant, les discussions peuvent rebondir sur la décroissance, sur le commerce équitable, sur l’habitat alternatif, sur les énergies douces, sur les économies sociales et solidaires…

Si l’Alter Tour fait l’éloge de la lenteur (pour prendre le temps de vivre, de rencontrer les autres, de savourer les bons moments…), il permet de lier très rapidement des contacts avec des gens qui partagent les mêmes valeurs de générosité et d’entraide. « Il y a vraiment un avant et après Alter Tour », nous confia une alter-cycliste venue de Lyon pendant qu’un autre nous doublait avec un bras en l’air. Facétie ? Non, c’est le médecin de l’Alter Tour qui procéde à des « contrôles inopinés anti-dopage ». Muni d’un appareil de mesure, ce toubib traque partout où il passe les champs électro-magnétiques pour tester la quantité de micro-ondes diffusées par les antennes-relais de téléphonie mobile.

Aujourd’hui, l’Alter Tour passe la Seine avec son car et son minibus (une remorque pleine de vélos est à votre disposition si vous voulez faire une étape). Ce soir, vous pouvez vous joindre aux alter-cyclistes dans la ferme pédagogique des Pâtis, à Méry-Corbon. Une conférence sur la cuisson écologique sera donnée en s’appuyant sur l’expérience de fours solaires mis en place au Darfour et au Congo.

La dernière étape de l’Alter Tour 2009 ira rejoindre le Camp Action Climat qui fonctionnera du 3 au 9 août à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Camp autogéré créé pour manifester contre la création d’un aéroport, cette initiative va être le rendez-vous alternatif majeur de l’été. Ce sera le carrefour de nombreuses luttes et résistances.

C’était Paco (cassé par les courbatures) en presque direct de mon VTC sur l’étape havraise de l’Alter Tour 2009. À vous les studios.

Les prochaines étapes, les contacts… sur le site de l’Alter Tour.

Le fonctionnement, le plan et le programme complet (animations, ateliers, spectacles…) proposés dans le Camp Action Climat.