« Vincent Gallo est un minable de la pire espèce »

« Vincent Gallo est un minable de la pire espèce »

« J’adooooore !!! »

Je voudrais prendre la parole ici, clairement, sur ce film qui vient de sortir, et que je suis allé voir, il y a quelques jours déjà. Je vous parle du deuxième film de Vincent Gallo, intitulé « The Brown Bunny ».

Je tiens à en parler, de ce lapin marron, ouvertement car je suis arrivé à une conclusion qui ne changera pas : qu’il n’y a qu’une seule chose à faire, le dénoncer.

J’en ressens la nécessité. L’urgence. J’accuse ouvertement ce film, en tant qu’écrivain, en tant qu’artiste, en tant qu’homme, et tout simplement en tant qu’être humain. Personne ne le fait, je feuillette la presse cette semaine, il n’y a que des louanges en veux-tu en voilà. De partout ça arrive. Certains artistes le soutiennent fermement, comme Claire Denis…

Il semble même que Vincent Gallo à l’heure actuelle, ouais, soit devenu grâce à ce film quelqu’un que l’on considère désormais comme l’un des dernier « résistant », ouais, « artiste victime », ouais, « icône quasi christique », ouais de surplus hué à Cannes (le top du top) … Ouais. Un beau fatras de conneries en chapelets. Et Libération, et Technikart, et Les Inrockuptibles, enfin vous voyez de qui je veux parler, la presse… Tous dans le même sac, tous. Et voilà où l’on en est. En 2004…

Mais le film ? Oui, le film ! Ce dont je veux vous parler. Le film, j’y suis allé. Sans trop d’a priori à vrai dire ; d’autant plus que le premier film de ce mec, « Buffalo 66 », ne m’avait pas déplu. Il y avait des choses dans ce film, de bonnes idées. Sauf qu’à cette époque, on était encore bien loin de ce que je viens d’aller voir il y a une semaine. « The Brown Bunny », c’est simple, pour moi, il n’y a pas d’autre mot, c’est le film le plus gerbant que j’ai jamais vu. Gerbant de connerie, de misogynie, d’égoïsme, de puritanisme et de haine. Vraiment, je le pense, et je pèse mes mots. C’est la régression la plus totale. La plus navrante. Je ne vois pas d’autres films aussi gerbant quand je pense au cinéma. Même les films « pornos-machos » où l’on voit des nanas qui s’en prennent plein la gueule, et Vas-y que je t’éjacule de tous côtés sur la tronche Salope, c’est de la gnognotte. C’est gentil. Je pèse mes mots. Pour moi, Vincent Gallo est un mec de la pire espèce. Un vrai connard.

« J’ai été complètement hypnotisé… »

Le film en question ? L’histoire, je ne vous la raconte pas, il n’y en a pas. Qu’importe, d’ailleurs cela n’est pas ce qui compte. On peut très bien faire d’excellents films, excellents avec des scénarios qui tiennent sur une page. Et celui-ci, apparemment, tenait sur 77 pages… Mais, disons plutôt que pendant une heure et quart, il n’y a rien. Montre en main. Mais quand je dis rien, c’est RIEN. Vincent Gallo qui trace sur la route…, s’arrête dans des motels…, pleure…, seul…, si seul…, se fait passer pour une victime... Ok… Le genre I’m a lonesome cowboy, on connaît.

Rien de bien grave en même temps… Et puis, quelques grands moments uniformisés dans ces premières 75 minutes :
1/De longs travellings américains, paysages défilant derrière le pare brise de sa bagnole tâché de chiures de pigeon (génial non ?) …

2/Une image granuleuse et floue qui se veut artistique (plus moche tu meurs) …
3/Quelques petites rencontres « féminines » croisées sur la route ; on the road again (une jeune fille qui aimerait tant s’échapper de chez ses parents et qu’il laisse en plan, une femme perdue du genre « lost » sur une aire d’autoroute qu’il se met à embrasser doucement puis qu’il laisse comme un vulgaire tas de merde là où elle était, et une jeune prostituée à qui il achète à bouffer pour finir par la jeter de sa bagnole, écœuré) ; rencontres du plus bel effet misogyne… Jusque-là, la forme est juste laide est inintéressante. Se veut arty, monomaniaque, triste (voir mélancolique) et hypnotique alors qu’elle est juste ringarde à mort et nulle. Zéro. Du vide étalé en tartines, au kilomètre. Les cadrages sont plus nuls les uns que les autres. Pas un pour rattraper l’autre. L’image salie et floue est ennuyeuse à souhait.

Voilà pour la forme. Le fond, c’est simple, à ce stade-là du film : il n’y en a pas. C’est vide. Mais même pas d’un vide intéressant. Même pas ça. C’est pauvre. C’est aussi intéressant, et excitant que le film de vos parents en Grèce que vous devez vous farcir à leur retour de vacances. Et puis, dans le genre route qui défile, on a quand même fait très fort chez David Lynch (un tout autre programme côté hypnotisme). Et au niveau paysages déserts et no-dialogue, il y a eu le sublime film de Gus Van Sant, « Gerry », sorti récemment.

« Tu vois, c’est un film sur la solitude… Non ? »

C’est vrai que ça commence plutôt pas mal, « The Brown Bunny », avec une scène de course de motos où la caméra trace des boucles, suivant les bolides dans leur poursuite. Mais très vite on se rend bien compte d’un truc, c’est que la caméra ne fait que suivre une seule moto, la 66, celle de Monsieur Gallo. On y est. Gallo ne sortira pas du champ de vision de sa caméra jusqu’à la fin. Et puis, après la course, vient une scène d’une prétention inouïe !

Vincent Gallo en train de ranger son beau bolide astiqué (il prend soin de sa moto) dans sa remorque, plaqué sur une musique que personne n’a dû reconnaître… Une certaine musique… Mais ça va, on me la fait pas ! J’ai pas encore l’oreille totalement morte. La musique en question, je l’ai tout de suite reconnue, c’est le thème final de « Théorème » de Pier Paolo Pasolini composé par Morricone. C’est vraiment à la fin de « Théorème », quand la vieille servante, Emilia, va s’enterrer sous la terre d’une excavatrice et que de ses yeux se met à couler une fontaine de larmes.

Scène sublime. Il paraît…, Il n’a de cesse de le répéter, Gallo, qu’il est fan de Pasolini… À la bonne heure ! Rien que ce petit détail en dit long sur l’orgueil et la prétention de ce mec. Surtout quand on sait la haine qu’il a envers les homosexuels. J’ai juste envie de lui dire déjà, à peine le film commencé, Eh Vincent, tu savais que Pasolini il était PD et qu’il en est mort ? Connard ! Gallo est homophobe et se revendique homophobe ouvertement. Il ne s’en cache pas, d’ailleurs il le dit, qu’il ne voit pas du tout pourquoi il s’en cacherait.

C’est clair que c’est devenu le truc le plus chic dernièrement, être homophobe, so chic, même chez les PD. Vincent Gallo n’aime pas les PD. Et Pasolini alors, il était quoi ? C’est le comble du comble ! Gallo se prétend être une icône gay (Non mais Vincent tu rêves !), dit que les PD lui tournent toujours autour, le draguent qu’ils ne pensent qu’à une seule chose, à lui sucer la teub, à sa teub qui est si grosse, si sublime, et donc qu’ils sont vraiment immondes et j’en passe. Joli, intéressant ! En fait, Vincent Gallo, n’aime personne. Vincent Gallo n’aime pas les hommes, n’aime pas les homosexuels, n’aime pas les femmes (on le verra dans les dernières minutes du film de façon gerbante et claire), la liste est longue… Il n’aime personne.

Il en est tout simplement incapable. Il ne s’aime que lui. Et sa bite. Et surtout sa bite ! Et sa moto aussi, c’est vrai ; j’allais l’oublier, celle-là (prolongation de sa bite adorée, vieux cliché). Il y a un manque d’amour et une haine profonde, flagrante chez Gallo qui font froid dans le dos. Même quand il essaye de filmer autre chose que lui-même, cela se sent tellement, cela se voit qu’il n’en a rien à foutre et qu’il déteste les gens, et que cela ne l’intéresse pas, que ça en dégouline grave sur l’écran.

« En fait il est tellement underground que son film relève plus de l’art contemporain que du cinéma, vraiment… »

Le personnage qu’il interprète dans le film, évidemment que c’est lui. Et qu’on aille pas me dire le contraire. Il filme ce qu’il est. Il a fait de la compétition de moto pendant de nombreuses années, tout comme le personnage qu’il incarne dans le film.

Il avait un lapin qui s’appelait Daisy. Tout comme le personnage de Chloë Sevigny à la fin du film qui porte ce nom de Daisy. Rien de bien nouveau chez Gallo. Alors que l’on aille pas me dire que le personnage qu’il incarne dans le film est un rôle de fiction, c’est à hurler de rire. Vincent Gallo se permet de traiter Patrice Chéreau de sale pédale en interview. Quand on sait que Gallo était plus ou moins le micheton de William Burroughs dans les années 80, ça la fout mal. Mais de ça, il ne s’en vante pas ! Moi je vais vous dire ce qu’aurait fait un mec comme Pasolini à Vincent Gallo, s’il était encore vivant, il lui aurait craché à la gueule. Quant au pauvre William Burroughs, malgré la grosse teub de Gallo qu’il a dû se prendre dans le fion, il doit se retourner dans sa tombe. Je vous le dis, Vincent Gallo est vraiment un pauvre type pitoyable. C’est exactement cela, il fait pitié.

« Et à la fin il va rejoindre sa dulcinée.. »

Mais venons-en à la polémique du film : les quinze dernières minutes, ou la cerise sur le gâteau. La confrontation « Vincent Gallo-Chloë Sevigny, or The blow job » qui clôt le film en eau de boudin. C’est là que j’ai envie de gerber. Je sais, on dit vomir, ça fait plus poli. Encore, s’il n’y avait eu que les paysages, les chiures de pigeons et lui en train de chouiner dans des chiottes de motels, ça n’aurait été juste qu’un mauvais film de plus. Et y en a pleins des mauvais films. C’est pas ça qui manque. Mais non. Il nous fait patienter pendant 75 minutes interminables, chiantes, pour en arriver à la scène la plus misogyne et moralisante jamais tournée. De même que Gallo est homophobe et qu’il ne s’en cache pas, il ne se cache pas d’être de droite, d’être anti-drogues et pour la fidélité en couple. Les trois piliers du fond de son film, c’est ça. Alors on retrouve Chloë dans la chambre de motel.

Il lui répète qu’elle a tout gâché et qu’il ne veut plus… Mais finit quand même par la désaper entièrement. Il la fout à poil. Et il la fait se ruer sur sa teub, comme si sa teub était un aimant. Lui bien sûr ne fait que sortir sa teub de son pantalon, reste habillé. Et puis, il la traite de tous les noms, de Salope, qu’elle a « sucé tout le monde », Pourquoi m’as-tu fait ça ?, Salope de femme, il le répète. Il la regarde comme une moins que rien, vraiment. Elle, elle a sa bite dans la gueule et elle fait « Mmmm, humhum, yes yes, mmm… ».
Le plan est immonde, avec un vilain reflet violet. Gallo n’a de cesse que de tenir sa bite au garrot de peur qu’elle ne soit pas sublime à la caméra de profil. On ne voit même plus le visage de Chloë, on ne voit que sa teub à lui. Il se branle dans la bouche de Chloë Sevigny comme dans un plat de spaghettis. Vraiment élégant ! Non, c’est immonde. Dégueulasse. Voilà à quoi il la réduit. Le rôle qu’il lui donne… Un collier à bite.

Il lui tient bien fermement la nuque. Sauf qu’il ne faut pas tout confondre. Attention ! Vincent Gallo est tellement minable qu’il n’aurait jamais été capable de tourner cette scène sans que cela soit lui qui soit dans la bouche de la fille. Jamais il n’aurait eu les couilles de filmer un autre mec en train de bander se faisant sucer par Chloë Sevigny. La bite d’un autre mec. Jamais. Il n’a pas de couilles. Il n’a qu’une seule idée en tête, que la chose soit claire une bonne fois pour toutes, c’est de vous montrer enfin à quel point sa bite est grosse. À quel point, il en a une énorme. Et à quel point cette salope de nana ne la mérite même pas. Personne ne la mérite d’ailleurs. Et il n’y a pas une once d’humour dans tout cela. Le spectacle est pathétique et super sérieux.

Bon, il lui éjacule dans la bouche, elle avale. Et là, il écarte Chloë de sa teub contre le mur, la remet bien dans son slip. Et voilà le pire : IL LUI DIT « PUTAIN SALOPE TU M’AS SALIS, JE SUIS SALE MAINTENANT, TU M’A BAISÉ, JE ME SENS SALE, TU LES AS TOUS SUCÉS, SALOPE TU M’AS TRAHI, TU ES SALE »… No comment. Voilà où le film vous mène après 75 longues minutes de chiures de pigeons et de chouinage d’enfant mégalo inintéressant. À quinze minutes de haine pure en gros plan. La misogynie, je ne vois que ça. IL N’Y A QUE DE LA HAINE ET UN HORRIBLE PURITANISME À LA FIN DE CE FILM. Rien d’autre.

N’allez pas chercher midi à quatorze heures. Et comme si ça suffisait pas, on la voit se faire violer, dans une vague séquence de réminiscence. C’est monstrueux. Moi, j’avais honte dans mon siège, dans la salle de cinéma. Ce mec est puant. Son truc, ça veut juste dire noir sur blanc la même chose que le mec qui dit à sa nana : T’as vu comment tu t’es habillée pour sortir ce soir, t’es ma femme, après ça sera pas la peine d’aller chialer si tu te fais violer, Tu l’auras bien cherché, Tu vas voir. Et ça vous trouvez que c’est avoir des couilles, vous trouvez ça bandant. Moi je trouve ça gerbant, humiliant. Sa grosse bite, il peut se la mettre dans le cul. Je le trouve immonde et beauf.

Ce mec est un véritable beauf. J’accuse donc Vincent Gallo très clairement de misogynie digne de la préhistoire, d’un machisme monstrueux, d’horrible conformiste qui prône un retour aux bonnes valeurs, un mec plus que douteux. Ce qui se passe, c’est que son truc marche tellement bien, et que les gens sont tellement cons, et ont surtout tellement peur de se griller, qu’ils lui sucent tous la bite. Rien que l’idée que certaines personnes puissent êtres excités par cette scène me dégoûte au plus haut point. Vincent Gallo, n’est pas un artiste, c’est juste un gros connard mégalo et pathétique à la morale effrayante. Je le classe tout juste à côté de ses meilleurs amis, Monsieur Nixon et Monsieur Bush.

« Partout où il va, il fait tourner les têtes, les filles donneraient tout pour passer une heure avec lui. »

Avec une amie, Liliane Giraudon, nous discutions il y a quelques semaines de si oui ou non nous avions le droit de cracher sur les immondes, de cracher vraiment, avec le mollard et tout. Elle et moi étions en fin de compte d’accords sur le fait que oui, il faut cracher sur les immondes. Vincent Gallo serait devant moi, je n’hésiterais pas une seconde à lui cracher au visage. Je sais bien que cela n’est pas très intelligent. Qu’on ne crache pas à la gueule des gens comme ça. Que c’est un peu de la connerie. Mais face à un mec comme ça, oui je n’hésiterais pas l’ombre d’une seconde à cracher.

Je finirais ce texte en rapportant des propos tenus par Vincent Gallo à propos de Christina Ricci qui jouait dans son premier film « Buffalo 66 ». Il dit : Je lui ai donné le rôle alors qu’elle avait dix kilos de trop. Elle avait des cheveux dégueulasses, aucun style, rien pour elle. Je l’ai rendue belle dans mon film et maintenant quand elle me voit, elle me demande quel est mon nom. Et dit, « Oh c’est vrai on a travaillé ensemble, c’est ça ? »