L’efficacité du Tamiflu® en question

L'efficacité du Tamiflu(r) en question

Alors que le fléau de la grippe A/H1N1 se répand à grande vitesse dans le monde entier, les autorités sanitaires françaises hésitent à prendre des mesures de précautions trop draconiennes. Des sommités médicales s’en tiennent même à préconiser l’administration de paracétamol en lieu et place de l’oséltamivir, ce fameux médicament commercialisé sous le nom de marque Tamiflu®.

Dans Le Journal du Dimanche, le professeur de médecine et député UMP Bernard Debré se gausse de la panique engendrée par la grippe A/H1N1 : "Tout ce que nous faisons ne sert qu’à nous faire peur" ! Il préfère relativiser cette pandémie grippale et souligne que les pouvoirs publics on su raison garder face à ce problème de santé publique : "Les malades, dont on ne vérifie d’ailleurs plus s’ils ont attrapé le H1N1 ou un simple rhume de cerveau, sont désormais invités à prendre du paracétamol".

L’Union Européenne s’attend à une propagation plus rapide de la grippe porcine cet été sur le continent avec les déplacements de millions de personnes pendant les vacances, et prépare des campagnes de vaccinations ciblées durant l’automne. "Un conseil extraordinaire des ministres de l’UE a été convoqué début octobre" pour prendre les dispositions nécessaires, a annoncé le 22 juillet la commissaire à la Santé Androulla Vassiliou au cours d’une conférence de presse.

Apparue fin mars la maladie a été élevée au rang de pandémie le 11 juin dernier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a fait état de plus de 700 morts confirmés la semaine dernière. Le précédent bilan de l’organisation comptabilisait 429 morts le 6 juillet dernier. "Au cours des pandémies dans le passé, il a fallu plus de six mois aux virus grippaux pour se propager aussi largement que ne l’a fait le nouveau virus H1N1 en moins de six semaines", selon l’OMS qui a renoncé à établir un bilan du nombre de patients.

La grippe A/H1N1 "est d’autant plus contagieuse que peu de gens se rendent compte qu’ils sont vraiment malades", explique une internaute qui s’est soignée avec des cachets d’aspirine pendant une semaine. "J’ai passe la journée au travail à avoir des montées de fièvre, un café ou aspirine et elle descend tout aussi rapidement, par contre diarrhée et mal d’estomac étaient de mise". Les nouveaux médicaments anti-viraux sont-ils réellement utiles pour un prompt rétablissement, d’autant plus qu’ils ont des effets secondaires pénibles ?

Le Relenza® et le Tamiflu® permettent de limiter considérablement les symptômes de la grippe mais aussi sa durée et ses complications. Pour être efficaces, ces antiviraux doivent être pris très précocement, c’est-à-dire dès les premiers symptômes de la maladie. Les études montrent qu’un gain de 12 heures dans la prise du médicament réduit de 24 heures la maladie. Dans tous les cas, il faut prendre le médicament dans les 48 heures qui suivent les premiers symptômes. Ils sont cependant déconseillés en cas d’allergie à l’oséltamivir, ne doit pas être administré aux nouveaux-nés et toujours sous contrôle médical.

Pour le groupe pharmaceutique suisse Roche, le Tamiflu® est le médicament miracle : bénéfice net en hausse de 11% à 5,2 milliards de francs suisses au premier semestre 2009 grâce à une explosion des ventes de l’antiviral Tamiflu®, annonce le laboratoire dans un communiqué. Elles ont en effet contribué à hauteur de quatre points de pourcentage à la croissance de la division pharmaceutique, dont les ventes ont progressé de 11% à 19,1 milliards sur la période. La demande en Tamiflu® a explosé sur la période, et particulièrement au deuxième trimestre, de nombreux pays ayant commandé d’importants stocks du médicament pour se préparer à une pandémie de A/H1N1.

En France depuis jeudi dernier, il suffit d’appeler le médecin traitant et non plus le 15, alors que l’épidémie due au nouveau virus A/H1N1 est relativement bénigne et ne se développe encore que de façon limitée en France, selon les autorités sanitaires. "Nous sommes devant un virus qui a une forte capacité de transmission, mais qui reste d’une virulence modérée", a expliqué la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, mercredi dernier devant la presse. "Ce n’est pas l’épidémie de H5N1 que nous redoutions", a-t-elle souligné. Les hôpitaux avec le SAMU se concentrent désormais sur les cas graves et les enfants de moins d’un an.

Les pharmacies délivrent gratuitement, sur ordonnance, des masques chirurgicaux pour les malades, et quand ils seront nécessaires les traitements antiviraux type Tamiflu®, remboursé par la sécurité sociale dans les conditions habituelles, a expliqué Roselyne Bachelot. En réalité à 35%, précise-t-on au ministère de la Santé. "Les stocks de réserves d’antiviraux soit 33 millions de traitements sont réservés au niveau 6 du plan", a rappelé la ministre. C’est seulement à ce moment-là que les antiviraux seront délivrés gratuitement.

Comme le Pr Bernard Debré, les médecins généralistes prescriront certainement du paracétamol, apparemment tout à fait adapté pour soigner tout type de grippe !