"Armstrong a les moyens de gagner le Tour"

"Armstrong a les moyens de gagner le Tour"

Pour Andy Schleck c’est Lance Armstrong le plus fort, à tel point qu’il le craint plus encore que son compagnon Alberto Contador. Il possède la force pour l’emporter dans un duel personnel qu’il mène à l’intérieur de l’équipe Astana, et même pour gagner le Tour de France.

"Armstrong est très, très fort et il est très maigre", s’est ému lundi le plus jeune des frères Schleck, un des concurrents potentiels pour assumer le rôle de leader dans la course cycliste. "Il a les moyens de gagner le Tour, beaucoup de coureurs se focalisent plus sur Contador, mais Armstrong a une bonne carte à jouer".

"S’il a la chance un jour de prendre un peu de temps, il ne la laissera pas", a déclaré Andy Schleck à Limoges en se référant à l’expérience du septuple vainqueur de la grande boucle. "Et alors il sera très difficile de le rattraper". Le grimpeur luxembourgeois de 24 ans n’a pas pu réagir sur Alberto Contador quand celui-ci l’a attaqué vendredi sur la montée finale d’Arcalis, en Andorre, mais ça ne l’empêche pas de penser que le vainqueur de 2007 n’est pas en mesure de prendre la tête de la course.

Avant le départ, Johan Bruyneel a assuré qu’il ne favoriserait ni l’un, ni l’autre, et ne se préoccupait que d’une chose : le succès final d’Astana. Alberto Contador s’est cependant mis en situation favorable en attaquant à l’approche du sommet d’Arcalis lors de la première étape de montagne. C’est désormais à son tour de servir le discours de l’intérêt supérieur de l’équipe alors que Lance Armstrong a critiqué son initiative à mots à peine couverts.

"Il a pris 20 secondes en Andorre mais il ne m’a pas impressionné", a reconnu le leader de l’équipe Saxo Bank. "Il faut voir comment il est dans les Alpes ; avec une seule arrivée en altitude avant le Ventoux, il ne va pas creuser de gros écarts", a fait valoir Andy Schleck à propos de Contador. L’Américain lui semble bien plus redoutable : "J’avais vu Lance Armstrong dans la dernière semaine du Tour d’Italie, il roulait pratiquement avec les meilleurs".

Tout le monde a les yeux rivés sur Alberto Contador et Lance Armstrong en spéculant sur une rivalité que le second prend plaisir à entretenir, twittant sur son portable pendant que le premier doit se farcir une conférence de presse. Ni l’un, ni l’autre, n’a cependant le maillot jaune sur le dos, puisque c’est Rinaldo Nocentini qui le conserve pour le moment. Andy Schleck ajoute que cette rivalité "est plus un truc pour les médias", et qu’il n’en voit pas au sein de l’équipe Astana. Pour lui, les choses vont se jouer dans les Alpes, ce qui est l’avis d’un grand nombre d’observateurs.

"Si j’étais à la place de Contador, j’attaquerais Armstrong demain dans la montée d’Arcalis pour mettre les choses au point et montrer que je suis le leader", a déclaré Bernard Hinault jeudi, avant l’étape des Pyrénées. "Pour moi, Contador est meilleur ; il a remporté ses trois derniers grands Tours", a-t-il ajouté. "Nous ne savons pas ce que vaut Lance Armstrong, nous le saurons demain. Mais pour l’instant, je pense que Contador lui est supérieur". Quatrième du Tour en 1987 et en 1991, Charly Mottet juge l’Espagnol meilleur que l’Américain : "Lance n’a pas les capacités physiques de battre Contador en montagne", a-t-il observé. "À la pédale, Contador est plus fort".

"Je suis le leader de l’équipe", a constaté le coureur espagnol lors de la journée de repos à Limoges lundi. "Si c’était vrai, il n’y aurait pas eu de polémique à Arcalis". À ses yeux aussi, leur rivalité est artificielle et pas vraiment sportive. "C’est surtout l’importance médiatique d’Armstrong qui fait ça", explique-t-il en philosophe. Alberto Contador ne semble même pas craindre une éventuelle attaque de Lance Armstrong dans les Alpes, lors de la dernière semaine : "Si Armstrong attaque, je ne serai pas celui qui ira le chercher, c’est à d’autres de faire ce travail" !

Carlos Sastre n’a pas jugé utile d’attaquer dans les Pyrénées pour tenter de défendre son titre de vainqueur sortant du Tour de France, qu’il sait menacé par la puissance collective montrée par Astana. Avec un contre-la-montre individuel pour entamer le Tour de France à Monaco, puis un chrono par équipes lors de la quatrième étape, la première semaine n’a pas été favorable au grimpeur espagnol. Il occupe la 16e place du classement général à plus de 2’40" d’Alberto Contador et de Lance Armstrong, les deux leaders de la formation kazakhe.

Carlos Sastre a bâti sa victoire dans le Tour 2008 sur une seule étape, celle qu’il a remportée à l’Alpe d’Huez, quatre jours avant l’arrivée à Paris. "En neuf jours, il n’y a pas eu beaucoup de terrain pour attaquer", a-t-il jugé. Dans les Pyrénées, il n’a pas trouvé de terrain favorable et il doit désormais compter sur les Alpes lors de la troisième et dernière semaine. Sera-t-elle suffisante pour lui permettre de se refaire ? "De toute façon, ça va être un Tour compliqué car avec 4 coureurs devant, Astana ne va pas échouer", a prédit Carlos Sastre.

Lance Armstrong n’est pas venu sur le Tour de France pour jouer les touristes ou les préretraités, chacun l’avait prévu avant le départ. Il semble à présent que le champion américain se soit mis en situation pour avoir toutes les cartes en main dès le début de la course. Et il est en mesure de la gagner à nouveau !