Boris Vian on the Rock et remasterisé !

Boris Vian on the Rock et remasterisé !

Olivia Lancelot et Christophe Bach s’y sont collés sans sushi à « Bison Ravi », alias Boris Vian dans tous ses états : textes, musiques et chansons à Grayan et l’Hôpital, ce mardi 21 juillet. Public hilare, quoique la dimension rock du personnage soit passée à l’as de pique. Dommage et bravo encore !

Boris avait vis-à-vis du rock en cloque, la vision d’une musique appauvrie, simpliste, voir récupérée par les blancs becs Dès 1956 Vernon Sinclair (Boris Vian) avec ses acolytes Henri Cording (Henri Salvador) et Mig Bike (Michel Legrand) vont s’en donner à cœur joie de tourner en dérision et jeter au brouillon les déclinaisons rock à toutes les notes : « Rock-hoquet » (à écouter et swinguer la géniale interprétation de la bande à Ramon Pipin des Au Bonheur des Dames) / « Rock-mitaines » / « Rock and roll-mops » / « Rock à la niche » / « Rock-monsieur » et j’en passe des plus teigneux !

Christophe, sais-tu seulement que tous ces airs débonnaires se jouent à la guitare électrique. Et si je m’abuse, tu avais sur scène une gratte éclectique et même que tu savais en jouer si j’en crois ton toucher. Alors pourquoi cette omission de ces sons récurrents si personnels au répertoire inimitable de Boris Vian ?

Olivia avec tes jolies bouclettes blondes, si je m’abuse tu es une femme ! Certes le célèbre « Fais-moi mal Johnny », tube des donjons pour les sado-masos qui ont les gnons dans la peau, par lequel vous nous avez faussé compagnie, c’était bath, certes ! Mais c’est archi convenu et chébran ! Même, si j’ai beaucoup aimé votre version moderne, style rencontre entre la princesse et le prince Con sort à Disneyland et « L’amour qui fait bling bling.. il a remis sa Rolex…. ».

Sur cette thématique chantée par une gazelle, version femelle qui ne s’en laisse pas affirmer par les mectons, il y aurait pu être et avoir « J’coûte cher » / "L’araignée du soir » / « L’anguille », toutes interprétées par la sexy Magali Noël au regard d’ambre, la veille d’un 31 décembre.

Je sais, je sais, je fais la difficile et connais l’extrême embarras du choix de donner la parole à Boris Vian en chansons, alias Bison Ravi, son anagramme et son second blaze. Votre sélection drastique vous a mené à nous offrir des perles rares comme « De velours et de soie », « A tous les enfants », "Le Régiment des mals aimés", "Quand J’aurai du vent dans mon crâne ", "J’ai pas de regrets"… où Olivia tu as exercé tout ton talent et toi Christophe ta présence musicale.

J’ai adoré votre « J’suis snob » parlé et très smart, vraiment. « Arthur » qui a perdu la boule. La chanson pro civile du « Déserteur » telle que la désignait Boris, vous l’avez mentionnée. Super le slam de son interprétation par Christophe façon Grandcorpsépique. C’était bien vu avec le regard de notre époque et votre propre version des derniers vers pacifistes très proches de ceux de Mouloudji jamais déposés à la Sacem et censurés : « Messieurs qu’on nomme grands / Je vous fais une lettre / S’il faut tuer quelqu’un / Tuez plutôt la guerre… ».

Vous avez repris l’excellente vanne de Boris : « un général, des générés » ! « Je voudrais pas crever » émouvante et Christophe bien vivant qui s’énerve et croche sévère en gueulantes, tant et si bien qu’Olivia doit le calmer.

Vous avez bossé la mise en scène et les enchaînements sans presque aucun moyen scénique à part quelques légers accessoires. Chapeau ! Durant plus d’une heure, on n’a pas vu le temps passé. J’ai sans doute oublié « Le tango des bouchers », « Complainte du progrès », « On n’est pas là pour se faire eng… », « La Java des bombes atomiques » et autres swings encore plus cosmiques.

Sans rancune pour mes critiques, je vous salue bien et vous remercie pour cet agréable moment partagé par tout le public en joie de retrouver Boris, dans le Viantexte d’en avant la zizique perso.