Danse avec Tatiana et Tamara Saphir

Danse avec Tatiana et Tamara Saphir

À deux reprises les 30 juin et 1er juillet, le Bartos est sorti de sa tanière forestière pour se rendre au gymnase de Grayan et l’Hôpital. Et là, il est tombé sur une bande de nanas déjantées, pas loin de treize, des d’jeunes en majorité lycéennes, d’autres encore épanouies. Toutes croquaient la vie, ainsi que Tatiana et Tamara Saphir nos deux adorables chorégraphes et danseuses argentines.

Le Franckos soupire le cave ! Et pourquoi d’abord lorsqu’il est question de danse en général, les mectons se disent : ce ne sont pas nos oignons, ces cons ! Sans aucun doute, leur hémisphère pubère les gratouilles en bas de la ceinture et il ne faut surtout pas perdre la face avec les copains. T’as vu machin, c’est un PD, il danse avec les meufs ! Danseur dans l’imaginaire restreint des boutons en train mais aussi chez leurs parents et grandes mamans, c’est un type efféminé, un minet à la voix aigue, à qui on refilerait sa dose de ciguë, pour qu’il disparaisse pour de bon de notre horizon. Tu te rends compte, un mec capable d’exprimer ses sentiments et ce qu’il ressent, rien qu’avec son corps sans tchatcher. Impossible pour lui de serrer une meuf ! Il sera veuf toute sa vie sans jamais avoir approché de très près une nana. C’est normal, c’est une tantouze.

Même qu’à l’âge adulte, où les grands sont censés pondre des lardons, si un stage danse / théâtre / musique est préconisé dans un certains milieu institutionnel, ne t’étonnes pas si sur vingt personnes, tu trouveras trois caves, style Bartos tout craché, (véridique, c’est lui qui me l’a raconté). Les préjugés ont les poils blancs très longs. Il n’y a qu’en fin de parcours, lors des thés dansants, les papis comptent pour du beurre tellement ils bouffent déjà les pissenlits par la racine. Vous me direz, c’est toujours ça de pris, ils pisseront moins au lit. D’autant, Dame Morale et Maréchal nous voilà, si j’en crois les paroles de la chanson « L’amour sans les dents » : Allez mémé, viens donc au lit / On va s’arranger les restes / Allez mémé viens donc au lit / Avant qu’ils deviennent indigestes (Odeurs : Costric / Ramon Pipin). Tout est toujours question de digestion. Fin de ma lamentable digression. A roté !

Revenons en aux pauvrettes et l’histoire chronologique. Elles vont se farcir la présence du vieux croûton barbu tout fourbu avec ses os perclus durant trois plombes. Je m’installe aux premières loges. Tout le monde se présente et tout le monde a emmené dans ses bagages un Compact disque avec une chanson de son répertoire favori. On s’échauffe les muscles et c’et parti mon quiqui. Les frangines argentines bonnardes et professionnelles animent dans l’espace les déplacements, basés sur trois mouvements qui doivent représenter ce que le corps peut exprimer de la chanson. Ensuite, c’est le jeu de l’entrée et la sortie dans un espace restreint au son de la zizique proposée par Tatiana et Tamara. On voit que les jeunes donzelles se meuvent comme des gazelles. Tu parles Charles, elles pointent toutes plusieurs plombes par semaine à une école de danse !

Le Bartos joue aux osselets et s’économise le soufflet. J’entends déjà le chant du corbillard qui attelle ses chevaux et le croque mort qui en croque pour le Franckos. On a droit au jeu de l’élan de déplacement les uns derrière les autres, avec l’incantation d’une phrase improvisée pour causer de « ma » chanson ! Les sacrés frangines se marrent tant il y de l’humour et du plaisir de vivre chez ces gens-là du Médoc. Après, par groupes de deux à trois, on se raconte sa chanson, son interprète, le contexte. Le Bartos reprend sa respiration. Puis quelques-unes et même le seul mec de l’assistance, à leur façon très personnelle présentent sa chanson. Et c’est là que se révèlent les personnalités. C’est assez dingue, les participantes ont déjà du métier dans les cuissots. La technique n’est qu’une facette. En plus, elles te trouvent de ces trucs assez incroyables pour attirer l’attention. Et ça bouge, et ça parle, et se meut et ça émeut tout l’auditoire bouche béé. Si je m’attendais.

Le Franckos écoute le cœur de son horloge biologique lui compter les secondes qui égrènent les minutes d’ici lesquelles il pourra se sortir de cette situation difficile pour un non initié. Tatiana et Tamara ensuite font part de leurs remarques positives, toujours très justes et d’une observation acérée qui encouragent à se dépasser.

Second jour. Le Bartos mime un mort en état de lévitation dans son page. Je connais la musique et lui siffle à l’oreille pas sourde : c’est l’heure de ton atelier mon choux et pas de quartier, debout les moribonds et vive la danse !

Échauffements divers et étirés. Puis celles qui n’avaient pas encore présenté leur chanson devant le groupe s’en donne à cœur joie. Ensuite, c’est le moment fatidique. Tatiana et Tamrara forment des groupes de deux ou trois personnes qui doivent débattre et élire la chanson qui sera choisie pour être présentée devant les autres. Viens le moment fatidique et gare aux tics. Il n’y a pas de tactique à entreprendre. Le Bartos me désigne son cœur qui flanche comme le coupable à ce compte à rebours. C’est l’IMPRO !

Premier groupe avec accessoires. Un tablier bleu je crois, un grand bâton sculpté et une boule bleue. Ce n’est pas celle de mademoiselle Irma, elle n’est pas transparente. Les trois participantes entrent en scène et jouent des objets, touchent du bois et perdent la boule. Y’en a une qui entonne un espèce de chant qui résonne, on se croirait en Mongolie avec des lutins…. Le second groupe, elles sont deux et une part dans les déclinaisons du son pa, tandis que l’autre essaie de lui ramener la raison à d’autres langages plus audibles. Ce n’est pas gagné. Le troisième, ils sont trois, un Bartos qui part en haut d’une falaise se tremper les neurones, vu du ciel et de la mer et deux demoiselles qui se demandent vraiment ce qu’elles fichent en sa compagnie. Ramon Pipin entonne « Les fadaises d’Étretat », rien qu’au titre, vous pouvez imaginer comme c’est con cette chanson. Gare à la chute, terrible la chute. Enfin, je garde le meilleur pour la fin. Elles sont trois. Deux délurées qui ne parviennent pas à communiquer et au milieu une autre qui lance la balle aux deux autres sans trop de résultat en retour sur une musique que je ne connais pas. Ça ressemble à du folk angliche actuel.

Et ça dure et ça dure cette affaire. Lors de ces scénettes pas très nettes, Tatiana et Tamara pulsent des propositions stimulis et rajoutent une couche d’information pour que lien prenne. Parfois, elles décrètent un arrêt sur image et demande à une personne d’observer et de raconter ce qu’elle voit sur la scène. A la fin, comme toujours avec le sourire et l’œil exercé, les sacrées frangines distillent les remarques optimistes. Puis on discute. Il en ressort, que la mise en danger de cet exercice déroutant est flagrante, mais que tout le monde s’est beaucoup amusé et a pris son pied à jouer, chanter, danser.

Un très grand merci à Tamara et Tatiana pour leur présence agréable et souriante et à toutes les participantes. Quant au Bartos, qu’il aille cuver sa prose !

Un grand merci aussi à Éric Bernard et à toute son équipe des "Grandes Traversées", sans qui rien ne fut possible, merci aussi à la commune de Grayan et l’Hôpital d’avoir accueilli cette joyeuse bande.
La fête continue…. J’espère à l’année prochaine !