14 milliards d’euros de dettes chez Porsche !

14 milliards d'euros de dettes chez Porsche !

Der Spiegel et Focus avancent que les pertes du constructeur automobile Porsche sont beaucoup plus grandes que prévues. La firme de voitures de sports basée à Stuttgart aurait accumulé 14 milliards d’euros de dettes, et son conseil de surveillance fait appel aux banques dans la nuit de jeudi pour éponger cette énorme ardoise.

Selon le magazine Der Spiegel, Josef Ackermann, président de la Deutsche Bank, a personnellement fait part à Wolfgang Porsche de l’urgence de la situation et de la nécessité de procéder rapidement à une augmentation de capital. Selon des sources chez Volkswagen, le chiffre avancé des 14 milliards d’euros aurait joué un rôle dans les négociations avant la réunion du conseil de surveillance de Porsche.

Le porte-parole de Porsche Anton Hunger s’est refusé samedi à confirmer les informations des hebdomadaires : "Je ne peux pas confirmer ce chiffre" ! D’après lui, l’endettement net total de Porsche s’élève à environ 10 milliards d’euros. Le quotidien populaire allemand Bild avait déjà mentionné le 20 juillet un montant de 14 milliards chez Porsche. Le constructeur avait alors formellement démenti les allégations du journal.

Des experts de Volkswagen ont l’intention d’éplucher soigneusement tous les bilans et rapports de Porsche dans les jours qui vont suivre. Le candidat au rachat veut vendre très cher sa peau, un peu moins de 50% des parts se négocieraient au plus tard avant la fin de l’année 2009, et le reste au cours de l’année prochaine. Le président du conseil de Bade-Wurtemberg Günther Oettinger a reproché à Porsche des erreurs de gestion cruciales dans son entêtement à contrôler Volkswagen.

L’attitude de la firme de Stuttgart a donné l’impression qui persiste à Wolfsburg de ne pas construire une stratégie d’ensemble avec Volkswagen. "La façon dont Porsche a investi Wolfsburg n’était pas la bonne", a déclaré à Der Spiegel cet homme politique libéral. "C’est ainsi que se manifestent des réactions de défense, c’est tout à fait humain" ! Le comité d’entreprise de Volkswagen veut, d’après la presse, s’assurer des droits spécifiques du Land de Basse-Saxe et pour le personnel de l’entreprise.

Le responsable du comité d’entreprise Bernd Osterloh a déclaré au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung que les accords qui prévalent chez Volkswagen doivent perdurer dans la nouvelle entreprise née de la fusion avec Porsche, et que toutes les conventions devraient être fixées par écrit d’abord. "Nous avons toujours appliqué les accords dans tous les établissements de Volkswagen, et ça doit rester comme ça". À cet égard, ces conventions vaudront également chez Porsche.

Günther Oettinger ne veut pas encore se prononcer sur le maintien des accords d’entreprise chez Volkswagen, à cause desquels une opération de fusion a déjà échoué. "Ce serait une grossière infraction aux principes de l’économie de marché", dit-il à propos des conventions collectives qui assurent au Land de Basse-Saxe une influence sur Volkswagen. "Dans cette affaire, on n’a pas dit le dernier mot".

La Commission Européenne aurait également le sien à dire. D’après un article du Süddeutsche Zeitung, Bruxelles souhaite examiner à nouveau la légalité des accords d’entreprise chez Volkswagen. Un porte-parole du commissaire au marché intérieur Charlie McCreevy déclare que son autorité doit voir si elle entend poursuivre l’Allemagne pour la deuxième fois devant la Cour Européenne de Justice au sujet des conventions collectives.

Ces accords dérogatoires ont été établis dans les années soixante, en vue de prévenir l’entreprise d’une acquisition hostile par un cartel de sociétés commerciales. Ils assurent au Land de Basse-Saxe un droit de veto sur les questions stratégiques importantes et l’implantation des activités industrielles. La justice européenne les avait déclarés incompatibles avec le droit européen en 2007, parce qu’ils limitent la liberté de mouvement des capitaux.

Le gouvernement fédéral a modifié ces conventions, de sorte qu’il n’est plus nécessaire que d’obtenir une majorité de 80% sur les décisions importantes. De cette façon, le Land de Basse-Saxe conserve une minorité de blocage avec 20% des voix. Porsche s’était assuré d’une majorité de 51% dans les années précédentes, dans le programme qui l’a justement menée dans une situation financière critique. C’est pourquoi le rapport de forces se retourne à présent en sa défaveur.

Porsche devrait ainsi se voir intégré dans le groupe VW ! Les conseils de surveillance ont délibéré jeudi pour une fusion de Porsche et Volkswagen et opté pour une augmentation de capital de 5 milliards d’euros. Mais le président de Porsche Wendelin Wiedeking a été mis à la porte avec le directeur financier Holger Härter à cause de cette initiative. Les sièges laissés vacants devraient être pourvus par Hans Michel Piëch, cousin de Wolfgang Porsche, et Oliver Porsche, un autre parent.