Sarkozy 2012 : Pas trop tôt pour repartir en campagne ?

Sarkozy 2012 : Pas trop tôt pour repartir en campagne ?

C’est officiel : le parti de la majorité présidentielle "va lancer cet automne son propre réseau social, "Les Créateurs de Possibles", pour mobiliser sur la Toile ses adhérents et sympathisants en vue des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2012", ont indiqué à l’Agence France-Presse plusieurs sources UMP.

Déjà mercredi matin, Le Canard enchaîné nous annonce la nouvelle : "Nicolas Sarkozy lance sa campagne présidentielle 2012" titre le palmipède dans son édition du 29 juillet 2009. "La direction de l’UMP a tenu un séminaire, en toute discrétion, mardi 21 juillet, à la Maison de l’Amérique latine pour lancer la campagne présidentielle de Sarko en 2012", lit-on en page deux, là où se trouvent tous les bruits de couloir les plus cocasses, mais dans un article à part. L’AFP, bonne fille, confirme la nouvelle dans la journée.

À une différence près cependant : Nicolas Sarkozy ne s’est pas encore officiellement déclaré candidat, mais qui l’imagine jeter l’éponge au bout du premier mandat ? "Je voulais dire aux Français que ma santé était bonne, que j’avais eu un coup de fatigue et que quand le président a un problème, il est tout à fait normal que les Français en soient informés", a-t-il pourtant expliqué sur le perron de l’Élysée à la sortie du dernier conseil des ministres avant les congés annuels. Évoquant "une panne d’essence", Nicolas Sarkozy a du prendre un peu de recul par rapport à sa volonté d’avancer coûte que coûte.

Connu pour son activisme tous azimuts, Nicolas Sarkozy, qui s’est vu conseiller par les médecins un "repos relatif" après ce malaise survenu lors d’un jogging, a concédé : "Il faut que je me repose". Est-ce bien le moment pour repartir en campagne ? L’année 2009 se révèle assez bonne dans le cru présidentiel. Avec un succès électoral aux élections européennes au printemps, son parti, l’UMP, retrouve quelques couleurs et le goût de vivre. Il reste encore le cap des régionales à passer, aux prises avec une crise économique dont les conséquences ont été d’effacer les promesses de Nicolas Sarkozy sur la revalorisation du travail et du pouvoir d’achat. Mais qui s’en souvient ?

"Depuis sept ans, entre les campagnes électorales, le ministère de l’Intérieur, le ministère des Finances, la présidence de l’UMP, la présidence de la République… certainement que ça a été rude", a-t-il ajouté. "Est-ce que je crains que ça se reproduise ? Je ne suis pas au-dessus des règles physiques, je suis un être humain, j’ai eu un coup de fatigue : est-ce que c’était dû à la déshydratation, à la chaleur, je ne le sais. J’ai couru des milliers de fois comme ça sans qu’il ne se passe quoi que ce soit", a-t-il dit. C’est un homme qui vient faire amende honorable devant ses concitoyens, l’image de son dynamisme écornée. Sommé de mettre un bémol à son activité débordante, est-il opportun pour Nicolas Sarkozy de se préparer en ce moment pour de nouvelles élections ? Bien sûr, l’UMP et l’AFP n’ont rien laissé entendre au sujet de ses intentions pour 2012.

"L’UMP compte lancer en octobre deux sites : le site du parti très largement rénové et un autre, original, pour ratisser large dans l’espoir d’attirer autant de monde qu’un site comme Meetic", raconte Le Canard enchaîné. Après avoir pris la mesure des réseaux sociaux sur Internet avec Facebook, le président de la République "ambitionne aujourd’hui de dépasser l’élève américain et de révolutionner les campagnes électorales sur le Web". Christophe Lambert et Pierre Giacometti sont chargés de la mise en œuvre, et participent à une "cellule élyséenne" chargée notamment de "travailler sur l’image du président, et d’organiser sur Internet un grand réseau d’adhérents mais aussi de sympathisants en vue de la présidentielle de 2012, et avant, des régionales de 2010", selon un responsable de l’UMP.

Le projet, à première vue, a un goût de Désirs d’Avenir remis à celui du jour avec la mode des réseaux sociaux. Les modérateurs de l’UMP vont donc apprendre à se jouer des perturbateurs et des trublions sur Internet, et de leurs attaques bien organisées. L’internaute ne va pas se laisser cantonner au rôle de spectateur de la campagne et risque pour certains de manifester son mécontentement après un premier mandat de 5 ans avec des réformes ininterrompues. Nicolas Sarkozy fait ses premiers pas sur Internet avec Facebook, encore qu’il délègue certainement la gestion de son compte à ses deux collaborateurs. Mais Facebook n’est pas un site approprié à la confrontation des idées, et il ne pourra pas faire l’impasse de la contradiction, même par écran interposé.

Alors Sarkozy 2012, n’est-ce pas un peu trop tôt, ou trop tard pour s’y mettre ? Nicolas Sarkozy, qui vient de tomber en "panne d’essence", qui vient de se voir associé au "trou du cul du Web" par des usagers d’Internet hostiles à son projet de pénaliser le téléchargement illégal, aura tout intérêt à mettre un peu d’huile dans le moteur !