Manuel Valls dément vouloir entrer au gouvernement

Manuel Valls dément vouloir entrer au gouvernement

Une rumeur commence à prendre corps au sujet des ambitions de Manuel Valls. Ses provocations à l’égard des caciques du PS sont-elles un appel du pied à Nicolas Sarkozy pour intégrer le gouvernement ? Son directeur de cabinet dément avec la plus grande fermeté.

Les philippiques estivales qui opposent Manuel Valls à Martine Aubry ont ravi le public, mais font naître aussi des spéculations au sujet des intentions des uns et des autres. Les critiques lancées à l’endroit de la direction du Parti Socialiste, le "dérapage verbal" du député-maire d’Évry devant les caméras de télévision dans sa ville d’Évry au printemps font penser à un retournement de veste dans le plus pur style de l’ouverture. Quelqu’un comme Éric Besson "ne regrette rien" de son choix, et Bernard Kouchner a voté UMP aux dernières élections.

L’idée est né dans certains esprits que Manuel Valls est tenté de prendre le large du PS, lassé de la pusillanimité du parti à se refonder pour aborder les échéances en pensant à la victoire. Christian Gravel, son directeur de cabinet, garde toujours en mémoire la gifle du 21 avril 2002, et rappelle que "ça fait trois fois que le Parti Socialiste n’a pas gagné les élections présidentielles" ! Qu’y a-t-il à espérer en lui désormais ? Quelques ont sauté le pas et n’ont pas l’air de le regretter… Il reste trois où quatre place à prendre au gouvernement, et un poste de Secrétaire d’État offrirait à Manuel Valls une belle opportunité de baliser sa carrière politique de fonctions ministérielles.

La rumeur commence à courir que le député-maire d’Évry a déclaré les hostilités avec les caciques du PS en vue de se faire remarquer par Nicolas Sarkozy, et de lui rendre service en renforçant les lignes de fractures juste avant de passer avec armes et bagages dans la majorité présidentielle. Ça tombe bien, "Nicolas Sarkozy lance sa campagne présidentielle 2012", nous apprend mercredi Le Canard enchaîné ! Le coup de vice de Manuel Valls aurait été mis au point de longue date. Lui parti, que restera-t-il aux militants socialistes qui espèrent encore un esprit rénovateur dans le parti ? "Avoir le courage de tout remettre à plat", nous dit Christian Gravel.

Manuel Valls pourrait ensuite engendrer une brouille au sein du gouvernement à la fin de l’année 2010 en vue de se repositionner à gauche et de revenir devant ses anciens camarades paré d’une expérience ministérielle et prétendre à participer aux primaires du Parti Socialiste avec une chance de gagner. Il ne craint pas de se faire exclure, nous confie son directeur de cabinet. Vraisemblablement, Manuel Valls et ses amis ne pensent pas capable Martine Aubry de sanctionner les critiques, fussent-elles aussi sévères que l’ont été celles qu’il a formulé à l’égard des instances et du programme, des valeurs défendues par les dirigeants. Nombreux sont, parmi les socialistes, qui en ont assez de cette ère glaciaire au seul profit de barons locaux, qui n’offrent aucune perspective.

Mais Manuel Valls n’entend pas se laisser séduire par le chant des sirènes sarkozistes. Christian Gravel dément formellement toute intention de sa part d’entrer au gouvernement, et affirme que Manuel Valls entend poursuivre son travail critique au Parti Socialiste en vue de le rénover. "Le PS n’a pas évolué depuis la chute du mur de Berlin", nous dit-il. "La Gauche a eu du mal à conquérir le pouvoir et à le garder", l’urgence est donc de lui donner les éléments qui lui permettront d’aborder les prochaines échéances dans une bonne posture, et de conserver ensuite cette dernière, afin de ne plus vivre cette expérience des cohabitations qui lui ont accordé un pouvoir en pointillé sous les 14 ans de présidence de François Mitterrand.

Nicolas Sarkozy donc, révèle dans sa dernière édition Le Canard enchaîné, pose les premiers jalons de sa réélection en 2012. "La direction de l’UMP a tenu un séminaire, en toute discrétion, mardi 21 juillet, à la Maison de l’Amérique latine pour lancer la campagne présidentielle de Sarko en 2012". Le temps paraît donc venu de se préparer pour cette échéance électorale qui, de plus en plus avec l’évolution constitutionnelle, détermine l’ensemble de la politique dans le pays. Interrogé à la fin de l’année 2007 par le journal Le MAGue, André Laignel prétendait que deux ans suffiraient pour remettre le parti en ordre de marche. Christian Gravel s’accorde aujourd’hui sur ce point de vue : "C’est jouable en 3 ans, mais il faut se mettre en place maintenant".

Manuel Valls y croit encore, finalement. Il entend poser encore "un regard critique et sévère" sur l’organisation et le discours de son parti, explique son directeur de cabinet, et n’ira pas jouer une carte personnelle avec Nicolas Sarkozy, au sein d’un gouvernement dont quelques postes de secrétaires d’État restent encore à pourvoir.