Carla à New York : 2 chansons qui coûtent cher

Carla à New York : 2 chansons qui coûtent cher

L’épouse du président de la République a interprété samedi deux chansons au Radio City Music Hall de New York pour servir la cause de la lutte contre le Sida. Quelques détails de la prestation de Carla Bruni-Sarkozy ont échappé à une presse française qui s’est empressée de donner à cet événement un relief qu’il n’a pas eu.

Donné en l’honneur de l’icône de la lutte contre l’apartheid et ancien président de l’Afrique du Sud, ce "Mandela Day" a rassemblé 5.900 spectateurs au Radio City Music Hall de New York samedi soir. Il fallait débourser entre 50 et 1.000 dollars pour écouter une belle brochette d’étoiles chanter, comme Aretha Franklin, Gloria Gaynor, Cindy Lauper et le chanteur sénégalais Baaba Maal. Carla Bruni-Sarkozy a bien voulu faire profiter le public de son talent, mais c’est exceptionnel.

"Je pourrai faire des télévisions", mais pas "de scène parce que je ne peux pas me permettre d’entraîner une infrastructure de sécurité qui, dans mon esprit, est choquante", avait confié l’épouse du président de la République à Libération le 21 juin 2008… En effet, Carla Bruni-Sarkozy a mobilisé une infrastructure invraisemblable pour apparaître cinq minutes sur la scène new-yorkaise, sans même assister à la totalité du concert.

Pour effectuer le voyage Paris-New York avec son mari, Carla Bruni-Sarkozy a pris un avion de ligne. Depuis les polémiques sur le coût de ses déplacements, le président de la République prend le soin depuis quelques mois à utiliser des avions de ligne pour ses déplacements privés afin de ne pas être accusé d’utiliser les fonds publics pour ses propres déplacements. Mais un avion officiel a suivi le couple présidentiel à vide, afin de prévenir toute éventualité de rapatriement en urgence.

Dans son rapport remis cette semaine sur le budget de l’Élysée, la Cour des Comptes a souligné que le recours aux vols commerciaux pour les déplacements personnels du chef de l’État s’avérait plus coûteux que celui de l’avion qu’emploie Nicolas Sarkozy pour ses voyages officiels. Mais rien n’est trop cher pour figurer à l’affiche d’une œuvre de charité dont l’objet est une cause qui tient tellement à cœur à la première dame de France.

"Lorsque vous effectuez des déplacements à titre privé, vous êtes amené à utiliser des lignes commerciales et donc à régler de vos deniers personnels le prix de vos billets et de ceux de votre famille", écrit Philippe Seguin dans le rapport. "Cette banalisation est coûteuse, plus coûteuse que voyager à bord d’un avion officiel de l’Etec (Escadron de transport, d’entraînement et de calibration), car le Président doit être accompagné de six ou sept collaborateurs à bord de l’avion de ligne (groupe de protection, aide de camp, transmetteur…) et un avion de l’Etec le suit quand même pour pouvoir le transporter à tout moment en cas de crise".

Cette débauche de moyens semble d’autant plus choquante que le couple présidentiel n’a pas assisté au concert donné en l’honneur de Nelson Mandela. "Nicolas Sarkozy a paru charmé par le récital de son épouse, applaudissant vigoureusement de son siège au fond de la salle", remarque The Guardian avec un brin d’ironie. "Le couple est parti pour Paris peu après la prestation de Bruni-Sarkozy, ratant Stevie Wonder qui a chanté Happy Birthday to Mandela"… Vachement classe !

Vêtue d’un tailleur pantalon noir, très sobre, la première dame de France a présenté en anglais son plus grand succès comme "une petite chanson française, pas très bien pour danser, mais très bien pour rêver", qu’elle a chantée en duo avec Dave Stewart. Carla Bruni-Sarkozy a ensuite interprété un classique de Bob Dylan : "Blowin in the wind". Elle est "peut-être la première dame de France, mais elle n’avait aucune chance de devenir la première diva de ce concert exubérant", présente The Times, toujours très critique envers les initiatives françaises.

Pour le très conservateur journal anglo-saxon, le choix de cette protest-song est particulièrement malvenu. Il rappelle que sa famille a fui l’Italie à cause des Brigades Rouges, et qu’elle est à présent unie pour le meilleur et pour le pire à un homme politique de droite qui détient en plus les clés du pouvoir dans son pays. À quoi les très fortunés spectateurs ont-ils pu applaudir debout, s’interroge-t-il, après avoir entendu l’ancien mannequin leur demander combien de temps peuvent vivre ces gens-là avant que d’autres soient enfin libres ?