L’humanité devra bien quitter la Terre un jour !

L'humanité devra bien quitter la Terre un jour !

Les opinions divergent sur la pertinence de la conquête spatiale, au point qu’un certain nombre d’entre nous pense même qu’il s’agit d’un leurre. Trop chère pour peu de résultats, à quoi sert-il d’envoyer des hommes dans l’espace quand les robots s’y débrouillent très bien. Mais l’enjeu n’est pas là.

Pour le citoyen lambda, les dépenses encourues par un grand projet de recherche ou vol habité dans l’espace apparaissent très élevées. Par rapport au budget de grands pays et d’organisations internationales, et par rapport à ce qu’ils dépensent pour d’autres choses, les frais de la science et de l’astronautique deviennent assez négligeables.

Par exemple, avec l’argent versé par la télévision NBC pour les droits de retransmission des Jeux Olympiques l’an dernier, le financement complet du Large Hadron Collider aurait pu être assuré. Les prestations sociales assurées par un pays développé permettraient éventuellement de payer un vol habité sur Mars, soit la bagatelle de 30 milliards d’euros. Chaque grand pays européen pourrait ainsi se permettre de réaliser sa propre mission vers la planète Mars, sans vraiment devoir se creuser la tête, mais leurs priorités ne sont évidemment pas là.

Pour sauver quelques banquiers et réparer leurs conneries, d’énormes quantités d’argent ont très rapidement été lâchées : 700 milliards de dollars rien qu’aux États-Unis… Le coût de 7 programmes Apollo successifs. "Trop cher" n’est alors plus un argument aussi valable pour torpiller les vols spatiaux habités. Peut-on cependant se permettre de telles folies pendant que des enfants meurent de faim dans le monde ? L’argent de la recherche scientifique devrait être dépensé de façon plus pertinente !

La science, la recherche et la formation sont les seules opportunités d’exercer une influence sur le bien-être de l’humanité en favorisant le progrès technique et social. Pour autant, bien peu sont prêts à reconnaître l’importance de la recherche fondamentale dans ceux des sciences. Un certain nombre d’applications ne trouvent leur aboutissement que des dizaines d’années après l’énoncé de leurs principes fondamentaux, ainsi la théorie de la relativité qui fonde l’ensemble de l’astronomie du XXème siècle et la théorie du "Big Bang" originel de l’univers.

Pour autant, la science ne doit pas seulement servir à expliquer des phénomènes, elle doit aussi fasciner et inspirer l’humanité. La science est à cet égard tout aussi précieuse que l’art, la musique ou la littérature. Un tableau de Van Gogh, une chanson de Michael Jackson ou un roman de Paul Auster ne lui apportent rien, sinon une appréhension nouvelle de notre petit univers, ce qu’offre également la conquête spatiale. La diffusion télévisée des premiers pas sur la lune a de cette façon donné au monde entier de nouvelles opportunités de se réaliser.

Les hommes ont une nature de chercheurs et d’explorateurs. S’aventurer sur les sommets de l’Himalaya n’apporte certainement pas plus du point de vue de la science que de mettre le pied sur la lune, ou… de découvrir un nouveau continent. Christophe Colomb ne présente guère plus d’intérêt que Neil Armstrong et Buzz Aldrin ! C’est tellement vrai que les robots pallient très avantageusement à toutes sortes d’obstacles dressés en travers des ambitions humaines sur les sols lunaire ou martien. Et les données qu’ils nous transmettent sont obtenues à moindre coût et sans danger.

Il y a cependant de bonnes raisons pour s’implanter sur la lune. Un poste de recherche scientifique sur notre satellite apporterait énormément en termes d’observations nouvelles, d’expérimentation de la faible gravité. Nous avons aussi des postes habités en Antarctique, et les conditions de vie là-bas sont à peu près aussi difficiles que sur la lune, mais leur utilité n’est pas remise en cause. Les relevés astronomiques que les scientifiques y font pourraient être encore plus performants depuis la lune.

Enfin, les bouleversements écologiques, les catastrophes naturelles et l’augmentation galopante de la population mondiale rendront un jour la migration d’une partie de l’humanité vers d’autres mondes inévitable. Un tel événement peut se passer dans un avenir lointain, mais il pourrait tout aussi bien nous prendre de court… comme la plupart des catastrophes écologiques ou économiques auxquelles l’humanité s’est trouvée confrontée.