Le Tour de France tue dans la 14ème étape

Le Tour de France tue dans la 14ème étape

Une spectatrice a été tuée samedi par une moto de la garde républicaine avant le passage du Tour de France lors de la 14e étape entre Colmar et Besançon. Ce n’est pas la première fois que des accidents se produisent sur la route du Tour, de même que sur le rallye Paris-Dakar, une autre manifestation sportive proposée par Amaury Sport Organisation.

Cette femme, âgée d’une soixantaine d’années, est morte quasiment sur le coup. Deux autres personnes, une femme de 37 ans et un homme d’une soixantaine d’années, ont été blessées. Elles ont été fauchées par la moto après la collision avec la spectatrice. Ces deux blessés ont été hospitalisés à Mulhouse et "le pronostic vital n’est a priori pas engagé", a déclaré la gendarmerie. L’accident s’est produit à 13H40, au kilomètre 38,5 de l’étape, à l’entrée de Wittelsheim, dans le Haut-Rhin.

Les précédents accidents mortels sur le Tour datent de 2000 et 2002. Un garçonnet âgé de sept ans avait été renversé par un véhicule de la caravane publicitaire, sur la commune de Retjons (Landes), dans l’étape Bazas-Pau. L’enfant, mort sur le coup, avait traversé la route pour rejoindre sa grand-mère. Un accident similaire s’était produit le 14 juillet 2000, lors de l’étape Avignon-Draguignan. Un garçon de 12 ans avait été tué, dans la traversée de la commune de Ginasservis (Var), là encore par un véhicule de la caravane publicitaire.

Suite à ces accidents, les organisateurs du Tour avaient pris des mesures drastiques pour réduire, à peu près d’un tiers, la circulation sur la route de la course qu’emprunte la caravane publicitaire environ deux heures avant les coureurs. La pratique du vélo n’est pas dangereuse en elle-même, quoique génératrice d’accidents de toutes sortes, surtout lorsqu’ils s’inscrivent dans le contexte général du trafic routier. En France, on compte environ 250 décès sur quelque 8.000 accidents par an. 81% d’entre eux ont lieu sans tiers.

Une vigilance accrue s’impose donc dans le cadre d’événements sportifs, où une forte affluence de spectateurs pas toujours très attentifs, ni disciplinés, est à prendre en compte. Les accidents sont causés en général par un manque d’attention, et mettent en jeu l’ensemble des véhicules et du public dans un contexte où l’effervescence et l’enthousiasme l’emportent sur la sécurité. Dans l’histoire de la Grande Boucle, l’accident le plus grave remonte à 1964. Un camion de ravitaillement de la gendarmerie avait heurté un pont du côté du Pont de Couze (Dordogne) et provoqué la mort d’une vingtaine de personnes.

Il arrive également que la malveillance soit la cause d’accidents qui peuvent s’avérer graves, et de grandes manifestations comme le Tour de France soient, pour de multiples raisons, la cible d’initiatives qui peuvent s’avérer criminelles. Lors de la 13ème étape, entre Vittel et Colmar, le coureur espagnol Oscar Freire a reçu un plomb de trois millimètres à la cuisse droite ; son camarade néo-zélandais Julian Dean a été atteint à un doigt. "C’est l’oeuvre d’un pistolet ou d’une arme à air comprimé", a expliqué le procureur, Pascal Schulz, lors d’une conférence de presse.

Selon un coureur, les tirs "pourraient être l’oeuvre de deux jeunes gens de 16 à 17 ans qui se cachaient derrière un arbre", a précisé le magistrat. Une enquête pour violence volontaire avec arme, un délit passible de trois ans de prison et de 45.000 euros d’amende, a été confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Strasbourg. Le parquet de Colmar a pris des réquisitions pour obtenir auprès de France Télévision le film de l’étape courue vendredi. Il a également lancé un appel à témoin auprès de la dizaine de spectateurs qui se trouvaient, selon les coureurs, sur les lieux de l’incident.

La course en elle-même est dangereuse. Les descentes sont parcourues à des vitesses vertigineuses eût égard aux protections dont bénéficient les coureurs et leurs vélos, dont les boyaux sont très étroits. En 1935, Armando Cepeda (Esp) tombe dans un ravin vers Bourg-d’Oisans lors d’une étape du Tour de France. En 1995, Fabio Casartelli (Ita), champion olympique, tombe dans un virage de la descente du Portet d’Aspet au cours de la 15ème étape du Tour de France et meurt quelques heures plus tard. Le sprint final de certaines étapes intermédiaires est également l’occasion de chutes spectaculaires et parfois dramatiques, comme le montre le document vidéo ci-dessus.

Mais la victime la plus célèbre de cette course cycliste demeure Tom Simpson, qui décède le 13 juillet 1967 sur les pentes du Mont Ventoux lors de la 13ème étape du Tour de France 1967. La fatigue, la chaleur étouffante (35°C), l’effort et la privation d’eau (pas de ravitaillement en course), la prise d’amphétamines, dont on retrouve plusieurs tubes dans les poches du maillot sont les facteurs ont provoqué le dépassement des capacités athlétiques du coureur, provoquant une perte de connaissance, puis la mort.